11 octobre 2007

Vous avez gagné!

La saga des bulletins chiffrés est terminée et vous avez gagné. Ha-ha-ha...

Imaginez la ministre...

«Eh oui, chers parents. Comme vous savez ce qui est bon pour vos enfants et que leur réussite vous tient à coeur, voici donc des bulletins chiffrés.»

En français, pour la compétence «lire des textes variés», les parents comprennent donc mieux la note 75 % que la côte C. D’accord, mais ne rêvez pas en couleur. On ne vous balancera pas un 78.3% pour cette compétence. Ça serait malhonnête. À moins d’un changement majeur, votre petit chéri aura encore 75% à la prochaine étape (si on évalue encore cette compétence). S’il semble s’améliorer, il aura 85%. C’est plus difficile maintenant que les textes sont plus longs? 65%.Vous comprenez? Y a 65%, 75% et 85%. Castor, nuage et godemichet. Ou si vous préférez : C, B et A.

Mais vous voulez une moyenne? Avec des chiffres, on va vous balancer la moyenne de la classe. Avec les mots, on pourrait dire que le castor est dans les nuages quand il pense à son godemichet. Avec des lettres, on vous donne mieux. On vous donne la normale provinciale. C'est à dire C. C'est mieux qu'un moyenne de classe ça...

Revenons à nos moutons. Nous, on a reçu les directives en réunion et je ne me rase plus depuis pour pouvoir bien en rire dans ma barbe...

Mouton, raser, laine, dos, prof, auto-dérision, barbe, Fidel Castro. Concept hein?

Donc, le peuple veut des chiffres?

On lui explique que le développement d’une compétence, ça ne se mesure pas en chiffre.

Pas grave, le peuple veut des chiffres quand même.

On lui explique que le sommatif, c’est dépassé.

S’en fout! On veut des chiffres!

Oui mais, soyons raisonnables...

NON! On veut des chiffres. C’est-tu assez clair? Des chiffres ou on vote pour le p’tit Dumont!

Les nerfs... Vous voulez des chiffres? Alors, en voilà :

A = 90
B = 80
C = 70
D = 60
E = 50

C’est la directive qu’on a reçue.

Maintenant que vous les avez vos chiffres, on peut parler des vraies affaires?









...

40 commentaires:

bibconfidences a dit…

10-4.

Le professeur masqué a dit…

Les «vraies affaires», ça fait pas mal Paul Arcand, ça!

Anonyme a dit…

Nous n'avions pas de cote E ici... tous nos élèves vont donc passer ! On est brillant sur la Rive-Nord !

Anonyme a dit…

Préparez vous à la prochaine rencontre de parents car vous aurez l'occasion ( ou l'odieux ) de leur expliquer que dorénavant, l'évaluation des élèves sera symbolique. Ainsi en a décidé un collectif de C.P. de la C.S.. Selon eux, la cohérence passe par un barème de notes. À mon avis, elle est passée par l'Assemblée Nationale, s'est retrouvée entre les mains de l'opposition officieuse, a bien failli coûter le pouvoir aux libéraux ( pouvoir/savoir, le choix est clair! )pour finalement atterrir sur nos pupitres. " Que veut le peuple? Des nombres ( les chiffres, c'est notre affaire, les vrais affaires. ¨¨ Tant qu'à faire laisse donc faire... )? Il en aura! ¨. On ne quantifie pas les compétences, on les apprécie, ce sont des indices. Cher parent, je trouve votre enfant remarquable, assuré, acceptable, minimal, préoccupant. Maintenant, voici ses résultats scolaires: ¨puisqu'il réussi tous les examens sans faute, j'estime qu'il mérite 90.¨¨ Pour cent? ¨ ¨Non, 90 c'est comme A. Tout bon !¨. ¨Ahhhhhhh, ben o.k. d'abord! ¨ L'autre, il est dans une catégorie fourre-tout. Puisqu'il n'atteint pas le seuil minimal, ( l'ancien 60% )c'est préoccupant mais pour vous éviter la syncope ( il comprend deux fois sur dix )je lui donne 50. ¨Le parent tout fourré prend sa 50 ben frette, ciboire.¨Voyons parent, ne sois pas si découragé, les notes peuvent être utilisées comme des cotes et toi comme un con. Elles deviennent de simples symboles qui t'aident à comprendre ce qu'est un symbole, cibole. Le symbole, c'est l'élève! Il est livré à lui-même afin de mieux se développer. Nous n'y pouvons plus rien. Quand il aura développé ses compétences, il répondra aux attentes: bilan 90-80-70-60-50, ni plus, ni moins. Il répondra aux attentes de façon marquée, assurée, acceptable, minimale, ou pas du tout. On expliquera au parent prêt à exploser ( pas de joie ) qu'il deviendra un con pétant puis on le placera en attente... d'une prochaine élection.

Anonyme a dit…

Salut PMT!

Je ne sais pas si tu es au courrant, mais l'échelle de conversion est libre pour chacune des écoles... Donc chez-nous, on hésite entre 90, 92 95 ou (entre 88 et 98)... On votera la semaine prochaine. C'est le fun qu'on puisse comparer à la grandeur de la province...

Pour ce qui est des questions sur le bulletins, nous pensons brocher une petite lettre avec le bulletin où il sera écrit:« Pour toute question concernant le fonctionnement du nouveau bulletin contactez madame la ministre aux adresses si dessous...» (Avant, on va se renseigner pour savoir si ça nous coûtera 3 jours...pis on le fera pareil!!!)

Ça serait bien si tout le monde le faisait... La ministre a dit qu'elle serait prête à répondre à toutes les questions... Testons-la!

Prof Malgré Tout a dit…

Prof-juste-en-dessous : Bienvenue!

Martin : Bonne idée les questions à la ministre. Peu importe le choix de l'école, il s'agira d'une échelle de conversion. De lettres déguisées en chiffres.

Le professeur masqué a dit…

Tout ce débat est stérile. Qu'on attribue une lettre, une chiffre ou un petit bonhomme Charest à l'élève, on transmet au parent une appréciation de son jeune.

Et je comprends mal en quoi une compétence peut s'évaluer avec une lettre, mais pas avec un pourcentage. Tous ces indices sont des symboles.

En français, nous évaluons des compétences avec des % depuis des années et il n'y a jamais eu de débat là-dessus.

On ne peut pas se préoccuper davantage de ce que nos jeunes apprennent dans nos écoles et de comment on détermine le mot «réussite»? Moi, qu'une grille de correction m'oblige à donner un C ou un 60% à un élève qui fait une faute par mot, ça m'interpelle davantage.

Prof Malgré Tout a dit…

Prof Masqué:

Je parle du primaire. "Lire des textes variés" par exemple, est une compétence en français. Comment voulez-vous faire la différence entre 74 et 76% dans l'évaluation d'une telle compétence? Au primaire, on ne parle pas de répondre à un questionnaire suite à la lecture d’un texte. On doit avoir une approche beaucoup plus globale et tenir compte de beaucoup de facteurs. Par exemple, l'enfant lit bien, mais ne connaît pas le vocabulaire utilisé.Dans une classe de cinquième, seulement une élève savait ce qu'est un rossignol...

Pour ce qui est d'enlever des points pour les fautes d'orthographe et de déterminer la note ensuite... dites-moi quelle phrase vaut le plus :

1- J'aime le chat. (pas de fautes)

2- L'ornithorinque est l'un de mes animaux favori. (2 fautes)

Qui aura le meilleur résultat et surtout, combien obtiendront-ils en pourcentage pour la compétence «Écrire des textes variés»?

En deuxième année, je mets C (développe selon les attentes) au premier et B (développe au-dessus des attentes) au second.

Soyez indulgent, je ne suis que prof de musique.

Anonyme a dit…

Comme prof de musique, vous cernez rudement bien le problème! Quel bel exemple.

Et dans ma tête à moi, un A signifiait « dépasse les exigences »... donc, euh... 110% ?? B = 100% ? C = Pas 100% ? D = Je n'ai pas pu évaluer, il n'était pas attentif ? Ne faisait pas ce qui était demandé ? Zéro ?

Ce qui importe, c'est d'avoir un système et l'expliquer aux parents. La communication entre l'enseignant et les parents (et l'élève) reste la clé de la compréhension.

Les chiffres ne vont que frustrer les parents, qui vont (peut-être) finalement voi rclair dans le jeu des politiciens qui vont continuer à les prendre pour des cons et rien leur expliquer clairement.

Gooba a dit…

Madame la ministre a dit qu'elle répondrait à toutes les questions? J'ai manqué cette déclaration, mais je trouve l'idée du petit mémo géniale. J'emmène ça à mes collègues dès lundi. Je suis certaines qu'ils vont ADORER. :o)

Anonyme a dit…

Deux élèves peuvent être équivalents sans être pareils. Dans ton exemple plus haut, le premier pourrait avoir 80% parce qu'il ne fait pas de fautes et le second parce qu'il a beaucoup de vocabulaire. La question a se poser est: Qu'est-ce que j'évalue ? Si c'est l'orthographe la note va en conséquence et si c'est l'originalité c'est autre chose. Une fois que tu sais ce que tu évalue, que tu le donnes en chiffres ou en lettres, who cares !!
Pour ce qui est de la différence entre 74 et 76 je suis d'accord mais je suis certain que pour la note B donnée à 2 élèves, tu sais qui a le ''B fort'' et le ''B faible''. Combien valent chacun ?

Anonyme a dit…

Faute de pouvoir, les gouvernements minoritaires tentent de démontrer leur savoir. Savoir-faire, pouvoir faire? Savoir reprendre le pouvoir et vous le faire savoir... Se faire avoir reste à voir? Au revoir!

Prof Malgré Tout a dit…

Benoît : Tu as mis le doigt dessus. Qu'est-ce que j'évalue? Le problème, c'est qu'une compétence, c'est un ensemble de choses.

Dans le meilleur des mondes, on évaluerait une compétence par une cote (lettre) et les savoirs par un pourcentage. Le problème, c'est que les gens qui ont écrit la réforme présument que les "savoirs essentiels " seront assimilés par les enfants lors de tâches dites "concrètes".

Ils se trompent... malheureusement.

Au début, j'étais pro-réforme. C'était avant que je constate sur le terrain que ça ne fonctionne pas hors laboratoire. Auriez-vous oublié? Nous, les profs, n’avons pas compris.

La réforme, ça fonctionne dans un bureau au ministère ou dans une classe pilote de 18 élèves avec un prof et quatre personnes ressources. C'est même génial. Tout est génial dans une classe de 18 élèves avec un prof et quatre personnes ressources. Presque aussi génial que dans un bureau au ministère...

Prof Malgré Tout a dit…

Prof-Juste-en dessous : Héhéhéhé... Tu parles à tes élèves comme ça?

Le professeur masqué a dit…

Cher PMT, votre exemple ne tient malheureusement pas la route. Pour une production écrite, les grilles de correction en français ont plusieurs critères: la structure, les idées, le vocabulaire, l'orthographe, etc.

À cet égard, Benoit a bien expliqué la chose. Tout dépend de ce que l'on évalue et de l'importance relative de chaque critère.

Un des dangers de la réforme, c'est que certains confondent «évaluation d'une compétence» avec évaluation générale et subjective, par exemple. Ce glissment est d'autant plus facile que les critères sont plus flous actuellement qu'il y a quelques années. Les profs manquent de repères. Ils finiront bien par se les donner un jour.

Actuellement, au secondaire, on constate qu'il y a plus que jamais des écarts importants entre des élèves ayant des bulletins pourtant identiques.

Signe des temps: certaines écoles ne retiennent plus les bulletins du primaire pour sélectionner des élèves pour des programmes particuliers. Elles leur préfèrent des tests standardisés.

Anonyme a dit…

Au risque de recevoir un zéro, une roche ou un x (si c'est un bisou, pas de problème. Joue droite ou gauche, c'est beau!)...

Dans la vie, les chiffres sont significatifs. Que ce soit dans un jeu vidéo, une partie de football, un compte en banque, le prix du billet d'autobus ou la valeur comparée des dollars américain et canadien.

Avec des décimales, aussi! Elles donnent de petits buts, à portée de réussite, et ça, ça m'apparait bien significatif aussi. Et avec des tests, ça finit souvent par en donner.

On sait que les chiffres mobilisent aussi une partie importante du cerveau, pas seulement chez les autistes, j'imagine, mais certainement chez certains d'entre eux.

Je trouve sain que les parents aient envie de comprendre et les enfants comprennent très bien aussi ce langage.

Les lettres, c'est comme une carte débit ave laquelle on doit nécessairement retirer des tranches de 20 $.

Les petits oursons, c'est comme une carte de points Air Miles. À léguer aux héritiers, en espérant qu'ils auront un jour la possibilité de traverser toute la grande ville de Montréal grâce à leurs points accumulés.

Quant au nivellement constant vers le bas, c'est une méchante carte de crédit, avec un taux d'intérêt dont on n'a aucune idée.

Et le résultat est...?

Zed (ouep... z, pas fort, hein?) ;-)

Prof Malgré Tout a dit…

Prof masqué : Mais sur le bulletin, c'est la compétence qu'il faut évaluer.

Dans votre grille, vous pouvez mettre une notre précise en pourcentage pour les idées? Est-ce que tous les enseignants donneraient le même pourcentage?

Au primaire, croyez-vous vraiment qu'un enseignant peut avoir une grille si complexe pour les 5 ou 6 matières qu'il doit évaluer? Ça fait environ un quinzaine de compétences par élèves.

Au risque de me répéter, je parle du primaire. Même la tâche (le temps d'enseignement) est très différent pour nous. On ne peut pas comparer.

Mme Prof a dit…

C'est simple : Madame la ministre a mis la charrue devant les boeufs.

Ça semble plutôt clair que la réforme va bientôt tomber. Pour éviter elle aussi de tomber, elle a satisfait la rogne et donner des chiffres... un bulletin de l'ancien régime quoi. Je suis prête à gager que la réforme tombe d'ici 5 ans!

Marie-Claude Désilets a dit…

Je vous donne une idée de ce que sera mon travail avec des pourcentages (ce que je n'arrive pas encore à concevoir).

J'ai cette année 15 groupes en musique par semaine (plus 2 groupes en art dramatique et 2 groupes en enseignement moral) que je vois 1h par semaine.

À la compétence Inventer des pièces musicales, voici mes critères d'évaluation pour une classe de 2e cycle(je n'invente rien ici, cela est écrit noir sur blanc dans le programme)
***********
* Relation entre sa réalisation et la proposition de création
* Utilisation pertinente et variée des éléments du langage musical
* Utilisation pertinente et variée des moyens sonores et des éléments de techniques
* Organisation cohérente des éléments
* Présence d'éléments pertinents dans la description de son expérience de création
************

À ces questions, je me questionne avec l'échelle: toujours, généralement, rarement ou jamais.

Comment évaluer cela avec des poucentages maintenant ? (Pour 385 élèves que je vois en moyenne 8h par étape et pour lesquels j'ai 3 compétences à évaluer). Votre enfant organise de façon cohérente 79,3 (j'ajoute le petit nananne, le point air miles) de ses idées ? Votre enfant est pertinent et varié dans ses moyens sonores 64,8% du temps ? Est-ce réaliste ?

Je n'aurais aucun problème à mettre 87% à l'objectif: L'élève reconnait les notes sur la portée en clé de sol. Même chose pour L'élève fait la différence entre un son aïgu et un son grave à 68%. Pour une compétence, je suis sans doute juste une spécialiste qui ne comprends jamais rien.

Prof Malgré Tout a dit…

Marie-Claude : Est-ce qu'on se connaît?

Le professeur masqué a dit…

Cher PMT,

Nous mélangeons bien des choses dans cette discussion.

Au secondaire, je dois évaluer les textes de mes élèves en écriture avec une grille détaillée qui donne effectivement des points pour la qualité des arguments, par exemple. Pour ce critère, je retrouve plusieurs indicateurs qui me guident dans l'attribution de la note. Je m'intéresse à sa pertinence, à son utilisation rigoureuse, etc.

Le côté rigolo de cette opération est que, pour chacun des critères de cette grille, j'ai une mini-échelle de compétence de quatre ou cinq échelons désignés par des lettres qu'on convertit ensuite en chiffres! On en sort définitivement pas... Vous pouvez consulter cette grille et cette table de conversion aux pages 14 à 17 de ce document (http://www.mels.gouv.qc.ca/DGFJ/de/pdf/flm5_grille03.pdf).

On retrouve également des points pour la clarté du propos, la structure du texte, la qualité de la langue, le vocabulaire, l'orthographe, la syntaxe et la ponctuation. Ces critères sont pondérés diféremment et donnent un résultat sur 100. On mesure donc toutes les composantes d'un texte en tenant compte de plusieurs facteurs. On ne peut parler de correction globale, mais la compétence est évaluée, diront plusieurs, dans sa globalité.

Les enseignants de cinquième secondaire, pas tous mais certains, ont suivi des formations sur savoir comment corriger les textes des élèves. Il existe également des ateliers de formation organisés par le MELS à ce sujet. L'un d'entre eux aura lieu lors du prochain congrès de l'Association québécoise des professeurs de français. Sinon, il est fréquent que les anciens enseignants guident les plus jeunes dans la correction du texte argumentatif. Enfin, des correcteurs du MELS sont parfois sollicités pour corriger les textes préparatoires de jeunes de cinquième secondaire à l'examen de fin d'année, question de s'assurer que ceux-ci sont suffisamment préparés à cette épreuve.

On conviendra que cette grille est complexe et renferme de nombreuses aberrations dont je parlerai une autre fois parce que cela n'est pas pertinent par rapport à notre échange. Cependant, aussi imparfaite soit-elle (et elle l'est!), cette grille évite les débordements d'une trop grande subjectivité avec ses nombreux critères et contraintes. Elle encadre la correction, dirons-nous. Il existera bien sûr des écarts entre différents enseignants, mais ils seront moins marqués que s'ils se livraient à une évaluation plus globale. Encore que des enseignants correctement formés à la correction holistique arrivent sensiblement à la même note. Mais le défaut ici, ce n'est pas que la correction holistique peut parfois sembler floue, mais que les enseignants manquent souvent de formation quant à cette dernière.

Des grilles de correction similaires existent aussi au primaire et au collégial, collégial ou l'approche par compétence existe depuis la réforme Robillard dans les années 90, je crois. Les correcteurs doivent donc prendre en compte de façon spécifique d'une foule de caractéristiques. Mais les enseignants de ces niveaux, pour ce j'en sais, ne reçoivent pas de formation systématique comme ceux du secondaire. Le MELS n'organise pas non plus d'atelier à ce sujet. Peut-être certains conseillers pédagogiques s'assurent-ils de cette formation.

En lecture, puisque vous abordez ce volet, les tests au secondaire referment une floppée de questions qui visent à mesurer divers aspects précis de la maîtrise de cette compétences (vocabulaire, capacité à identifier les éléments de la reprise de l'information, etc.). Ces aspects sont pondérés et forment un résultat sur 100, par exemple. On n'évalue donc pas la compétence en lecture de façon globale, mais on croit l'évaluer dans sa globalité avec divers critères précis.

Les enseignants du primaire ont donc des grilles, des indicateurs et des contraintes à respecter, tout comme ceux du secondaire et du collégial. Certains diront que ce que le nombre de matières qu'ils ont à enseigner est contrebalancé par le nombre d'élèves qu'ils ont dans leur classe. Moi, je préfère éviter ces comparaisons, mais je remarque que, pour les spécialistes au primaire, la situation est tout simplement aberrante! Le nombre d’éléments à évaluer en regard du nombre d’élèves est délirant. Elle l’est tout autant pour les profs d’arts ou de musique au secondaire quand on y pense. Alors, évitons les stériles débats primaire versus secondaire.

Il faut enfin savoir qu'avec la réforme, toutes ces grilles, toutes ces évaluations, toutes ces contraintes ne décident pas de la réussite d'un élève. C'est le fameux bilan de fin de cycle qui est déterminant. Et ce dernier ne peut se réduire à un cumul de ces évaluations. Et c'est là qu'on retrouve le plus grand flou. Et c'est là aussi que les enseignants sont victimes de nombreuses pressions de la part de leur direction qui veulent le moins d'échecs possible dans leur école.

Des chiffres, des lettres, des bonhommes Charest? Moi, je m'en fous, comme je vous l'ai écrit. Je me répète: on ne peut pas se préoccuper davantage de ce que nos jeunes apprennent dans nos écoles et de comment on détermine le mot «réussite»? Moi, qu'une grille de correction m'oblige à donner un C ou un 60% à un élève qui fait une faute par mot, ça m'interpelle davantage. Moi qu'un bilan de fin de cycle fait passer un élève qui écrit une faute par mot, ça me décourage de mon métier.

Un dernier point en terminant: le titre de votre billet (Vous avez gagné!) me donne de l'urticaire. Je pense que personne n'a gagné quoi que ce soit dans ce débat. Actuellement, en éducation, il n'y a que des perdants et ce sont surtout ces élèves à qui l'on ment quant à leur pseudo«réussite» scolaire. La réforme n'a pas tenu beaucoup de ses promesses. L'ancien système n'était pas génial. On devait changer pour mieux. On a différent. Pas plus.

Marie-Claude Désilets a dit…

Prof malgré tout: Peut-être que nous nous déjà vu de face dans l'un des nombreux colloque réservés aux enseignants en arts, mais autrement, je doute que nous nous connaissions de façon autre que via le forum du réseau.

Pour le professeur masqué: Je suis allée consulter le site internet avec votre grille de correction qui date de février 2003. Malheureusement, à cette date, la réforme n'était pas en application au secondaire.

Les enseignants du primaire n'ont malheureusement aucun barême afin de voir où en sont réellement leurs élèves. Pour les épreuves de fin de cycle de l'an dernier, que les enseignants devaient corriger eux-mêmes, un A dans une école pouvait être l'équivalent d'un C dans une autre de la même commission scolaire vu le milieu socio-économique et le nombre d'élève allophone. Dans une formation portant sur les échelons de compétences il y a quelques années, les enseignants n'arrivaient pas à placer un texte donné au même échelon de compétence. Une école plaçait le texte au 3e échelon alors que l'autre au 8e ! Des pourcentages ? Ils seront aussi en fonction de la classe et de l,école. Un 80% dans un milieu ne vaudra pas un 80% dans un autre. Un élève qui change d'école pourrait ainsi passer de 90% en français à 55% dans un autre milieu. Est-ce logique ?

Pour ce qui est de la tâche du primaire et du secondaire, pour un titulaire oui, c'est un équivalent, 6 matières différentes ou 6 groupes, cela arrive au même. Pour un prof d'art par contre cela fait une grosse différence puisqu'une tâche pleine au secondaire est de 6 groupes (à 4 périodes de 75 minutes par 9 jours, soit l'option "classique") alors qu'au primaire elle est de 20 groupes par semaine (à 2 périodes de 60 minutes par cycle de 10 jours)

Le professeur masqué a dit…

Marie-Claude: en effet, cette grille date d'avant la réforme et ne s'applique donc pas aux niveaux concernés.

Cependant, de nouvelles grilles ont été conçues pour le primaire en écriture en français. Un collègue me les a montrées et elles relèvent de l'ère «réforme». Il y a des critères, des échelles, de la conversion et tout et tout. Rien de bien différent de ce dont je traitais.

Un document venant de CS accompagnait le tout et guidait les enseignants.

Prof Malgré Tout a dit…

Prof Masqué :
Désolé pour le titre. Je me moquais des gens qui préfèrent les chiffres aux lettres dans les bulletins du primaire. Pourquoi? Parce qu'ils ont demandé quelque chose d'absurde et c'est ce qu'on leur donne.

Comme on dit : "y a pas de questions niaiseuses, juste des réponses niaiseuses".

Je comprends très bien ce que vous m'expliquez.

"...la clarté du propos, la structure du texte, la qualité de la langue, le vocabulaire..."

Vous pouvez mettre des points là-dessus? Si c'est de un à dix, d'accord. Une plus grande échelle donnerait trop dans le subjectif. J'imagine mal expliquer la différence entre 17 et 18 pour le vocabulaire ou la qualité de la langue... Mais disons qu'avec une échelle de 1 à 10, je ferais preuve de bonne volonté.


Par contre, si je comprends bien, c'est la somme de ces "points" qui donneront un pourcentage et c'est la moyenne de plusieurs de ces pourcentages qui apparaîtra sur le bulletin.

Avec le renouveau pédagogique, on nous a demandé de ne pas évaluer de cette façon. On ne nous a pas dit exactement quoi faire, mais ça, il ne faut pas le faire. C'est ce qu'on sait.

Ben quoi... j'obéis aux ordres.

Le professeur masqué a dit…

Cher PMT: quant à moi, tout le système scolaire est absurde depuis quelque temps et je me retiens de ne pas aller me faire voir ailleurs. Je reste pour les élèves, le lien privilégié qu'on peut avoir avec eux et le rôle déterminant qu'on peut jouer à ce moment de leur vie. Les notes, le bulletin, les programmes... pfff!

Actuellement, j'ai commencé à installer ma bibliothèque de classe au secondaire. Quinze livres casés en une semaine et demie auprès de 95 élèves. Et je n'ai pas vraiment encore pris mon rythme de croisière! Je suis convaincu que cette initiative vaut plus que bien des conneries du MELS.

Allons-y pour votre non-question sur les critères:
- Pertinence, clarté et précision (sujet et arguments): 19, 16, 10 ou 4.
- Organisation stratégique (structure, liens entre les idées, ton, destinataire): 19, 16, 10 ou 4.
-Continuité et progression (liens entre les phrases, utilisation de substituts évitant les répétitions): 9, 8, 7 5 ou 2.
- vocabulaire précis: 5,4,3,2 ou 1.

Vous remarquerez que le MELS a reculé dans le temps et que le concept de 0 n'existe pas, tout comme la perfection, 20 sur 20 par exemple. un texte merveilleux ne pourra avoir que 52 sur 55 tandis qu'une copie épouvantable aura au moins 11.

L'orthographe (20 points) ainsi que la syntaxe et la ponctuation (25 points) sont comptés à raison d'un point ou un demi-point la faute, c'est selon. En fait, c'est plus compliqué que cela: il y en a pour des pages! Alors, j'arrondis les coins.

Le bulletin non-réforme est constitué de l'ensemble de ces pourcentage, contrairement à ce que vous devez faire. Mais on sent le vent venir. Plus d'examen ministériel, plus de correcteurs du MELS. Imaginez: en français, matière obligatoire, on risque de fermer la porte du cégep à des élèves. Mummm. j'ai hâte!

Anonyme a dit…

Voyons mais ça n'a pas de bon sens. L'évaluation n'a plus aucune importance. Plus personne n'a confiance en ça.

En tant que décideur, on ne peut que donner notre avis et si par chance, certaines gens ont confiance en notre verdict et voilà!!! C'est une communication et sans ça, c'est rien!!!

profdemusicmoétou

Prof Malgré Tout a dit…

Bordel! 19, 16, 10 ou 4? Rien entre les deux? Pourquoi pas des cotes?

Quelle galère...

Le professeur masqué a dit…

Et le plus joyeux de l'histoire est que le MELS a procédé à des simulations informatiques pour s'assurer que cette grille ne fasse pas échouer trop d'élèves quand elle a été modifiée à la fin des années 90.

Bref, on a conçu une grille de correction en fonction d'un nombre d'échecs acceptable et non pas en fonction d'une maîtrise acceptable de la langue.

Savoureux?

Anonyme a dit…

C'est trop peu dire que d'affirmer que l'évaluation a perdu à peu près toute crédibilité, et ce, pas seulement dans le domaine de l'éducation.

Les conditions de travail, de plus en plus précaires, dans le domaine de l'éducation aussi, la peur de s'affirmer, de trancher, de la compétition, de tant de choses, finalement, sinon assez typiquement québécoise, du moins bien enracinée ici, fait que peu importe le système d'évaluation, il est ridicule.

Il en sera ainsi tant qu'une réflexion et des changements en profondeur n'auront pas vu le jour. Aussi bien dire que ce n'est pas pour demain.

Cela dit, si un jour de rêve tombait sur le pauvre monde et que celui de l'éducation n'était pas épargné, il faudrait se demander pourquoi les résultats chiffrés sont-ils plus significatifs pour un parent, un enfant, le commun des mortels, pour qui veut s'accrocher à une certaine pertinence, une certaine validation du temps, de l'énergie, de l'effort, des compétences.

Le retour au bulletin chiffré, oui, est une illusion, en ce que ces conditions débiles ne sont guère corrigées. C'est tout à fait vrai.

Cependant, il ne faudrait pas penser que les gens sont idiots en exigeant, souhaitant des chiffres. Il faut comprendre que ça correspond à leur réalité.

Maintenant, il faut que la population plus informée et bien sûr, les enseignants/es, professeurs/es, s'évertuent, encore et encore, à dénoncer les conditions de travail et d'apprentissage aberrantes qui prévalent.

Zed

unautreprof a dit…

Depuis 4 ans, je suis formée pour situer les élèves à des échelons et ce, dans les matières de base (français-lecture, français-écriture et maths.)

J'ai aussi changé 3 fois de formules de bulletin.

À chacune des fois que ça devient clair, on me redemande de changer.

Je suis pour le questionnement, l'évolution. Mais là, je trouve qu'on se fait naiser rare.

En adaptation, malgré le multi-niveaux et les difficultés diverses, on va avoir une moyenne de groupe. On va calculer la moyenne de nos 3 élèves en 2ième (et que l'un soit à peine au début de ses apprentissages de 2ième et que l'autre en soit plutôt au milieu, on ne fera pas la différence), de nos 7 élèves en 3ième, de nos 4 élèves en 5ième et petit coco qui fait de la 1ière lui sera toujours dans la moyenne exactement puisqu'il est le seul dans son niveau.
Bien sûr qu'on va accepter. Chialer à en perdre haleine mais faire nos moutons.

Bienvenue en enseignement.

Prof Malgré Tout a dit…

Autreprof : Je suis devenu enseignant parce que je tripais sur Ionesco. Je suis servi!

C'est absurde les moyennes de classe, mais le peuple, il en veut. Il va te dire que plus tard sur le marché du travail, c'est ça qui compte et plein de conneries dans le genre.

Avec les cotes, on l'avait la moyenne : C. En fait, c'est mieux que la moyenne. C'est la normale, peut importe la classe.

Le professeur masqué a dit…

PMT: tiens, voilà que l'ADQ est d'accord avec vos propos. Comment interpréter cette position?

Prof Malgré Tout a dit…

Huh? L'ADQ??? C't'une joke ou quoi?

Le professeur masqué a dit…

Ça vous en fout une sur la gueule, hein? Il n'y a que les imbéciles qui ne chnagent pas d'idées, dit le proverbe.

Je mets les liens, mais voici un extrait percutant.

L'évaluation des compétences ne se chiffre pas, a expliqué le porte-parole du parti, François Desrochers, député de Mirabel, en conférence de presse.

http://www.cyberpresse.ca/article/20071015/CPACTUALITES/71015109/1026/CPACTUALITES

http://lcn.canoe.ca/lcn/infos/national/archives/2007/10/20071015-123535.html

http://www.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2007/10/20071015-123006.html

Anonyme a dit…

Ce matin dans la salle des profs: (16/10/07)

- As-tu entendu Arcan ce matin. Le sous-ministre Bergevin, il dit que depuis août, il n'y a plus de table de conversion.

- Moi, j'ai entendu la ministre qui disait que les profs peuvent évaluer avec des cotes et que la commission scolaire fera la conversion en nombres.

- Mais cette semaine, la CP nous a dis que nous devions nous pronocer sur une table de conversion...

Cent commentaires.

Le professeur masqué a dit…

Martin: Co-errance: terme employé en éducation et qui signifie «errer à plusieurs».

Prof Malgré Tout a dit…

HAHAHAHA!

Le professeur masqué a dit…

Vous ne la connaissiez pas? Je l'avais sortie à une directrice lors d'une assemblée générale de profs. J'avais cru qu'elle me tuerais devant tout le monde. Vous auriez dû la voir réprimer son sourire.

Ondine et ses yeux a dit…

Hi, hi, Professeur masqué, y'a pas qu'en éducation que votre définition de la cohérence s'applique... Définition si juste et songée... J'adore! ;-)))

Anonyme a dit…

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