26 septembre 2009

Amalgame

Bach aimait bien faire des transcriptions. Je connais même une de ses fugues qu’il a transcrite lui-même pour orgue, pour violon et pour luth. Laquelle est l’originale? C’que vous pouvez être casse-pieds.

De plus, comme il n’y avait pas vraiment de droit d’auteur à cette époque, il n’allait pas se gèner avec les oeuvres de ses contemporains.

Voici un mouvement de concerto pour violon de Vivaldi transcrit par Bach pour orgue et interprété par Alexandre Tharaud au piano.








Ça donne presque du Schubert...



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25 septembre 2009

Change le fusil d'épaule

Dire que je me suis battu pour ça. J’ai fait des pieds et des mains pour pouvoir utiliser le site YouTube en classe. Oui, ce site qu'il fallait banir parce que... ben... vous savez... ou plutôt vous ne savez pas... sur quoi vous allez tomber?

Pfff...

On dirait que la commission scolaire est moins frileuse maintenant. Allez voir les vidéos.






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24 septembre 2009

Drogue?

Drogue : Les écoles ont perdu le contrôle
Sébastien Ménard, Journal de Montréal





Bordel! On avait le contrôle de la dope pis j'ai même pas demandé ma cote...







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22 septembre 2009

Futur (pas si) simple (que ça)

...ou quand le français perd ses plumes.


Hier, un élève de sixième année chantonnait :

Alouette, gentille alouette.
Alouette, je vais te plumer.

Alouette, gentille alouette.
Alouette, je vais te plumer.

Je vais te plumer la tête...

Etc.





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21 septembre 2009

Amiante vs H1N1

À mon école, on ne déconne pas avec la santé et la sécurité au travail. J’ai reçu deux directives dans le même document cette semaine. En voici deux extraits:

Dossier de l’amiante : nous vous demandons de ne plus faire de ménage.

Dossier H1N1 : installer une routine de lavage quotidien des surfaces de travail dans les classes.

Si je comprends bien, je peux choisir si je veux une mort lente ou rapide.




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18 septembre 2009

Moi, dogmatique? Pfff...

J’en ai marre de la réforme. J’ai parfois pris sa défense, car je trouve qu’on tapait dessus pour un oui ou pour un non et qu’on l’accusait d’être coupable de tous les maux de notre système d’éducation. Ce genre d’attitude m’énerve, mais ça n’a jamais fait de moi un partisan. C’est seulement mon côté preux chevalier qui refait surface de temps en temps.

Ni pour, ni contre, je donne des cours de musique dans des conditions difficiles et j’essaie de faire mon possible. C’est réforme, ça?

Voilà!

La première fois qu’on m’a parlé du renouveau pédagogique, c’était dans une grande salle et on devait être une trentaine d’adultes.

J’me suis dit : pourquoi pas?

J’étais jeune et naïf?

La dernière fois que j’ai essayé le renouveau pédagogique, c’était dans une petite salle et on devait être une trentaine d’enfants.

J’me suis dit : ça ne marche pas!

Ils étaient jeunes et naïfs?

Nah... Juste nombreux, faibles et en milieu défavorisé. Trois facteurs qui font que ça ne marche pas. De toute façon, quand t’es pas nombreux, t’es fort et t’es en milieu aisé, n’importe quelle connerie va fonctionner.

Ça, c’était mon premier point. Voici le deuxième:

Lorsqu’un enseignant qui travaille sur le terrain (ça, c’est un prof avec des élèves dans une classe) amène un point négatif à la réforme, il se fait immanquablement répondre : c’est que tu ne comprends pas.

Eille! S’il faut adapter notre enseignement aux enfants, vous ne pourriez pas adapter votre réforme aux pauvres imbéciles que nous sommes pour qu’on puisse comprendre?

Quoi? Je ne comprends pas?

Et le troisième point.

C’est plutôt une intuition. Vous savez, toutes les personnes que je connais qui ont quitté le terrain pour devenir conseiller pédagogique, directeur, ou quelque chose d’innommable au ministère ont quelque chose en commun : ils ne retourneraient pas en arrière.

Donc, si on disait aux gens qui gagnent leur vie sur le dos de l’implantation de la réforme: OK gang! On n’a plus besoin de vous. On laisse tomber la réforme. Vous pouvez retourner enseigner dans de vraies classes à de vraies élèves et tant qu’à faire, enseignez-leur les vraies affaires!

Oups...

Avant la réforme, ce n’est pas trop clair pour moi ce que faisaient les conseillers pédagogique et inutile de me le dire, j’n’en ai absolument rien à cirer, mais depuis le début de cette épopée sans fin, ils essaient de nous la vendre, de nous l’expliquer en nous expliquant qu’on ne comprend pas.

Mais bon, l’important c’est qu’ils me foutent la paix.





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17 septembre 2009

Trois p'tits gars et une pompe

Parfois, les enfants accrochent sur un truc et de décrochent pas. De vrais p’tits pitbulls...

Cet après-midi, j’étais dans une des classes avec lesquelles on adapte La flûte enchantée de Mozart. On était sur le cas des trois garçons. Vous savez, les trois p’tits gars qui se baladent en machine volante et donnent des conseils gratos à qui veut bien les écouter. Il faut qu’on trouve quelque chose d’original, de théâtral pour rendre les rôles un peu plus intéressants.

Ce ne sont pas mes élèves. C’est seulement la deuxième fois que je les rencontre.

PMT : Hey toi, là-bas, avec les craquelins et le fromage artificiel.

L’élève : Huh? Moé?

PMT : Ouais! Tu termines ta bouchée et tu ranges ça. On ne bouffe pas pendant qu’on fait l’écriture.

L’élève : Pourquoi?

PMT : Ça m’énerve et je peux devenir agressif quand je m’énerve.

L’élève : OK!

Quand même sympathique...

Un autre : On n’a pas le droit de manger?

PMT : J’ai dit ça?

L’autre : Oui.

PMT : OK... pas le droit de manger.

Une autre : Mais les pompes, est-ce qu’on a le droit?

PMT : Huh?

L’autre autre : Les pompes pour l’asthme.

PMT : Ah! Bien sûr que tu as le droit. C’est interdit de mourir, alors, pas le choix de tolérer les pompes. Moi-même, j’ai la mienne.

Je leur montre. Eh oui, je suis asthmatique...

PMT (à l’élève précédent) : Tu es asthmatique, toi aussi?

L’élève (offusquée): Moi? Non!

PMT : Mais tu me demandes si tu as le droit de prendre une pompe.

L’élève : Oui.

PMT : ...

L’élève : Je voulais savoir.

PMT : OK. Bon... Alors, qu’est-ce qu’on fait avec les trois p'tits gars. En passant, ça peut être des filles.

Une main se lève.

La main : J’ai une idée! Un idiot, un intelligent et un normal.

PMT : C’est un départ. J’aimerais quand même plus que seulement des traits de caractère. Quelque chose de théâtral, comme par exemple, s’ils parlaient toujours en même temps, mais pas ça, ça m’énerve. Et le normal... C’est un peu ordinaire comme personnage, non?

La main : Ben... Il pourrait avoir une pompe.

PMT : Une pompe pour l’asthme?

Beaucoup d’élèves dans la classe : Ouais! Une pompe! Cool!

PMT : J’vois pas c’qu’il y a de cool à manquer d’air. Quelqu’un voudrait essayer pour que je comprenne?

Ils ne me connaissent pas encore... Ça va venir.

PMT : Sans blague, on ne se moque pas des gens malades... En tout cas, pas dans le projet.

L’élève (tentant de se racheter) : Il pourrait être juste asthmatique, pas de pompe.

PMT : Tu veux dire mort? Malheureusement, c’est tout le temps que nous avions. On passe au prochain appel...

Une autre élève : Ils pourraient être les enfants des trois dames!

PMT : Intéressant, mais on ne fait pas leurs arbres généalogiques. On veut savoir comment ils agissent, leur caractère...

La même : Oh! Ils pourraient être quatre!

Un autre : Ouais! Pourquoi ils sont juste trois?

PMT : Y’en a un qui n’avait pas sa pompe. Il est mort!

Élève au hasard : Heille!

PMT : Sans blague, je crois qu’ils sont trois à cause des voix d’enfants. Les gens de l’opéra vous avaient parlé des types de voix? Des registres ou des tessitures?

Classe : ...

PMT : Il me semble qu’on en avait parlé. La voix la plus aiguë, c’est so...?

Classe : ...

PMT : So...?

Classe : ...

PMT : Soprano. Ensuite y a?

Classe : ...

PMT : Mezzo. C’est la voix moyenne pour les femmes et les enfants. Mezzo. Moyen, au milieu. Et la voix la plus grave?

Classe : ...

PMT : Ça commence par A!

Trois élèves à l’unisson : Asthmatique!






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10 septembre 2009

On va mettre ça au clair!

Peu importe ce que vous allez lire sur internet, que ce soit Wikipedia ou le site d’une importante maison d’opéra, Sarastro n’est pas le père de Pamina.

C’n’est pas son père, ni adoptif, ni biologique. Vous avez bien compris. Il n’est même pas cocu. Il pourrait se l’envoyer autant qu’il veut et on s’en balance... quoiqu’une basse qui s’envoie une soprano, c’est toujours un peu tordu.

La Reine de la Nuit étant la mère de Pamina, si Sarastro était son père, le genre de bitcheries que raconte madame sur monsieur serait digne de ce que les mamans racontent au sujet des papas dans certaines familles éclatées qu’on connait... C'est certain qu'on aimerait ça et que ce serait très d'actualité, mais c'est pas ça pantoute.

Hein? Il l’appelle «ma fille» et elle lui répond «père»? Ouais pis? Vous n’êtes jamais allez au couvent, hein? Bordel, ils sont dans une putain de secte. Une super secte, mais une secte quand même.

Aujourd’hui, j’essayais d’expliquer ça à des érudits. Vous savez ce qu’ils m’ont répondu? Que c’est la Reine de la Nuit et qu’elle ment sûrement à sa fille... Elle ment toujours d'ailleurs. hey! J'la trouve sexy, moi. Que voulez-vous? J’suis juste un petit prof au primaire.

COME ON!!!

Voici le dialogue parlé qui précède le deuxième air de la Reine de la Nuit.

Acte deux, scène huit.

Sous le tonnerre, la Reine sort de la trappe du milieu,
de telle façon qu’elle se tient exactement devant Pamina.

LA REINE DE LA NUIT
Arrière !

PAMINA(se réveille)
O dieux !

MONOSTATOS(recule d’un saut)
O malheur ! si je ne me trompe pas, c’est la déesse de la
nuit. (Reste complètement silencieux.)

PAMINA
Mère ! Mère ! Ma mère ! (Elle lui tombe dans les bras.)

MONOSTATOS
Mère ? Hm ! il faut observer ça de loin.
(Il se glisse dehors.)

LA REINE DE LA NUIT
Remercie la violence avec laquelle on t’a enlevée à moi,
de pouvoir encore me nommer ta mère. Où est le jeune
homme que je t’ai envoyé?

PAMINA
Ah mère, il a été enlevé pour toujours du monde et de
l’humanité. Il s’est dédié aux initiés.

LA REINE DE LA NUIT
Aux initiés ? Malheureuse fille, à présent tu m’es arrachée
pour toujours.

PAMINA
Arrachée? O fuyons, chère mère! Sous ta protection, je
défie tous les dangers.

LA REINE DE LA NUIT
Pr o t e c t i o n? Chère enfant, ta mère ne peut plus te pro-
téger. Avec la mort de ton père, mon pouvoir a été enterré.

PAMINA
Mon père...

LA REINE DE LA NUIT
A transmis délibérément le cercle solaire aux sept auré-
oles; ce puissant cercle solaire, Sarastro le porte sur la
poitrine. Quand j’en ai parlé avec ton père, il m’a dit en
plissant le front :“Femme! ma dernière heure est là, tous
les trésors qui furent miens sont à toi et à ta fille.” “Le
cercle solaire qui embrase tout”, l’interrompis-je brus-
quement, “est destiné aux initiés”, répondit-il : “Sarastro
l’administrera en homme, comme je l’ai fait jusque-là. Et
maintenant pas un mot de plus ; ne recherche pas des
éléments qui sont inaccessibles aux esprits féminins. Ton
devoir est de te laisser guider, avec ta fille, par des
hommes sages.”

PAMINA
Chère mère, il est à conclure de tout cela, sans doute, que
le jeune homme est perdu pour moi, pour toujours.

LA REINE DE LA NUIT
Perdu si, avant que le soleil ne colore la terre, tu ne le per-
suades de fuir par ces voûtes souterraines. La première
lueur du jour décidera s’il est donné à toi ou aux initiés.

PAMINA
Chère mère, ne pourrais-je pas aimer ce jeune homme,
même initié, aussi tendrement que je l’aime à présent ?
Mon père lui-même était allié à ces hommes sages; à
chaque instant il parlait d’eux avec enthousiasme, louait
leur bonté, leur intelligence, leur vertu. Sarastro n’est pas
moins vertueux.

LA REINE DE LA NUIT
Q u’ e n t e n d s- j e? Toi, ma fille, tu pourrais partager les
principes honteux de ces barbares? Aimer un tel homme,
qui pactisant avec mes ennemis mortels, préparerait ma
chute à tout instant ? Vois-tu cette lame? Elle est aigui-
sée pour Sarastro. Tu vas le tuer et me remettre le puis-
sant cercle solaire.

PAMINA
Mais très chère mère !

LA REINE DE LA NUIT
Tais-toi !

Il me semble que c'est assez évident. Et comme je vous aime bien, même les sceptiques, voici le deuxième air, quand elle pogne les nerfs.







C'est la version de Gardiner
Cyndia Sieden, soprano-colorature

No14. Air

L’enfer de la vengeance bouillonne dans mon cœur,
Mort et désespoir, mort et désespoir
M’entourent de leurs flammes!
Si par toi Sarastro n’éprouve pas les souffrances de la mort,
Alors, tu ne seras plus jamais ma fille,
Tu ne seras plus, non, plus jamais ma fille.
Que soient rejetés pour toujours,
Que soient abandonnés pour toujours,
Que soient détruits pour toujours,
Tous les liens de la nature,
Rejetés, abandonnés et détruits,
Tous les liens de la nature,
Si, par ta main, Sarastro n’est pas éliminé!
Ecoute, écoute, écoute, vengeance des dieux!
Ecoute le serment de la mère.
(Elle disparaît.)


R.I.P.





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08 septembre 2009

Ma gang

C’est quand même rigolo un blogue. Au début, c’est qui se passait en classe ou tout simplement dans ma tête qui se retrouvait sur le blogue. J’imagine que c’est la façon de faire habituelle...

Aujourd’hui, c’est le phénomène contraire qui s’est produit avec mes élèves de quatrième année.

Une élève : Ma petite soeur est en première année.

PMT : Oui? Je l’ai sûrement rencontrée. C’est quoi son nom?

L’élève : Ophélie.

Vous devinez la suite... Normalement, je n’ai pas les chants d’Ophélie sur mon disque dur portable, mais comme c’était sur le blogue, pourquoi pas? Je ne croyais vraiment pas que je raconterais un jour Hamlet à une classe de quatrième. Ils ont dévoré. Après tout, c’est un prince qui se fait faire une vacherie par un oncle méchant et y a un fantôme et une amoureuse qui est triste. C’est d’ailleurs surtout d’elle dont on a parlé et du thème de la folie.

Puis ils ont écouté le début de chaque lied et on a parlé d'Ainsi parla Zarathoustra, puis de Shakespeare, de Roméo et Juliette et des personnages qui meurent dans la vraie version, mais qui vivent heureux avec des mioches plein les bras dans la version pour enfants.

Et eux, ils écoutent, ils ressentent... C’est contagieux. Depuis qu’ils sont petits, on peut s’envoyer des mouvements de symphonie au complet ou des airs d’opéra. Mais quand vient le temps de chanter Lean on Me, ça sonne comme I Love Rock N’ Roll de Joan Jet.

L'an passé, on avait écouté le premier mouvement de la cinquième symphonie de Beethoven au complet. Je leur avais expliqué que ce n'était que la première partie. Après l'audition, ils m'ont naîvement demandé : "c'est quoi le reste? ça sonne comment?".

J'suis même capable de distinguer les jumelles identiques. 0% d'erreur depuis la rentrée!


Désolé pour les autres, c'est eux ma gang.

En passant, méchant billet tèteux. J'le referai plus.


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07 septembre 2009

Ophélie

La saga se poursuit : je balance mes disques dans l’ordinateur. Passionnant, hein?

J’en suis à la section classée par interprète, plus particulièrement les disques de Glenn Gould. Disons qu’à une certaine époque, j’étais un fan fini. Maintenant, je trouve que ça manque un peu d’érotisme, quoique dans Bach et Schoenberg, en général, on peut s’en passer.

J’viens de tomber sur un enregistrement que j’avais complètement oublié. Glenn Gould au piano et Elisabeth Schwarzkopf qui s’envoient des lieder de Strauss. C’était assez improbable comme association.

Schwarzkopf, qui est d'ailleurs une des grandes interprètes de Strauss, est plutôt du genre à faire comme c’est écrit sur la partition. Pfff... Faut dire qu’elle a été formée sous l’Allemagne nazie; valait peut-être mieux ne pas trop déconner.

Gould, pour sa part, est du genre à s’approprier la partition. Demandez à Jacques Hétu. Quand Gould a enregistré ses Variations pour piano, on peut dire qu’il a foutu le bordel assez solide bien qu’on pourrait aussi dire qu’il a réorganisé la chose. Peu importe, legato devient staccato et forte devient piano. Jacques Hétu nous en parlait comme du négatif de la photo.

Fascinant, mais quoique sobre, je m’égare.

Donc, Gould et Schwarzkopf ont enregistré sept lieder de Strauss. Le disque que je possède en contient trois, car au moment de sa sortie, Elizabeth refusait qu’on diffuse les quatre autres. J'imagine que ça a dû brasser assez solide dans les répétitions et dans le studio... Maintenant, elle est morte, elle aussi. Je me demande si elle a apporté les enregistrements dans sa tombe.

J’sais pas vous, mais moi, entre deux romans, quand j’n’ai rien à lire, je relis du théâtre et plus souvent qu’autrement, c’est Shakespeare. Curieusement, j’n’en ai pas lu tant que ça. Peut-être une dizaine? Toujours les mêmes... Surtout Macbeth et Hamlet.

Hamlet est la plus fascinante des deux. Le doute persiste toujours : est-il vraiment cinglé ou feint-il pour arriver à ses fins?

Et Ophélie... accident ou suicide?

Y a plein de gens qui vont vous dire qu’Hamlet fait semblant et qu’Ophélie s’est suicidée, mais relisez... C’n’est pas si clair.

Perdu?

Bon... Ophélie, c’est un peu la blonde d’Hamlet, mais elle a peur de lui offrir sa candeur de jeune fille et de se faire planter là après. Faut dire qu’Hamlet lui envoie ce genre de message. Ben quoi... Le roi, son père, est mort de façon tout ce qu’il y a de plus louche, il y a quelques semaines et sa maman a déjà épousé son oncle, le frère de son père.

Besoin d’une pause, Hamlet?

Hamlet ne l’a pas tellement facile. Le spectre de son père lui apparait régulièrement et lui balance sans arrêt qu’il s’est fait empoisonner et qu’Hamlet doit le venger. C’est là qu’on n’est jamais certain si Hamlet a pété un plomb solide ou si c’est une ruse pour que les gens ne se méfient pas de lui. Hamlet se met à agir vraiment bizarrement et sa principale victime est... Ophélie.

Par contre, la maman d’Hamlet, comme elle ne voit pas le spectre et comme elle croit que fiston est un peu disjoncté, elle préfère garder un copain derrière le rideau, question d’être en sécurité.

Comme le type qui se planque n’est pas assez discret et qu’Hamlet est un peu nerveux ses jours-ci, notre héros donne un gros coup d’épée dedans, juste comme ça, au cas où il y aurait un rat.

Ça a fait un drôle de bruit... Comme quelqu’un qui meurt en disant : je me meurs! On se croirait au théâtre.

Huh? Le roi? Son oncle? C’est ce qu’Hamlet se disait aussi : quelle merveilleuse occasion d’empaler beau-papa à l’horizontale et de dire que ce n’est pas sa faute et de devenir roi et de marier maman! Mais comme dans ce temps-là, le gars des vues n’était pas encore né et ne pouvait pas donc pas arranger ça, c’est Polonius qui est tombé drette mort derrière le rideau.

C’est qui ça, Polonius?

Bof... Un personnage secondaire.

Oups...

C’est le papa d’Ophélie!

«Bordel!» de s’exclamer Hamlet.

Vous savez, à cette époque, c’était plus normal qu’aujourd’hui de mourir. Oui, oui. Ceux qui disent que non, c’est qu’ils n’ont jamais lu Shakespeare. C’est quoi le taux de survie dans Macbeth, hein? 10%? Ça tombait comme des mouches!

Alors, comme c’est normal de mourir, pourquoi Ophélie capote comme ça? Bordel, y a pas fait exprès Hamlet!

Bof... Elle est allée prendre un bain dans un ruisseau pas très loin de là, question de se détendre un peu...

J’déconne, mais c’est un freakin chef-d’oeuvre. Y a tellement de ligne d’une simplicité, mais d’une puissance... J’vais le chercher et j’vous en trouve une tout de suite et lâchez-moi le «être ou ne pas être».

Tiens! Juste avant de tuer Polonius, en entretien avec sa mère:

Acte III, Scène IV

Hamlet. -- Me voici, mère! De quoi s’agit-il?

La Reine. -- Hamlet, tu as gravement offensé ton père.

Hamlet. -- Mère, vous avez gravement offensé mon père.

La Reine. -- Allons, allons! votre réponse est le langage d’un extravagant.

Hamlet. -- Tenez, tenez! votre question est le langage d’une coupable.

Etc.

En passant, pour ceux qui ne l’ont pas pogné, quand elle dit «ton père», elle parle de l’oncle d’Hamlet. Ouch! Ça doit fesser...


Y a des choses que la musique peut dire au-delà des mots, alors, pas de traductions aujourd’hui. Le personnage, sa beauté, son drame, la folie.

Les chants d’Ophélie, Richard Strauss

Op.67/1







Op.67/2







Op.67/3













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05 septembre 2009

Enfin, Wolf!

Je classe mes disques compacts en cinq sections : par compositeurs, par interprète, le pop, le jazz et l’ethnique. Je garde espoir de tout balancer ça sur ordinateur un jour et pour y arriver, j’ai commencé par la tablette du haut et je descends.

Hier, j’ai terminé la section des compositeurs (1/3 de mes disques?). Le dernier? Hugo Wolf. Ben non... J’n’ai pas de Xenakis. Shame on me.

À l’époque où Mahler et Strauss utilisent des orchestres de plus en plus gros pour leurs lieder, Hugo Wolf écrivait encore pour voix et piano sans toutefois être à contre-courant.

Prenez pas ça pour du cash, c’est moi qui l’affirme après l,avoir surement entendu il y a une vingtaine d’années dans un de mes rares moments de lucidité. Mes sources? Pfff. La vie est trop courte pour que j’aille vérifier. J’voulais juste profiter d’un moment de sobriété pour pousser un truc qui pourrait passer pour intelligent. Désolé, je ne le referai plus.

Donc, Hugo Wolf, son truc, c’est le lied.


Hugo Wolf
Die ihr schwebet um diese Palmen
Elly Ameling, soprano
Rudolf Jansen, piano






Berceuse sacrée

Vous qui virevoltez
autour des palmiers
Dans la nuit et le vent
Anges du paradis
faites cesser le bruissement des cîmes
Mon enfant dort.

Vous palmiers de Bethléem
dans le vent furieux
Pourquoi vous agitez ainsi ?

Ne bruissez pas ainsi,
courbez vous,
Soyez doux et souples
O cîmes calmez-vous, calmez-vous !
Mon enfant dort:

Le Fils de Dieu
si lourd chargé
de la misère
du monde.
Maintenant qu'il s'endort,
Ses tourments s'apaisent.

O cîmes calmez-vous, calmez-vous !
Mon enfant dort

Et un froid de loup
tombe sur lui
Et je n'ai rien
pour couvrir mon enfant !
O vous, anges du paradis
Qui virevoltez
au vent:
faites cesser le bruissement des cîmes.
Mon enfant dort.


J’ai piqué la traduction ici : http://www.recmusic.org/lieder/get_text.html?TextId=49721






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04 septembre 2009

Moi, profanateur.

Ça fait maintenant six ans qu’on adapte des opéras avec les enfants. Le principe est assez simple. On commence par faire découvrir un opéra à quatre classes d’écoles différentes du troisième cycle du primaire. Ensuite, avec eux, je réécris l’histoire pour en faire une pièce de théâtre dans laquelle il y aura beaucoup de musique, de chant et de danse.

En gros, on s’arrange pour qu’il y ait 16 personnages qui auront un temps de scène assez semblable et on enlève le côté souvent trop trash dans le genre «j’aime la femme de mon meilleur ami, donc je dois le tuer pour me rendre compte que c’est en réalité ma mère, mais je la marie quand même ». Mais attention, il ne faut pas trop s’éloigner de l’opéra. Ça, c’est un bout difficile, parce que les élèves (et certains profs) oublient assez vite le livret original. En bref, j’suis le gros méchant qui explique pourquoi on ne peut pas prendre toutes les idées et pourquoi Roméo et Juliette, il faut qu’ils s’aiment sinon ils ne seront plus Roméo et Juliette.

On essaie aussi de tendre vers huit rôles féminins et huit rôles masculins et de ne pas faire un casting trop serré car il y aura deux distributions. En effet, on donne six représentations en deux jours devant environ 3000 personnes? J’suis jamais certain des chiffres, mais c’est exigeant pour les enfants. Deux distributions pour les comédiens et les danseurs. Par contre, le choeur et les musiciens se tapent tous les spectacles.

Yep... C’est moi qui écris l’histoire avec les kids. En passant, j’ai les qualifications légales pour enseigner l’art dramatique (pour ce que ça vaut). Par contre, y a un metteur en scène, un formateur en chant, un chorégraphe, des formateurs pour les décors et accessoires. Moi, après l’écriture (et pendant...), je fais les arrangements, je forme les musiciens et je suis le chef d’orchestre.

Jusque-là, ça va. C’est certain qu’on ne peut pas faire plaisir à tout le monde, mais disons que je commence à être habitué à la critique qui de toute façon, a souvent raison. Les conditions de création et les contraintes étant ce qu’elles sont, j’essaie de ne pas tout prendre personnel.

Ah oui! Avant qu’on intègre l’opéra, on faisait le même genre de spectacle. J’en suis à ma neuvième saison, déjà.

Mais je pense que le plus compliqué, c’est les putains d’arrangements. La moitié de la musique du spectacle vient de mélodies composées par mes charmants élèves. Je fais les arrangements, mais j’essaie de les consulter le plus possible. Comme ça, ils ne chialent pas que ce n’est pas bon après. Pfff. L’autre moitié, ce sont des extraits de l’opéra que j’adapte pour les besoins et les capacités du spectacle : une poignée de musiciens débutants de 10 à 12 ans. À l’exception des quatre de mon école, ils n’ont jamais suivi de cours de musique. Ils joueront sur des claviers Yamaha bas de gamme et des percussions. On commence à la mi-janvier et les représentations sont en mai. Une répétition par semaine...

En général, les tounes des élèves sont faciles à monter. Les trucs de l’opéra par contre... ouch!

Et là... c’est Mozart. Bordel! Quand c’est Purcell, Verdi, Bizet, Haydn, whatever, y a toujours moyen d’enlever une note par-ci par-là, de changer le rythme, d’ajouter des percussions. J’ai déjà mis quelques extraits de ces arrangements sur le blogue. Ce n’est pas génial, mais ça marche. Ça sert le spectacle et surtout, c’est faisable. Mais là... Mozart. Tu enlèves une mesure (qui en plus sur papier à l’air d’être en trop) et y a un trou. Le seul moyen de le reboucher, c’est de remettre ce que tu as pris. Bordel! Une note de moins et ça devient poche. J'ai même essayé ma botte secrète qui fonctionne comme un charme avec plein de compositeur : enlève des notes et grimpe le tempo. Pfff. Peu importe ce que je fais, c’est toujours un gâchis, même la version Teletubbies sur l'acide ou je ne change presque rien dans ce que je laisse. Vous voulez l'entendre? C'est d'une connerie. Même pas un arrangement, une connerie j'vous dis. Un geste désespéré. Des notes garrochées dans un logiciel en espérant un miracle. J'crois pas vraiment aux miracles, vous? Nah... Je me sens comme un profanateur. Je suis un profanateur! Je n'aurais jamais dû toucher à SA musique, car je suis indigne de Lui.

Je sais... Y a des gens qui jouent le rondo à la turque en bip bop et c’est bon. Y a plein d’exemples. Mais rendre les choses plus difficiles, ce n’est pas une option dans ma situation et je ne peux pas puiser partout dans Son répertoire. Il faut que ce soit dans La flûte enchantée. J’ai bossé comme un con sur l’ouverture aujourd’hui et il faut que je me rende à l’évidence : j’n’arrive pas à simplifier cette putain de musique sans la ridiculiser, la profaner.

Bordel... Je sais que c’est dans ma tête, mais j’ai sincèrement le sentiment d’être indigne de Lui. Même ma fille qui vient d’avoir un an le sent. J’lui balance n’importe quelle connerie écrite par Lui et elle est transfigurée. Mais le pire, c’est qu’elle sait : Papa n’est qu’une merde comparativement à Lui. Yep... Une merde. Maintenant qu'elle se tape les concertos pour piano en bouffant ses céréales, j'ne peux même plus l'endormir en lui chantant du Cohen à la guitare. Ça ne marche plus...

Pfff... Au moins, avec Fiston, c’est simple. Il n’aime pas Mozart. Il me l’a dit: "je n'aime pas cette musique là, Papa". Voilà une phrase complète et un message clair. C’est un bon fils, lui. Il aime les Variations Goldberg dans la version pour trio à cordes et Metallica. Ah oui... Il aime aussi «Sur la grève en feu» dans Les pêcheurs de perles de Bizet.

Un brave petit.






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02 septembre 2009

Le festival de l'amiante. Deuxième édition

N'oubliez pas que tous nos produits à base d'amiante sont garantis à vie!



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Le festival de l'amiante

Vous savez, l’amiante dans les écoles, ce n’est pas vraiment dangereux. C’est juste de la poussière. Ce n’est pas dans l’air. Tant qu’on n’y touche pas, y a pas de danger. Ce sont les gens qui ont été exposés à de fortes concentrations comme les mineurs et les travailleurs de la construction qui ont des problèmes de santé, pas les professeurs.

Pfff...

Deux fois par année, je passe l’aspiro dans mon local et dans chaque instrument. Ça prend presque trois heures et je le fais avec un aspirateur que j’apporte de la maison. J’suis asthmatique et allergique à la poussière (seulement depuis deux ans... étrange). Donc, j’époussette régulièrement mon local et je passe souvent la vadrouille, car les gens de l’entretien sont pathétiques. Si c’est propre, ils ne viennent pas salir. Une guenille, ça se lave et une vadrouille, ça se secoue. Je doute que le concierge se lave et c'est inutile de lui demander de se secouer un peu.

En passant, j'ai toujours fait ça sans masque... Vous en auriez mis un?

Alors pourquoi les gens de l’amiante portaient-ils des combinaisons, des gants et des masques lorsqu’ils sont venus nettoyer mon local à fond?

En passant, ils ont foutu le bordel solide et ils ont dû recommencer le lendemain, car c’était plus sale qu’avant. Ils ont touché au plafond qui est recouvert d’amiante pulvérisé, les cons. Tu ne touches pas à ce truc. C’était la première fois que j’en voyais sur les surfaces de travail et les instruments. J’ai même trouvé des éclats de vitre... Vraiment, c’était assez ordinaire, surtout que j’avais passé déjà trop de temps à préparer le local pour la rentrée (voir plus haut).

Et quand on s’interroge, voici ce qu’on nous répond: «Mais voyons, si c’était dangereux, on ne vous laisserait pas travailler là-dedans.»

Solution : laisser le local poussiéreux, porter un masque et s’envoyer quatre doses de Bricanyl par jour.






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