30 juin 2011

Si ça peut vous rassurer...

J'suis prof au primaire, hein?

Mon fils vient de terminer sa maternelle et j'ai dû appeler à l'école, car nous ne comprenions pas son bulletin. Disons que la secrétaire a pété un plomb à l'autre bout du fil et que j'ai dû la désamorcer par l'humour. Fin d'année pour elle aussi.

Pourtant, c'était tout simple : ils avaient oublié de nous transmettre la légende, mais elle ne savait pas où en trouver une. Elle craignait que j'aille raconter des histoires de légende aux autres parents... ou quelque chose comme ça.

Tout de même, si un prof ne comprend pas et doit négocier un traité de paix avec l'école pour pouvoir obtenir quelques informations, pour monsieur et madame tout le monde, ça doit être drôlement frustrant par moment.

Mais contrairement aux autres parents que j'ai côtoyé, j'ai adoré la prof de mon fils. Entre fachos, faut bien être solidaire.

Bonnes vacances à tous les profs et bon retour au travail aux mères au foyer.

Oups... J'suis mère au foyer cet été...






...

28 juin 2011

24 juin 2011

Sans titre : la suite

Je voudrais tout de même apporter un bémol au billet précédent :




...

23 juin 2011

Sans titre

Tâchons de terminer l’année scolaire sur une note positive!







...

20 juin 2011

Moi, inquiet? Pfff...

J’ai eu une fin d’année plutôt chargée, mais disons que ça fait partie de la tâche :

2 et 3 juin : Prégénérales. Hyper exigeant d'un point de vue cognitif. Je n’ai jamais vu la mise en scène et il n’y a ni décor, ni accessoires... Pourtant, il faut rentrer la musique aux bons endroits, mais surtout en rajouter où il y a des trous. On ajuste le tout en soirée à la maison et avec les élèves pendant le diner et les pauses.

5 juin : Un dimanche. Montage. On prend les instruments, les costumes, les décors, etc., et direction salle de spectacle. On installe le tout. Ça fait une dizaine d’années que je fais ça et ce fut la fois la plus relaxe.

6 et 7 juin : Générales. On voit si ce qu’on a placé en prégénérales tient la route. Assez exigeant aussi. On ajuste le tout en soirée à la maison et avec les élèves pendant le diner et les pauses.

8 et 9 juin : On récolte. On est en spectacle, trois représentations par jour : 10h, 13h15 et 19h30. Environ 4500 ou 5000 spectateurs. Peut-être un peu moins... On essaie de faire dans la qualité plus que dans la quantité. Oui, oui. Y a même des gens bien qui viennent nous voir.

10 juin : Congé, mais je dois aller à la job pour faire pratiquer des classes pour ce qui suit et terminer mes bulletins. Congé?

13 juin : C’est un lundi et j’enseigne. Une journée normale.

14 juin. Trois groupes en avant-midi. Sur l’heure du dîner, j’suis allé chercher les instruments à l’endroit où on répétait. Pas de quai d’embarquement (fermé pour travaux), pas de chariot avec un fond pour transporter l’équipement : 6 claviers, 4 supports de clavier, un kit de batterie assez basic, un gros moniteur (pas une personne... un haut-parleur), deux caisses de lait pleines de gogosses et un sac à dos plein de câbles. C’est étonnant tout ce qui entre dans une vieille Elantra GT! J’n’ai même pas eu à enlever les deux sièges pour enfant...

Toujours le 14 juin : En PM, répétition, puis présentation du gala devant les classes. Je ne participe qu’à trois numéros, mais mes élèves de 5e qui font une version semi-reggae, semi-Orff de Eight days a week torchent vraiment.

Encore le 14 juin : En soirée, gala. J’vous ai dit que mes 5e année sont super bons?

15 juin : J’anime une course de boîte à savon tout l’avant-midi. Je me trouve très drôle au micro, au plus grand désarroi du public, d'ailleurs. En PM, la routine: je suis un simple prof.

16 juin : Congé. Mon contrat du projet est terminé. Je le ferme quand ce projet? Ah oui! Pendant mon diner, le 14. Où avais-je la tête?

17 juin : Remplaçant en art dramatique. Mais que diable allais-je faire dans cette galère? Sans blague, j’adore ça, mais j’ai un chat qui se nomme Scapin. Il fallait que je la plogue.

18 juin : Samedi. J’vous ai dit que la belle-mère est débarquée la veille? Je m’évade dans les travaux sur le terrain et les escapades sportives avec Fiston.

19 juin : Dimanche. Mon premier rôle dans un court métrage de fiction. Petit rôle, mais avec des réalisateurs extraordinaires. J’y joue le chef d’un orchestre de jeune.  Pour ceux qui connaissent le jargon de UDA, c’est un troisième rôle, alors on se calme. Expérience tout de même fascinante. Un journée avec des adolescentes violonistes. Des anges super sympas. À des années lumières de ce que je vis avec ma clientèle. J’en reparlerai un jour. Au moins, la belle-mère était partie quand j’suis revenu à la maison.

En passant, pour ceux qui trouvent qu’on répète sans arrêt dans une classe, allez faire un tour sur un plateau de tournage.

20 juin : J’ai un bouton sur le nez.



C’est le fric. Je sais, il ne faut pas stresser pour ça, mais quand même...

Y a la directrice d’une des écoles du projet qui se charge des budgets et qui n’est pas pressée de me payer. Ils me doivent encore entre autres des journées en septembre 2010... Nous avons une entente claire et ma directrice est au courant et lorsque je me questionnais, elle savait me réconforter :

«Ne t’inquiète pas. J’étais là, avec toi, dans le bureau. Tu vas être payé.»

Je m'inquiète quand même (j'suis rebelle!) et elle me confirme que nous avons bien la même entente. Je lâche donc prise et on recommence le tout un mois plus tard parce que je n'ai pas reçu un rond des montants de l'entente.

Je réécris alors à la directrice concernée et j'ai même parfois une réponse!

Sauf que lorsque j’ai une réponse (c’est environ à tout les cinq courriels que j’envoie), on demeure très évasif et on parle de me payer deux jours en septembre et une journée et demi en juin.

Bordel... Ils me doivent autour de 3000 balles. Ça veut dire deux jours en septembre et tous les putain de vendredis PM depuis septembre. Eh oui, la vieille Elantra GT qui traine encore dans le stationnement les vendredis soirs une heure après la sortie des élèves, c’est la mienne.

Désolé pour cette tranche de vie, mais en enseignement, on ne devrait pas avoir à harceler nos supérieurs pour être payé. C’est souvent le lot des spécialistes et des profs qui sortent des sentiers battus. Alors, avant de chialer que le prof de votre marmaille ne fait pas assez de projet, demandez-vous donc c’est quand la dernière fois que vous avez fait du bénévolat à votre travail ou tout simplement avez été obligé de quêter votre paye ou de faire des menaces pour l’obtenir.

En passant, il se fait certainement mieux que ce que je vis en gestion des ressources humaines.

Donc...

20 juin : Ils me doivent 3000 balles et il ne faut pas que je m’inquiète.

... et j’ai un bouton sur le nez.


... mais faut pas que je m’inquiète.


... il va partir.



D’accord. J’ai confiance en l’humanité... Mais est-ce que je vais être payé?

Pour vous remercier de votre patience, voici un extrait d’un spectacle qu’on a monté il y a cinq ou six ans. On faisait l’adaptation de La clémence de Titus de Mozart. L’action se déroule dans une école et la directrice, madame DuBonSupplice est impitoyable.




Excusez la qualité de l’enregistrement et du mixte. C’était il y a quelques années et je suis un work in progress sur deux pattes.




Épilogue


23 juin : Affichage de poste pour les profs de musique sur la liste prioritaire.




...

16 juin 2011

La conscience tranquille

Dès le primaire, certains élèves doivent commencer à être orientés. Ils devront choisir une école secondaire, se préparer pour des tests d’admission, avoir un plan B, considérer un DEP ou même la reprise de la sixième année. Peu importe, le choix est habituellement fait pour le bien du jeune concerné.

Ça, c’est le prof de sixième qui se le tape et ce n’est pas rien. C’est hyper important et les parents ne sont pas toujours d’accord avec ce qu’ils voient quand on leur ouvre grand les yeux. Il y a des déceptions, des annonces déchirantes et des espoirs qui meurent.

Le tout sur un fond d’anxiété...

Mais moi, j’suis spécialiste.

Yeah!

J’n’ai pas à penser à ça, hein?

1 + 1 = ?

Y a un type en sixième, il est beau comme tout. Les filles, surtout celle des autres écoles, craquent littéralement pour lui. Il est plutôt cool avec ça. Il ne crée jamais de faux espoir, mais demeure gentil. Ce type, c’est mon méritas en musique cette année. Il a 12 ans et il est auteur-compositeur-interprète.

Sans blague, c’est vrai. Tu lui donnes le choix entre jouer sur une console de jeux vidéo, glander avec trois ou quatre des plus belles pré-ados du quartier ou repiquer des trucs au piano, gratter le ukulélé ou chanter la guitare au cou, il choisit la musique.

Je le sais, car il était musicien dans le projet... Un excellent percussioniste, mais qui ne peux pas pratiquer quand les autres jouent. Alors, dès qu’il ne jouait pas, il était sur son satané iPod touch. Il l’a lâché seulement au moment où j’lui ai amené mon ukulélé. Depuis, je ne l’ai plus jamais revu avec un iPod touch...

Lui, c’est 1.

Puis, y a le timing, le destin. Le truc qui fait que Lennon et McCartney se sont rencontrés ados.

On va appeler ça +.

Ensuite vient ce grand black au regard doux. Ne vous en faites pas, il a son lot de filles à ses trousses, mais c’est un timide. Ça doit faire trois ou quatre ans qu’il parle français. Il a donc passé par les classes d’accueil quand il est arrivé de New York. J’suis pas certain s’il est né en Afrique, mais il est noir comme la nuit. Tout ça pour dire qu’il est un peu plus vieux que les autres. Sa voix est complètement muée et quand il a chaud, il sent l’homme.

Lui, ce n’est pas mon méritas en musique. Pas pantoute. D’ailleurs, si j’étais aussi facho que je le prétends, j’l’aurais coulé.

Oh... C’est un artiste. C’était lui Rodolphe dans notre adaptation de La Bohème. D'ailleurs, même si ce n’est pas son rôle, vous avez entendu sa voix dans un billet précédent. Je le voulais sur le disque. Très jolie voix...

Lui, c’est 1, mais l’autre 1.

1 : J’ai déjà entendu le premier me jouer et me chanter des trucs.

+ : Les deux gars sont dans la même classe et sont copains.

1 : Le deuxième chante bien. Je l’ai même enregistré.

= : Avant la semaine de spectacle, j’apprends qu’ils font des trucs ensemble. C’est à la fin du cours de musique et j'en ai plein mon casque parce que ce groupe, en gang, ils sont vraiment, mais vraiment mongols et déplaisants. Ça me fait donc très plaisir d’aller m’asseoir dans le fond de la classe et de les laisser à l’avant avec pour mission de nous divertir.


Bordel...

Sérieusement, bordel.

(1+1) > 2

Ouaip... On (ça, c’est moi et l’EnSaignant) décide donc de les faire jouer à la soirée gala des méritas. Les p’tits gars ont été géniaux!

Le lendemain, je devais animer une course de boite à savon. Eh oui, y a ça à mon école. Jaloux?

En passant, j’suis redoutable avec un micro.

Normalement, ma classe de sixième année joue des djembés et autres cossins pour divertir la foule entre les courses, mais cette année, disons qu’on a pris une pause de djembé. J’vous ai dit qu’ils sont mongols?

Mais non madame, pas votre fille. Ni votre fils monsieur... Non, je parle des autres. Écoutez, ça ne serait pas professionnel de donner des noms. Merci, vous êtes compréhensifs.

Alors, on se dirige vers le lieu des dites courses et je vois (1+1)>2 devant moi.

«Eille les gars, si je vous branche la guitare dans la console et qu’on amène des micros, êtes-vous game de faire une couple de tounes?»

Ils en ont fait au moins huit. La fille de la maison des jeunes était là un peu par hasard. Elle fait un projet d’enregistrement et de vidéo-clips avec des plus vieux qui ne sont pas vraiment à leur affaire.

Elle les entend.

Elle les voit.

Elle les veut.

En moins de quatre, elle était sur leur cas. Vous devinez la suite.

En fin d’avant midi, le grand black vient me voir :

LUI : «Salut PMT. Tu avais dit que tu allais nous enregistrer et graver ça sur un CD. Est-ce qu’on va le faire?»

PMT : «Tu as parlé avec la fille de la maison des jeunes?»

LUI : «Oui»

Il me montre les feuilles d’inscription.

PMT : «Tu sais ce qu’elle veut faire avec vous?»

LUI (le sourire fendu jusqu’aux oreilles): «Ouais.»

PMT : «Ben c’est ça. Tu n’as plus besoin de moi et de mon p’tit micro cheap. T’es en studio d’enregistrement cet été, mon homme. Ciao, bye.»

Et il part, l’air ahuri.

Pourquoi je vous raconte tout ça?

Ce n’est pas moi qui vais dire à un jeune que réparer des ascenseurs, c’est payant et que pour aller en architecture, il devra quand même réussir bio humaine 2 au cégep (ça prenait ça dans le temps). Quand ils sont bons en musique, je le sais, ils le savent, les parents le savent.

Mais un truc comme (1+1)>2, ça peut nous passer devant la face et quand on s’en rend compte, on comprend tout ce qu’on aurait pu faire pour eux... trop tard.

Elle était loin la foutue guitare, j’étais dans le jus, crevé par la semaine de spectacle, le gala de la veille et la bière qui a suivi. Je pense que je le faisais parce que c’est devenu une seconde nature de se faire suer pour des élèves trop souvent ingrats. J’ai aussi amené un amplificateur, au cas ou... Eux, ils se trainaient les pieds derrière, transportant une baguette de drum, un cable 1/4, un pied de micro.

Mais voilà. J’ai la conscience tranquille.




...

13 juin 2011

Un nouveau sommet

Cette semaine, un nouveau sommet a été atteint à notre école. Pour les raisons que vous savez, je ne vous montre que le contenant et non le contenu.



Quoi? Vous n'aimez pas les chats et les papillons?






...

10 juin 2011

Le mot de Cambronne

Salut,

Je croyais que j'avais déjà fait le tour de la question, mais on n'arrête pas le progrès!


"Que la merde soit avec toi!"

"Et avec votre esprit..."








...

07 juin 2011

Note à moi même :

.








Merde!












...

05 juin 2011

C'est arrivé près de chez vous.

Aujourd’hui, on était en montage en prévision de la semaine de spectacles. C’est en quelque sorte des retrouvailles, car la plupart des techniciens sont avec nous depuis plusieurs années. L’éclairagiste arrivait de Serbie où elle a travaillé sur le Gypy Roma Urban Balkan Beats (GRUBB).

Je l’ai entendu raconter le cas de cette jeune fille dont la mère ne pouvait pas assister au spectacle suite à une bagarre avec son mari le matin même. La dame était trop amochée pour se présenter au théâtre ou n’en avait tout simplement pas envie. Imaginez la petite qui vient d’assister à la scène et qui doit donner deux représentations la même journée...

MOI : Ouch... Ils l’ont tough les Roms en Serbie.

ELLE : Je parlais d’une de vos anciennes élèves.





...

04 juin 2011

La coupe

Petit garçon, je ne fantasmais pas sur la coupe Stanley. Pourtant, j’ai abandonné mes cours de piano pour jouer plus au hockey. Faut dire que la vieille madame qui m’enseignait sans plaisir et l’interdiction de jouer du piano lorsque quelqu’un écoutait la télé ont pesé dans la balance.

Sur la patinoire, et même sur le banc, j’avais la paix. Se faire dire d’aller plus vite, plus fort, plus n’importe quoi, c’est quand même mieux que se faire dire d’arrêter parce que quelqu’un veut écouter la télé.

Même pour un p’tit gars au bord de l’obésité.

Oh, je ne faisais pas pitié. J’étais très bien nourri et on ne me battait pas. Au contraire, c’était l’anarchie.... Sauf quand quelqu’un voulait écouter la télé, bien entendu.

Mais je ne peux pas reprocher à mes parents d’êtres des barbares. Mon grand-père que je n’ai pas connu était violoniste. Pourtant, mon père que je n’ai pas tellement plus connu ne possédait même pas un seul disque. Trouvez l’erreur, moi je ne cherche plus depuis un bon bout.

Donc, je vieillis, je maigris et je joue de la guitare et je ne fantasme toujours pas sur la coupe Stanley. J’apprends seul des sonatines de Kuhlau, quand le piano est disponible et que ça ne dérange personne. Le reste du répertoire ne m’est pas accessible. Je me pète la gueule sur la sonate pathétique. Bof... J’essaie de jouer les suites pour le luth de Bach sur ma vieille Jazzmaster jaune laide sans savoir que c’est une 1963. J’écoute la Symphonie fantastique de Berlioz.

À l’école, je suis une bolle, au plus grand désarroi du directeur et de ma travailleuse sociale. Ça me fait encore sourire d’y penser. Héhéhé...

Et voilà le moment de s’inscrire au cégep et le choix le plus logique pour moi serait la musique : je m’inscris donc en science administrative.

J’veux pas être pauvre. Je veux une piaule avec un piano plus tard et en musique, pour les nouilles comme moi, il n’y a que la faim.

Non. J’vais devenir actuaire et si c’est trop plate, je ferai des mathématiques pures : la seule chose qui me branchait en dehors des arts. Les études en musique, ça sera pour une autre vie. J’avais trop de potentiel.

Entre temps, la situation se détériore à la maison et la journée de mon dix-huitième anniversaire, je lève les pattes et me pousse en appartement avec des copains, à mes frais bien entendu. Ce que j’ai fait pour arriver, très peu de gens le savent et c’est peut-être mieux ainsi. Disons que je n’aurais pas pu me présenter aux dernières élections, même pour le NPD.

À la fin de mon DEC, je jase avec mon prof de math 203 et pour la première fois, on parle de musique. Il jouait de l’orgue, mais avait décidé d’étudier les mathématiques. Ce n’était pas un prof extraordinaire ; correct, sans plus. Mais pour la première fois, il me parlait avec passion. J’lui ai fait part de mon intérêt pour les maths pures.

«Tu sais, il y a beaucoup de mathématiques dans la musique, mais très peu de musique dans les mathématiques.»

Salopard.

J’ai donc fait mon DEC en guitare classique, puis mon bac, puis ma maîtrise et ensuite, comme j’avais besoin de fric pour le loyer, je me suis inscrit au bac en enseignement de la musique pour avoir accès aux prêts et bourses. Mon récital de fin maîtrise tombait le 28 aout, si ma mémoire est bonne. À peine une semaine plus tard, je commençais l’autre bac.

Donc, j’ai choisi d’étudier en musique?

Pantoute. Avec mon talent médiocre et l’âge auquel j’ai commencé à m’investir, je savais qu’il n’y avait rien pour moi au bout. Ce n’était pas un choix. On ne choisit pas quelque chose d’aussi difficile et d’aussi exigeant quand il n’y a rien au bout.

J’avais seulement besoin de combler ce vide en moi. D’où venait ce gouffre? Cette craque par laquelle la lumière veut passer, mais qu’il faudrait élargir un peu plus, toujours plus. Cette maudite fissure dans l’âme.

Peut-être devais-je remplir la coupe de mon alcoolique de père qui n’a pas eu le père qu’il n’aura pas été, mais que j’essaie d’être?

J’vous avoue que je n’en ai plus grand-chose à cirer. Je veux seulement briser la roue.

Toutes les raisons sont bonnes pour faire faire de la musique aux enfants : discipline, développement neurologique, culture, snobisme... Moi, je voudrais seulement qu’il ait le choix plus tard. Qu’il puisse devenir poseur de gypse rock l’esprit en paix.

Tiens-toé ben mon p’tit gars, j’vais la remplir ta coupe... qu’elle soit Stanley ou pas.

En attendant, voici une sonatine de Kuhlau.








...

02 juin 2011

Moi, tiger dad? Pfff...

Vous avez tous déjà vu sur internet une vidéo montrant un enfant chinois jouant d’un instrument d’une façon exceptionnelle pour son âge. Avez-vous lu les commentaires?

«C’est clair qu’il n’est pas heureux!»

«Comment peut-on faire ça à un enfant?»

«Bof, il joue comme un robot.»

«Pauvre petit... On devrait mettre ses parents en prison!»

Et mon préféré :

«Il n’a pas l’air d’avoir du plaisir en jouant...»

Premièrement, très peu d’interprètes ont l’air d’avoir du plaisir lorsqu’ils se tapent des passages difficiles. Observez le visage d’un enfant qui court désespérément vers le ballon pour marquer un but. Il ne se bidonne pas vraiment. Pourtant, il adore jouer au soccer.

Les Occidentaux en général ont un problème avec l’effort. L’effort de l’enfant, mais l’effort de l’adulte aussi. J’enseigne en milieu défavorisé. Il y a des élèves performants comme partout ailleurs, mais parfois, on peut voir des classes performantes. Par rapport à quoi? Par rapport à elles-mêmes, bordel! Et quand ça arrive, c’est que les élèves font des efforts, mais que le clown devant en fait aussi. Ça respire le bonheur, là-dedans. Weird, hein?

Vous avez vu la petite fille de 5 ans qui joue la gigue de Bach et qui en a plein les doigts?  Et puis zut. Je ne voulais pas mettre de lien, mais en voici un :




Derrière ça, ou devrais-je dire à ses côtés, il y a un adulte. Peut-être deux, même. Ça demande du temps et de la constance.

Long, plate et répétitif. C’est pas mal plus difficile que d’ouvrir la télé, je sais.

Qui a dit que c’était plate? Ça sort d’où cette idée que de pratiquer un instrument, c’est plate?

Pfff...

Est-ce qu’on a trop poussé dans la petite fille? Peut-être. Personnellement, j’ai l’impression que oui, mais je ne la connais pas. Ni elle, ni ses parents. Par contre, quand j’entends un peuple, qui à une forte tendance à ne pas en faire assez, trouver que certaines personnes en font trop, je décroche.

Ça fait deux mois et demi que Fiston joue du piano. J’en avais plein le dos de l’ordinateur. J’aime les jeux vidéo et il est comme moi. L’attraction est forte. Alors, je m’suis dit : s’il est comme moi, pourquoi pas? Et voilà.  Tu veux passer un peu de temps sur l’ordinateur, Fiston? 20 minutes de piano minimum et tu peux jouer un peu. Gnark ganrk gnark! Bon d’accord... Quand je m’y mets avec lui, ça peut durer un peu plus. C’est sympa Lego Star War en père et fils.

Vous me trouvez facho? Vous n’avez rien vu encore.

Tu as un jaune dans ton agenda? Pas d’ordi. Habituellement, il fait son piano quand même. Tiens, tiens...

Et les larmes dans tout ça? C’est arrivé. La première fois, ça m’a un peu traumatisé. Mon p’tit gars pleure devant le piano... Ouch. Puis, j’ai compris. Du moins, je crois. Il pleure parce qu’il ne réussit pas et non pas parce qu’il voudrait faire autre chose. Il pleure parce que justement, il n’arrive pas à faire ce qu'il voudrait.

Bon, on se calme avant d’appeler la DPJ. Ce n’est arrivé que trois ou quatre fois. J’ai ajusté ma pédagogie. On fera des gammes plus tard!

Ben voilà! J’suis pas un facho et ce que je voulais dire, ce n’est pas qu’on n’est pas assez exigeants envers nos enfants. Au contraire, on exige beaucoup d’eux... parfois trop, même. Ce qui me désole, c’est que les parents québécois et nord-américains en général, n’exigent pas assez d’eux-mêmes en tant que parent.

J’vous laisse sur un dernier truc : arrêtez de dire aux musiciens qu’ils sont chanceux. La chance n’a pas grand-chose à voir là-dedans. La plupart ont travaillé très fort pour atteindre un bon niveau.

Ça ne veut pas dire que c’était plate. Ce n’est pas plate pantoute si c’est bien fait. C’est bon pour la tête. C'est bon pour l’âme. C’est bon pour les enfants.

Amen.







...

Suzuki versus MELS

J'vous ai dit que j'enseignais le piano à mon fils de  cinq ans? Je reviendrai la-dessus un autre jour. Que voulez-vous... j'suis fauché et je ne peux pas lui payer un prof de qualité.

Donc, en parent consciencieux, j'ai fait un peu le tour des méthodes, mais j'ai surtout fait à ma tête. Curieusement, ce que je fais rejoint en plusieurs points la méthode Suzuki.

Curieusement, le programme de formation du MELS ne rejoint pas tellement la méthode Suzuki.

Bof... si y en a qui veulent explorer l'univers sonore en grattant, frottant, brassant, léchant, tètant, etc... ils peuvent bien continuer de le faire. En attendant, nous on joue des notes et ça donne de la musique.






À suivre

...