25 octobre 2006

On se fait du cinéma

Je lisais les commentaires de mon dernier billet et je me tapais sur les doigts. Oui, certains profs de musique au primaire sont totalement nuls. Ils sont de très mauvais musiciens et n'en ont rien à cirer. Je n'ai aucune pitié pour eux. Je suis écoeuré d'être associé à eux. Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je suis gêné de répondre à cause d'eux. Qu'on allume le bûcher! Au pal! Au pal!

Par contre, il faut faire attention. Dans beaucoup d'écoles, les profs de musique n'ont même pas de local. Ils se promènent de classe en classe avec un chariot où peut tenir le peu d'instruments dont ils disposent. D'autres ont un local, mais pas d'instruments. Ils ont donc le choix : flûte à bec ou rien. Si seulement ils pouvaient fouiller dans les armoires des incompétents ou des écoles où les incompétents sont passés...

Et même si on a un local et des instruments, n'oubliez pas qu'on doit enseigner avec le même équipement à tous les groupes. Feriez-vous des maths avec le même matériel de la maternelle à la sixième année? Et le répertoire, il ne tombe pas du ciel. Je compose ou arrange environ 95% de ce que mes élèves jouent. On s'attend à ça du titulaire? Avec la réforme, oui! Mais bon, c'est quand même du boulot. Alors, avant de crucifier la tête en bas votre prof de musique, posez-vous certaines questions. S'il s'avère vraiment nul, je planterai moi-même les clous en prenant soin de bien ponctuer les incantations de Prof Maudit. Wow! de l'intégration de matière! Musique-Religion. Voilà pour l'incompétent.

Après l'incompétent, l'autre ennemi juré du spécialiste en musique, c'est le cinéma. Oui madame... Le grand mensonge hollywoodien lance un message erroné. Ce que vous voyez et entendez au cinéma n'a rien à voir avec les capacités d'une classe d'élèves du primaire ou du secondaire. Vous avez vu le film Music of the heart (Les violons de l'espoir) avec Meryl Streep? Ce n'est pas parce que c'est réalisé par Wes Craven (oui, oui... le créateur de Freddy, le réalisateur de Nightmare on Helm Street!) que je m'exclame : "BULLSHIT!".

C'est une histoire vraie. C'est possible. Il y a des profs de cette générosité. C'est un magnifique hommage à la profession. MAIS... Y a un truc qui cloche : ça sonne trop bien. Ils engagent des putains de professionnels pour jouer la musique. Même un orchestre de chambre de secondaire 5 en concentration musique ne sonne pas si juste toujours et partout. Come on... C'est des enfants du primaire d'un quartier défavorisé de New York qui se tape du violon... Sérieusement... Pitié...

On peut dire la même chose de Sister Act (Rock'n Noone) avec Woopy Goldberg et Mr. Holland's Opus avec Richard Dreyfuss. C'est bien beau tout ça, mais ce n'est pas comme ça que ça sonne dans la vraie vie.

Le phénomène peut s'étendre à toutes les matières. Mademoiselle C = totale bullshit. La classe la moins performante de la commission scolaire? Ils sont des génies comparativement aux classes de 6e année que j'ai pu voir durant mon humble carrière. Des troubles de comportements? Laissez-moi rire. L'auteure n'a jamais mis les pieds dans une classe TC. On ne pourrait même pas y faire un film classé "Pour tous ". Et les enfants dans cette classe... ils apprennent quoi au juste? Qu'ils sont capables? Que l'école c'est cool? Que le théâtre c'est bien? Que parler à une roche ça passe? Oups... Sérieusement, ils n'apprennent nada. Ça ne tombe pas du ciel les accords de participe passé et les conjugaisons. Bordel que ça m'éverve!

Ça fait que le "bitchage" contre les profs, c'est un art qui s'acquière par la patience et la méthode. Mais comme je suis juste et bon, vous avez quand même le droit de vous pratiquer sur ce blogue.





24 octobre 2006

Signes avant-coureurs

Si j'écris trois billets en ligne qui s'avèrent chialeux et de tendance bitch, c'est que je vais être malade. Moi qui croyais qu'après avoir payé mes études en travaillant dans un hôpital pour ensuite enseigner à des p'tits morveux du primaire, j'aurais le plus ultra meilleur système immunitaire de la planète... Putain de garderie!!!

Je ne peux même pas aller déverser le flot de mes connaissances sur ma gang de flos. Oups... est-ce anti-réforme ce que je viens de dire? Shit! Je suis maintenant obligé de prendre une journée de congé supplémentaire... Voyons voir. J'ai le choix entre Le Tartuffe (Ben quoi? On ne peut quand même pas avoir tout lu...) et le dernier Anne Rice.

Non Martin, je ne suis pas hypocondriaque. Je suis vraiment malade pour vrai...

22 octobre 2006

Pourquoi récalcitrant?

Mes élèves sont mon seul espoir. Sans eux et tout ce qui vient avec, ce blogue est d'un ennui mortel. On en est à parler de la réforme et du renouveau pédagogique. Un peu plus et on se met à citer des gens sérieux. Quelle horreur! On ne se moque même pas des infâmes personnages qui nous imposent toutes ces conneries. Non, mais ça va pas? On est en train de ne pas rigoler!!!

Si on continue comme ça, je vais finir par me plaindre qu'on coupe musique dans les écoles... Mais qu'est-ce que je raconte là? Voyons... on ne coupe pas musique. Personne ne voudrait couper musique. C'est génial musique. Sérieusement, tout le monde le sait: c'est le gym du cerveau la musique. Tout le monde est d'accord avec ça. Même vous! N'importe quel psycho-neuro-kino-machin vous le dira: la musique, c'est "hot pour le brain!"

Alors, quand on ferme musique, c'est pour se débarrasser du prof qui ne sait pas quoi faire avec les élèves. Comme on ne peut pas changer le prof, on change la matière. Ouch... je viens de me faire un tas d'ennemis là. Mais les autres... vous allez être mes amis, hein? Dites oui...

Ça me rappelle l'an dernier. À peu près à la même date. Je suis dans une des écoles du projet.

Moi : Tout heureux de rencontrer une consoeur prof de musique. "Salut! C'est toi qui enseigne musique ici cette année?"

Elle : "Oui. Tu es prof de musique aussi?"

Moi : "Oui mais je viens ici seulement une fois par semaine pour un projet. T'étais où l'an dernier?"

Elle : "À l'École ***. Mais ils ont coupé musique."

Moi : "Ah... dommage. Mais bon, ici, il y a toujours musique. En plus, il est vraiment grand le local. J'aimerais ça avoir un grand local comme ça. Très utile pour la création sur instruments... En passant, où sont tous les instruments? Je suis passé devant le local et il était vide."

Elle : "Je les ai rangés dans les armoires."

Moi : "Hein? Pourquoi?"

Elle: "Ça énervait trop les enfants."

Moi : "Héhéhé... Moi, c'est quand je ne les laisse pas jouer et que je parle que ça énerve les enfants..."

Elle : Froidement. "Ah oui?"

Moi : "Et vous les sortez à chaque cours?!?"

Elle : Sur la défensive. "Non."

Moi : "Ben... qu'est-ce que vous faites? Vous jouez sur quoi?" Je commence à me bidonner.

Elle: "On fait des jeux de rythmes et des chansons."

Moi : "Des jeux de rythmes? Sans instrument? Dans les mains?"

Elle : "On frappe par terre aussi... avec des bâtons..."

Moi : "Ah oui... par terre... les bâtons..." J'essaie d'être optimiste. "Tu sais, vous avez un super bon synthétiseur dans l'entrepôt!"

Elle : "Je ne sais pas jouer. Je suis ***insérer un instrument monodique suivi de iste, par exemple, gazou-iste***."

Moi : "Cool... Tu connais le concerto de ***insérer le nom d'un compositeur québécois du 20e siècle qui a écrit un magnifique concerto pour son instrument***?"

Elle : "De qui?"

Moi : Et puis zut, je vais être chiant! "Laisse faire... je divague. Tu sais, c'est facile d'accompagner les enfants au clavier. Je ne suis pas pianiste et je le fais. Après tout, les notes sont là et tu n'as qu'à appuyer dessus. Ça ne marche pas pour les études transcendantales de Liszt, mais dans les tounes de Noël, ça fait la job..."

Elle: "..."

Moi : "Bon... et bien, bonne année scolaire. Si tu veux le clavier, il est dans l'entrepôt." Héhéhé.

Elle : "Tu es dans quelle école? As-tu plus de 60% de tâche? C'est un contrat?"

Oups! Ça sent le bumping...

Moi : "À l'école ***. C'est bizarre la tâche là-bas. Des brindilles... Je bosse surtout sur le projet et ce n'est pas vraiment une job de prof de musique. Pas mal de théâtre et des arrangements à faire. Il faut aussi accompagner et diriger les élèves dans les spectacles. Pas mal de boulot le soir et la fin de semaine. Un horaire qui déborde et un petit local. Le tout, en milieu défavorisé." (Le pire c'est que c'est vrai!)


On ne s'est plus adressé la parole. Cette école a fermé musique complètement cette année. Y a une couple de profs comme ça qui ferment musique partout où ils passent. Pourquoi? À vous de deviner. Par contre, le bac en enseignement de la musique est vraiment bidon. Mais un bidon, ça peut se récupérer...

Espérons que les élèves seront rigolos demain.

20 octobre 2006

Je m'explique

Je ne suis pas anti-réforme. Même si j'ai dit que c'était de la m... Et devinez quoi... Je ne suis pas non plus pour l'école traditionnelle! Pourquoi? Parce que c'est de la schn...? Pourquoi je dis ça? Ben voyons. Par soucis d'équité et parce que je suis daltonien!

Je crois tout simplement en une école hybride. Une école qui tiendra compte des besoins de l'enfant et comme les enfants sont tous différents, cette école se doit d'être hybride (tendance schizo à personnalités multiples). Vous ne pensez quand même pas qu'avant la réforme, tout le monde était savant, mais incompétent. Il serait tout aussi faux de croire que les élèves du renouveau sont compétents, mais ignorants. Tout n'est pas noir ou blanc... même pour un daltonien.

Avant le renouveau pédagogique, le projet auquel je participais faisait très "réforme". On nous citait même comme exemple et on gagnait plein de prix que nos directions d'écoles avaient la gentillesse d'aller chercher pour nous. On donnait la chance aux élèves de mettre en oeuvre leurs savoirs et de développer des compétences connexes.

"Ah! Les compétences transversales?"

"J'sais-tu moé? On a un show à monter..."

On utilisait ce que les élèves avaient appris pour le projet et on utilisait le projet pour leur apprendre ce qu'ils n'avaient pas appris. Du moins, on essayait... Ensemble. Profs et élèves partageant un même but: faire un ostie de bon show. Eh oui! Du socioconstructivisme qui fonctionne. Les élèves étaient tellement impliqués qu'on aurait presque pu parler d'autosocioconstructivisme, mais comme on ne se prend pas trop au sérieux, on se disait tout simplement que c'était la cerise sur le sundae.

Il y avait des savoirs et des compétences. C'était correct. Pas de morts et presque pas de blessés. Ça ne marchait pas toujours parfaitement, mais c'était mieux que l'école traditionnelle et surtout, mieux que la réforme. Ce n'était ni l'un, ni l'autre. C'était les deux. On manquait juste d'un peu de fric pour de l'orthopédagogie, des classes moins nombreuses et plus de projets. No big deal...


J'ai un secret pour vous: on le fait toujours ce projet... C'est juste plus difficile, car maintenant, il n'y a plus de sundae... juste un tas de cerises même pas dénoyautées qu'on s'efforce de faire tenir en équilibre.

Bordel... moi qui voulais seulement voir si j'avais des commentaires....

19 octobre 2006

J'ai frappé un mur

Comme les initiés le savent déjà, chaque année, je fais écrire un "gros show" aux élèves de quatre écoles. Ça fait six ans que je bosse sur ce projet et c'est la cinquième année que je me tape l'écriture avec les enfants. Chaque année, au même moment, avec le même genre de clientèle, dans les mêmes écoles, je passe par les mêmes étapes. Ça fait trois ans que c'est faible... de plus en plus faible, année après année, les élèves sont de plus en plus... poches!

Le problème, c'est la réforme. Des fois, j'ai l'impression qu'on parle aux murs.

Moi: "L'augmentation de mes exigences serait-elle inversement proportionnelle aux exigences amenées par le renouveau pédagogique?"

Le mur : "..."

Moi : "Heille le mur, t'as déjà entendu un truc dans le genre : le quotient intellectuel d'une foule est inversement proportionnel au quotient moyen de ladite foule?"

Le mur : "..."

Moi : "Ben non t'as pas entendu ça. C'est n'importe quoi. Il est seulement plus faible. Il n'est pas nécessairement inversement proportionnel."

Le mur: "..."

Moi : "Les élèves ne sont pas plus cons qu'avant. C'est seulement que le savoir n'est plus valorisé. Avant, quelqu'un qui savait plein de choses passait pour quelqu'un d'intelligent ou, à la limite, de cultivé. Maintenant, on lui demande de se taire pour ne pas faire de la grosse pé-peine aux autres amis qui ne savent fuckin' rien. Pourquoi je m'emporte? Parce qu'il y en a une gang qui aurait dû couler, mais c'est anti-réforme. Donc, pour ne pas leur faire de grosse pé-peine, c'est plus gentil de ne pas les couler."

Le mur : "..."

Moi : "Mais quand tout le monde connaît la réponse sauf eux, quand tout le monde comprend la tâche à accomplir sauf eux... c'est mieux pour leur égo?"

Le mur : "..."

Moi: "À ce qui paraît, les études démontrent très clairement que le redoublement serait très néfaste pour l'enfant... et pour le budget des commissions scolaires."

Le mur : "..."

Moi : "Tu le sais... j'ai une méchante bonne gestion de classe. L'éducateur spécialisé ne doit même pas savoir où est mon local. J'enseigne aux enfants-rois, aux pauvres, aux beaux, aux laids, aux touts croches (TC) et même aux probophobiques et... ça marche! On m'a insulté, menacé, frappé, accusé... On a essayé de me traîner dans la boue... Mais je suis encore là et j'aime encore les enfants et ma job. Je tripe sur le projet dans lequel j'ai l'honneur de travailler. Des dizaines d'enfants ont joué à mon putain de cours au service de garde."

Le mur : "..."

Moi : "J'suis tellement crevé le soir que je n'ai même plus la force de faire le nec plus ultra de tout ce que l'humanité n'a jamais daigné faire : de la musique. Pourtant, je suis encore là."

Le mur : "..."

Moi: "Mais le fait qu'avec le renouveau pédagogique, on nivelle vers le bas en se donnant des tapes dans le dos. Que les décideurs ne connaissent rien au terrain. Qu'on favorise les compétences au détriment du savoir. Qu'on joue à l'autruche en sachant très bien que la réforme, c'est de la grosse... bah... et puis zut! Je le dis : De la grosse merde! Toute cette connerie, ça me donne le goût de tout balancer et de faire autre chose de ce qui reste de ma minable existence."

Le mur : "T'es même pas game..."

Moi : " Ta gueule!"


18 octobre 2006

La plus jolie fin du monde

Vous êtes chanceux. Je ne vous parle pas de moi aujourd'hui. Ça n'a même rien à voir avec mon blogue. Je ne suis même pas certain que c'est un blogue... c'est juste beau. Quand on étudie en musique (sauf en enseignement), on répond à un appel. C'est ce que cette jeune femme vit et nous raconte. Ça me manque... les vieux pianos du Cégep St-Laurent, la faculté en haut de la côte, les cours d'analyse...


Je vous invite à commencer par le début et à y plonger... mais revenez me voir un jour.

17 octobre 2006

Lapsus linguae

Parfois, deux fils se touchent dans mon cerveau et je dis de drôles de choses. Aujourd'hui, alors que je m'exhibais devant une cinquantaine de personnes dans un atelier, j'en suis venu à parler d'opéra (comme par hasard).

"Mais Prof Malgré Tout, pourquoi travaillez-vous sur des oeuvres obscures avec les enfants? Vous pourriez les initier aux grands chefs-d'oeuvre du répertoire."

Très bonne question. J'avais envie de répondre un truc dans le genre : "Parce que les opéras connus sont toujours à propos d'un ténor qui veut se faire une soprano, mais une basse l'en empêche" ou le célébrissime : "de quoi je me mêle?". Mais, comme je suis juste et bon, je lui servis une réponse un peu plus respectueuse du contexte:

"Lors du choix, nous devons, en plus de sélectionner un opéra ayant une thématique qui sera exploitable par des enfants du primaire. Nous devons donc, dis-je, observer quelques principes éthiques. Comme par exemple, l'an dernier, nous ne pouvions pas travailler sur cet opéra de Britten dans lequel des enfants sont séquestrés par un adulte dont les intentions sont plutôt lugubres et impures. Ça n'aurait pas vraiment fonctionné avec les directions et les parents. Cette année, La Traviata n'était pas une option non plus. Après tout, c'est l'histoire d'une... prosti... heu.. ben... d'une... courtisane... Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l'opéra, vous avez vu Moulin Rouge? C'est à peu près la même histoire. C'est tiré du truc de Dumas fils... La Dame aux... clamédi... cléma... clama... oups. Ben comme je vous disais, elle n'est pas très fréquentable, la dame aux... clamédi... ARGH! Bordel! CA-MÉ-LI-AS."

Et moi qui me moque des allocutions du Ministre F*******. Tout comme Jean-Marc, je devrais m'en tenir à la formule sujet-verbe-complément.

15 octobre 2006

Lire en été (la suite)

L'enquête se poursuit. Après m'être infiltré dans la populace locale, j'ai pu avoir accès à des choses inimaginables, voire même indicibles. Donc, comme je ne peux pas les dire, je vous transmettrai l'horreur en image.

Je dois d'abord vous prévenir : ce que vous allez voir est très dur. Les âmes sensibles devraient s'abstenir.


Premièrement, vous devez oublier tout ce qu'on vous a appris sur les livres. Pour ma part, le livre était quelque chose qu'on lit et qu'ensuite, on range dans une bibliothèque en attendant de le relire ou bien de le refiler à quelqu'un.



Comme j'étais naïf. Voici des usages pratiqués en milieu fermé. N'essayez pas ça à la maison.

L'usage pratique



L'usage aéronautique


L'usage zoologique
L'usage narcotique (parfois appelé pharmacologique)
Et comble de l'horreur, l'usage scatologique
Les images que vous venez de voir ne rendent pas justice aux atrocités auxquelles j'ai assisté. Malheureusement, lors de ma capture, les indigènes (ben quoi?) ont détruit mon appareil photo. J'ai donc dû créer une simulation et revivre ce cauchemar pour ne pas vous laisser dans l'ignorance.

J'aimerais vous dire qu'aucun livre n'a été détruit pour ce reportage. J'aimerais bien ça...

Un petit mot pour les commissaires. Quand vous voulez donner un livre à une bibliothèque. Vous prenez le livre et vous le donnez à une bibliothèque. Je sais que c'est moins "glamour" qu'un beau gros projet comme "Lire en été", mais au moins ça marche.

Quoi? Y'a plein de jeunes qui ont rapporté leur livre? Ouain pis? Ça veut dire qu'ils ont déjà une culture du livre. Continuez comme ça et on va penser que vous êtes de mise avec des maisons d'édition...

Lire en été

Nos amis les commissaires se sont surpassés l'an dernier. Comment? Par le projet "Lire en été". Tadam!

Ils ont ciblé deux problèmes : les bibliothèques des écoles sont pathétiques et les élèves ne lisent pas assez. Tadam!

Comment ça tadam? Moi, je ne vois qu'un seul problème... mais bon.

On sait tous que la désuétude des bibliothèques de nos écoles n'a d'égal que la platitude des étés de nos enfants. Quoi? Vous ne le saviez pas? Même les commissaires en sont informés et dans leur grande sagesse, ils apportent ze solution : "Lire en été". Tadam!

Comment ça marche? À la fin de l'année scolaire, la commission scolaire donne un livre à chaque enfant du primaire. Pendant l'été, l'enfant se tape le livre. En septembre, l'enfant rapporte le livre qui rejoindra les atlas de L'URSS dans la bibliothèque de l'école. On fait donc d'une pierre deux coups. Tadam!

Tadam? Non... Pas tadam. RI-DI-CU-LE! J'sais pas à Outremont, mais dans mon quartier, ça n'a pas marché fort-fort. Les livres n'étaient pas de la rentrée. Dans certaines classes, le taux de retour est inférieur à 50%. Où sont donc les livres?

Pour vous, chers lecteurs avides de "vérités", Prof Malgré Tout, n'écoutant que son courage à deux oreilles, a ouvert l'enquête et voici les résultats de l'enquête préliminaire :

Moi : "Vous avez lu le livre qu'on vous a donné en juin?"

La classe : "Quel livre?"

Moi: "On ne vous a pas donné un livre chacun l'an dernier? Un livre que vous deviez rapporter à l'école en septembre..."

Wannabe : "Ah oui... Je l'ai lu en un après-midi."

Une autre: "Ouais... moi aussi."

Élève gonflable: "Moi je l'ai lu dans la classe pendant les derniers jours d'école."

Un autre : "Moi je l'ai même pas lu..."

Moi: "OK. Et ils sont où vos livres maintenant?"

La classe : "..."

Élève probophobique : "Moi je l'ai rapporté."

J'espère qu'elle l'a rapporté. Qui sait ce qu'on lui aurait fait... Peu importe, la majorité des livres ne sont pas revenus à l'école. Combustion spontanée? Enlèvement extra-terrestre? Lecture jusqu'à l'usure totale? Toutes ces options sont possibles. Que l'enquête commence!!!



À suivre...

13 octobre 2006

Service non compris

Voici le billet que j'ai fais pour le journal. J'avais quelque chose à dire depuis un p'tit bout... ça faisait trop longtemps que ça traînait.

Dans un bar, y’a une quinzaine d’années.

Mon chum Hugo débarque avec une fille. Moi, le sale con, je paie un verre à la fille et la fait danser... Plus tard en soirée :

Hugo : « C’est facile pour toi. »

Moi : « Hein? »

Hugo : « Tu joues de la guitare, tu chantes, tu fais du théâtre et en plus, tu fais du fric... »

Moi : « … »

Je n’étais pas capable de lui dire : « Oui, mais toi, tu es ***insérez les qualités ici*** ! » Pourtant, je l’aimais Hugo... Dommage qu’on se soit perdu de vue.

La moitié d’une vie plus tard, dans ma classe.

Moi : « J’ai besoin d’un volontaire pour une mission dangereuse. »

La classe : « Moi!!!»

Moi : « Votre mission, si vous l’acceptez, consiste à transmettre ce message (carte d’absence) au secrétariat. N’oubliez pas que si vous êtes capturé, vous ne devez en aucun cas me trahir sinon… »

Élève Probophobique : Craintive « Sinon quoi? »

Moi : « Sinon… Tu coules musique! »

Élève Wannabe : « Heille! T’as même pas le droit! »

Moi : « Comment? Tu oses me mettre à l’épreuve? »

Wannabe : « Non… En passant, ton cours est le meilleur au monde et j’aime ta coupe de cheveux… »

Moi : « Voilà qui est mieux. En passant, Wannabe aura en « A » en musique au prochain bulletin et je lui confie la mission… pour m’en débarrasser. »

Wannabe : « J’espère être capturé… »

Moi : « Pas autant que moi… allez file! »

Il jubile. Les autres sont déçus. Les enfants aiment rendre service. Ce n’est pas une qualité, c’est de nature.

Vous connaissez les plans d’intervention adaptés (PIA)? Anciennement, on appelait ça des plans d’intervention personnalisés (PIP), mais…

« Comment était ta journée au travail chéri? »

« J’suis crevé! J’ai fait des PIPs toute la journée... »

Le PIA, donc, est un bon outil. L’enfant se fixe des objectifs, et pour les atteindre, il utilise ses qualités. On met donc l’accent sur les forces du jeune. Malheureusement, dans certains cas, tout ce qu’on trouve dans la section « force(s) et qualité(s)», c’est que l’élève est serviable... Quoi? C’est tout? Heille! Le PIA implique l’enfant, le prof, la direction, le psychoéducateur et le parent. Tout ce beau monde signe le plan et la seule qualité qu’ils ont trouvée est que l’enfant est serviable? Ça fait peur...

Y’a un peu moins que la moitié d’une vie

Moi : « Salut J-F! Qu’est-ce que tu fais de bon? T’as des nouvelles d’Hugo? Ça fait une mèche qu’on s’est vu. »

J-F : « Tu ne sais pas? »

Moi : « ...? »

J-F : « Suicidé... Pendu dans son appartement... »

Faut-il attendre au service funéraire?

Le prêtre : « Notre défunt frère, Hugo, était un gars... heu... serviable? »

J’aimerais mettre mon fils dans ses bras... On les trouverait ses qualités.

Je n’ai jamais vraiment pris le temps de te le dire... Adieu Pierre-Hugues.


12 octobre 2006

Théologie 101

Je sais... encore cette affiche. Mais que voulez-vous? Nous sommes en présence d'une intarissable source de réflexions théologiques. Comment résister?

Cette fois, nous sommes en classe TC (trouble de comportement). En gros, cette classe est composée de deux sortes d'élèves: les délinquants et les bizarroïdes. En passant, ma définition d'une classe TC n'est pas celle du Ministère... ils n'ont rien compris.

Donc, TC, troisième cycle. Ils connaissent la comparaison des plus jeunes avec Adam et Ève. En rang, à la fin du cours.

Bizarroïde : Pointant l'affiche. "Heille... c'est Dieu."

Éducatrice : "Consigne de rang. Un crochet."

Délinquant : "Ben non épais... c'pas Dieu."

Éducatrice : "Respect de l'autre, un crochet."

Délinquant : "Tu capotes... j'ai rien dit."

Éducatrice : "Respect de l'adulte, un crochet."

Bizarroîde: "C'est Dieu pour vrai?"

Éducatrice : "Tu penses réellement que ça pourrait être Dieu?"

Moi : "Donne-lui une chance. Il doit être raëlien."

Délinquant : "C'est même pas Dieu! C'est les deux zozos qui font l'annonce de côtes levées."

Moi: "Hein?"

Éducatrice : "Il veut dire les Denis Drolet. En passant, c'est une pub de PFK."

Bizarroïde : "PFK? Hum... Moi j'aime la peau!"

Moi : "T'en fais pas... Raël aussi il aime la peau..."

Bizarroïde : "Huh?"

C'est bien la preuve que la religion dans les écoles, c'est immoral.


11 octobre 2006

Je suis honoré...

Demain, jeudi, Prof Malgré Tout s'exprime dans le Journal de Montréal (section Votre Vie). Ce qui m'a touché, c'est de la façon que le monsieur du journal a choisi pour me proposer le truc. Je cite :

"C'est Pierre-Léon, d'Un Taxi La Nuit, qui a ouvert le bal le mois dernier, suivi de la Mère Indigne et de Chroniques Blondes.
J'aimerais que tu sois le suivant
Ça te tente?"

Bordel... ce trio forme la trinité de la blogosphère québécoise. Que dire d'autre... soyez indulgents.

J'avais quelque chose à dire à un copain... ça traînait depuis un bout. J'en ai profité.

09 octobre 2006

Y'a rien là

Y'a rien comme le premier livre du clavier bien tempéré (3.99$ chez Costco!) pour me rappeler que je ne suis pas pianiste. Y'a rien comme ma guitare électrique pour me rappeler que je ne suis plus un ado. Y'a rien comme Villa-Lobos pour me rappeler que je ne pratique plus. Y'a rien comme un chaudron entre les mains de Fiston pour laisser tomber le djembé. Y'a rien comme mes chats pour me convaincre de faire une sieste. Y'a rien comme trois jours sans bosser l'automne! Emmener Fiston au parc. J'suis daltonien... rien à cirer. Putain que c'est beau!

Y'a rien comme un parc vide de parent et d'enfant par une journée pareille pour exprimer ce que c'est un quartier défavorisé. J'aurais envie de crier : " Mais vous êtes où bande de cons? Les parcs sont pleins dans les quartiers biens!"

Mais je ferme ma grande gueule. Ils ont peur. Les pauvres des riches et vice-versa. Pendant ce temps-là, les enfants sont enfermés... J'ai hâte de voir ça demain matin... après trois jours devant la télé... ça va être beau.

Y'a rien comme un prof pour chialer à une heure pareille...

06 octobre 2006

En manque

J'étais plutôt tranquille cette semaine. Effet balancier après les histoires de canons? Peut-être. Mais je pense que c'est parce que j'étais en manque. Oui... Vraiment en manque! Ce n'est pas toujours évident avec fiston dans les parages. On n’a pas toujours le goût de s'installer pour qu'au moment où on sera bien réchauffé, lorsque les sens seront aiguisés et qu'on sera prêt à passer à l'acte, il nous faille tout remballer. Plus tard peut-être... si l'inspiration est au rendez-vous.

Prendre. Caresser. Une longue improvisation. Une messe pour le corps et l'âme. Quelque chose de romantique? Plus fort? Plus brutal?!? Même les trucs clichés peuvent être efficaces dans les moments de manque...

Trop tôt. Plus tard? Trop tard. Trop fatigué? On est en appartement... mur en cartons. L'impression d'être toujours entendu. Bien sûr, j'aime me donner en spectacle. Je l'ai fait à mainte reprise. Mais pas pour les voisins. Je n'ai plus la fougue de mes 20 ans! Quoiqu'entre amis, après un souper bien arrosé, il m'arrive de sortir la guitare. C'est amusant, mais ça ne comblera jamais le manque que je ressens cette semaine. Je veux faire de la musique.

02 octobre 2006

Complicité oblige

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais je ne suis pas un "vrai prof". Je suis spécialiste en musique. Je travaille à plus long terme avec les enfants. Une espèce de marathonien qui se tape les mêmes élèves de la maternelle à la sixième année. Sauf un soir de concert — ou d'une autre manifestation hors tâche et non rémunérée — on est plutôt dans l'ombre des titulaires. Eux, ils portent la flamme. C'est des vrais. Ils enseignent les "vraies" matières. Ils sont sur la ligne de 100 mètres. On connaît leur nom de famille et on analyse leur urine. Par contre, nous, on se balance de notre nom de famille, mais ça passe mieux quand notre pipi teste positif. Un don de neurones sur l'autel de l'art. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour les jeunes...

J'vous raconte ça parce que moi et mes élèves que je connais depuis qu'ils ont quatre ou cinq ans, on a développé un truc génial : la complicité. Par exemple, j'ai raconté à mes élèves de sixième, l'histoire du canon. Après tout, ils participent au même projet et, comme Fille Probophobique n'est pas encore en sixième, y'en a pas de problème. On s'est bien bidonné et je ne me croise même pas les doigts, ils ne me "stouleront" pas. Quoi? Qu'entends-je? "C'était vrai l'histoire du canon?!?" Comment osez-vous douter de la véracité de ce blogue?

Mais enfin, c'est bien beau la complicité... quand c'est réciproque.

Petite mise en contexte : on a un forum de discussion et de création privé sur le web...

Dans le rang à la fin de la journée.

Moi : "MaSoie, j'ai remarqué que tu utilises beaucoup le forum. C'est génial."

MaSoie : "Ah, merci."

Moi : "Tu aimerais changer ton pseudo sur le forum?" (Ils doivent passer par moi pour ça. Sécurité oblige et, je l'avoue: je suis un control freak avec les élèves.)

MaSoie : "Ok. Mais je ne sais pas comment m'appeler..."

Moi : "N'importe quoi! Tant que ça n'implique pas pipi-caca-poil."

Blondinet : (Celui-là parle encore plus que moi!) "Heille Prof Malgré Tout! C'est quoi ça un nom pipi-caca-poil?" (Il le sait mais ça faisait au moins 4 minutes qu'il n'avait rien dit)

Moi : "Un pseudo comme ceux que vous avez sur MSN... sexybabykissy69. Et non, sexybabykissy68 ne passe pas non plus..."

Blondinet : "Ben là... comment elle va s'appeler d'abord?"

Moi : "N'importe quoi d'acceptable : Chef de l'univers? Reine de la planète?"

MaSoie : "Je vais y penser..." (Bon d'accord, je l'avoue, elle a dit : j'vas y penser. Mais bordel, j'ai bien le droit d'avoir quelques aspirations littéraires...

Blondinet : (Sourire machiavélique) "Moi!!! Je veux changer de pseudo!!!"

Moi : (Prêt pour n'importe quelle connerie) "Ah oui? Et qu'est-ce que ça sera?"

Blondinet : "Canon beige!"

Moi : "..." (Je n'étais pas prêt pour celle-là...)

Ce que j'aime de Blondinet, c'est qu'il n'y a que trente secondes par heure où je peux tolérer une ligne du genre et il a visé en plein dans le mille!

J'les adore!!! (mais c'est secret...)