31 août 2009

Classe combinée 101

Premièrement, il faut mettre un truc au clair : les classes combinées du premier cycle du primaire (première et deuxième années), c’est une question de fric.

Yep... C’est comme ça.

Je ne connais pas et ne peut pas imaginer une école qui choisirait de faire une combinée 1/2 pour des raisons pédagogiques. On a ce genre de classe quand il n’y a pas assez d’élèves pour faire deux classes de chaque niveau. Par exemple, si on a 28 élèves en première et 26 en deuxième. On se retrouve donc avec une classe de première (18 élèves), une de deuxième (19 élèves) et une combinée (17 élèves). Eh oui, il y a dépassement de ratio. Ne jouez pas les vierges offusquées, c’est la game.

Une décision administrative et non pas pédagogique. Un classique.

Vous doutez encore? La conseillère pédagogique de votre école vous a convaincu? Alors, si c’est si merveilleux les classes cycles, pourquoi on n’en ferait pas trois?

Donc, y a des combinées et c’est comme ça. Vous n’avez pas le choix d’accepter cette triste réalité.

Mais, y en a toujours pour qui, ce n’est pas juste. Eille chose! La vie, c’est pas juste! T’as jamais remarqué?

Bordel...

Y a plein de parents qui montent aux barricades lorsqu’ils apprennent que leur pauvre petit est dans la dite classe : la combinée!

Bon, on se calme!

Vous savez comment on fait les groupes, mais qu’on n’ose pas le dire tout haut? Bande de p’tits veinards, je vais vous le dire.

Premièrement, on forme la combinée. Le reste ira dans les classes niveau. Le reste...

Prenez les élèves les plus autonomes et les plus forts en académique et balancez-moi ça dans la combinée. Ensuite, prenez deux ou trois élèves moyens, mais très dociles. Ajoutez-y un élève à risque au niveau du comportement, mais il doit être super brillant. Voilà votre classe!

Oups... Ça a l’air louche. Tous les forts y sont. OK. On prend deux forts de chaque niveau et on les retourne dans les classes «normales». Hum... Voyons voir. Et si on prenait le cas de comportement le plus lourd et qu’on le mettait dans la combinée? Il risque de finir l’année en classe spéciale de toute façon... Si ses parents signent... Trop risqué. On ne touche pas à ça. Voilà nos trois groupes. La combinée... et le reste.

J’imagine le boss : Mais voyons! C’n’est pas comme ça qu’on forme les groupes!

Désolé patron, mais c’n’est pas vous qui les faites, les classes.

Vous voyez le portrait?

Jusque-là, y a rien de trop surprenant. C’est quand le téléphone se met à sonner au secrétariat que la situation devient absurde.

Il existe une sorte de parent assez problématique dans une école : le parent exigeant inculte.

Habituellement, le parent exigeant inculte est un de ces nouveaux riches qui se sont installés dans un quartier défavorisé. La maison est patrimoine historique, mais tellement moins chère que sur le Plateau ou à Outremont... La prostituée qui fait le trottoir au coin est sûrement aussi plus économique qu’à Westmount, mais comme le parent exigeant inculte agit habituellement en mal baisé, il n’en a rien à cirer de toute façon.

J’m’égare...

Parfois, le parent exigeant inculte n’est pas riche, car il a étudié en histoire de l’art ou qu’il est tout simplement détenteur d’un demi-bac en psycho de l’université de Trois-Rivières. Ça ne l’empêche pas d’être un parent exigeant inculte.

Quand t’as un demi-bac en psycho, peu importe l’université, ferme ta gueule. On ne veut pas le savoir.

La progéniture de l’exigeant inculte est souvent plus stimulée à la maison que le p’tit gars du quartier qui a le ventre vide pendant que sa mère fait le trottoir. Elle se retrouve donc habituellement dans la classe combinée (pas la pute, la progéniture). Le parent exigeant inculte nous demande donc de changer son enfant de classe parce que la combinée, il n’y croit pas. Malheureusement, on ne fait pas ça.

Le parent exigeant inculte insiste presque autant que lorsqu’il voulait qu’on fasse deux classes de maternelle : une pour les pauvres et une pour la marmaille des parents exigeants incultes. Oui, vous avez bien compris : le parents exigeant inculte est adéquiste.

Nous sommes inflexibles. Votre enfant est dans la combinée et il va y rester. Et vous savez quoi? La combinée, c’est la meilleure des deux classes. La plus mieux. L’autre classe, c’est l’Apocalypse au cube, mais on n’a pas le droit de vous le dire.

Pas convaincu? Le fils d’la pute au coin de la rue est dans la classe à côté: la pas-combinée.



Vos gueules!



J’vous rappelle que ce blogue est une oeuvre de fiction. Pfff... Entre deux crises de l’amiante, ça défoule.



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29 août 2009

Moi, kétaine? Pfff...

J’apprends plein de trucs futiles en faisant mon boulot. Hier, je lisais un truc sur La flûte enchantée et on y prétendait que Mozart n’aimait pas beaucoup la flûte. Personnellement, je trouve ça assez normal. Oui, même traversière, ça nous les casse.

Comme je connaissais déjà trop le concerto pour flûte et harpe, j’me suis rabattu sur le quatuor avec flûte KV285, question de voir si ça paraissait que ça lui tombait sur le système à lui aussi.

Oh surprise! Y a le thème et variations qu’il a repiqué de la grande partita! C’est assez rafraichissant de l’entendre dans cette version. La grande partita est une sérénade pour 13 instruments à vent alors que là, ils ne sont que quatre.

Et ensuite, y a ça.

Adagio du quatuor avec flûte KV285 de Mozart.








Un beau moment à passer avec une petite fille d’un an blottie au creux de l’épaule.



Vous voyez? Moi aussi j’suis kétaine.






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28 août 2009

Chose dite, chose due? Pfff!

Une autre tempête dans un verre d’eau?

On dirait bien que les ti-namis en surplus qui devaient nous quitter resteront parmi nous.

Alors, on recommence.

La ministre nous avait promis une baisse de ratio au deuxième cycle du primaire en milieu défavorisé.

On l’a, mais ce n’est pas respecté.

La ministre nous a aussi dit (c’était une promesse?) que les ratios seraient respectés.

On l’a? Voir plus haut...

En quatrième année, le ratio moyen est maintenant de 22 et le maximum de 24 par classe pour notre école. Sans même compter les cotes...

On l'a! ...et ça nous donne quoi au juste? J’pense qu’ils sont 27 dans la classe sans compter les cotes.

Une fois de plus, on a fait de la politique sur le dos des enfants, mais sur le terrain, rien n’a changé.

De toute façon, c’était cruel d’exiler des enfants du quartier. La solution coutait trop cher à court terme : trois classes de 18 élèves. Avec les cotes, ça donnerait autour de 21 élèves par classe. Le ratio moyen est de 22... Trop cher?

Pfff... Demandez-moi si je feel cheap d’aller passer le week-end à la Baie-James sur le bras de votre société d’État préférée...






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27 août 2009

Excuse(s) du jour

Dans le cadre de la rentrée progressive, les profs du préscolaire rencontraient plusieurs groupes de parents aujourd’hui. En principe, les enfants n’étaient pas invités, mais comme ce n’est pas toujours facile de trouver une gardienne, on n’est pas trop facho.

Tout de même, les parents qui débarquent avec leur marmaille nous balancent habituellement une explication. Voici les deux plus populaires :

1- «Je n’ai pas trouvé de gardienne».

C’est quand même recevable comme excuse.

2- «Il a insisté pour venir»

Sans commentaires...

On s’est fait servir ça toute la journée.

Le plus rigolo, c’est cette dame qui se pointe en vélo avec son fils, mais qui n’arrive pas à le verrouiller à un arbre et qui blasphème comme un prof de musique dans le fond d’une bouteille de single malt. Faut dire qu’elle est en retard et que l’énorme clôture en grillage idéale pour les vélos est d’une rare subtilité.

PMT : Bonjour.

La dame (qui n’arrive pas à barrer le vélo): Ostie de calice!

PMT : Ça va, je vous tiens la porte.

La dame : TA-BAR-NAK!

Et par miracle, elle réussit! Pas étonnant... elle invoquait directement les instances suprêmes.

Ma collègue : Ça vient tout juste de commencer.

La dame : Je l’sais!

PMT (saluant son fils, le pauvre...) : Salut.

La dame (comme si elle lui en voulait) : J’ai pas trouvé de gardienne pis y m’a faite une crise pour v’nir!

Ma collègue (philosophiquement): Ça va, vous n’êtes pas la seule...


T’aurais payé la gardienne pour rester seule à la maison? Pfff...





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26 août 2009

Chose dite, chose due

La ministre nous avait promis une baisse de ratio au deuxième cycle du primaire en milieu défavorisé.

On l’a!

La ministre nous a aussi dit (c’était une promesse?) que les ratios seraient respectés.

On l’a!

En quatrième année, le ratio moyen est maintenant de 22 et le maximum de 24 par classe pour notre école. Sans même compter les cotes...

On l'a!

...et vous en obtenez quelques-uns en surplus.

No vacancy.

Y a des p’tits namis qui vont changer d’école dans les prochains jours.

Mais peut-être qu’ils vont ouvrir une classe... Pfff.

En attendant, je pense que je vais arrêter de dire à mon fils que le building devant lequel on passe chaque jour est sa future école. C'est pas beau de créer de faux espoirs aux enfants.

Mais que peut-on reprocher à notre merveilleux ministère cette fois?

Chose dite, chose due.

Y'a quelque chose d'abstrait dans tout ça.

Bonne rentrée les ti-namis!








25 août 2009

Le doyen

Au secrétariat de l’école.


Dring.



Dring.



Dring.



Secrétaire : École Sainte-Jeanne-de-Marie-Joseph-de-Saint-Machin bonjour.

Secrétaire : Il est justement devant moi.

Secrétaire : PMT, c’est pour toi.

PMT : Moi? C’est qui?

Elle m’étend la chose... Heu! Je voulais dire : «elle me tend la chose».

PMT : Bonjour.

PMT : Dans quelles écoles?

Deux secondes et demie de réflexion.

PMT : Hum... Non merci.

PMT : Au revoir.

Clic.

Secrétaire : Qu’est-ce qu’ils voulaient?

PMT : Ils m’offraient un poste qui mène à la permanence.


***


Comme dirait le doyen de l’école :

«Vaut mieux être le plus permanent des précaires que le plus précaire des permanents.»



En passant, c’est moi le doyen.





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23 août 2009

Moi, puceau? Pfff...

Oups... je voulais plutôt écrire : "Moi, naïf? Pfff...".


Voilà, c'est corrigé.

Vous savez, Schubert, ce n’est pas le plus viril des compositeurs. Tout le monde sait que lorsqu’il dédiait à une élève un truc pour piano à quatre mains, ses intentions étaient purement pédagogiques...

Sans blague, j’suis en train d’essayer, une fois de plus, de balancer tous mes disques dans l’ordinateur. En passant, c’est pas mal plus long pour le classique que pour le pop. Vous ne me croyez pas?

Bon... J’suis dans Schubert et je retrouve des trucs que j’écoutais lorsque j’étais encore puceau. Pfff... C’que je pouvais être naïf. La belle meunière, il aurait dû se la faire et passer tout de suite au voyage d'hiver. Mais bon, il ne pouvait pas savoir qu'il allait choper le typhus à 31 ans.

Et y a pire encore, Le Chant du cygne (Schwanengesang). J’espère que vous n’avez rien contre les greatest hits.






Ständchen
Dietrich Fischer-Dieskau et Gerald Moore


Ständchen (ça veut dire «sérénade...)

À travers la nuit s'élève tout bas

Vers toi la supplique de mes chants; 

Ô ma mie, descends donc me rejoindre

Dans la paix du bosquet!


En un murmure bruissent les frêles cimes

Sous la clarté de la lune;

Ne crains point, mon aimée,

Que de traîtres yeux nous épient.


Entends-tu les rossignols? 

Hélas! voici qu'ils t'implorent, 

Qu'ils t'adressent en mon nom 

La douce plainte de leur mélodie. 


Ils savent ce qu'est l'ardeur,

Connaissent le mal d'amour,

Et de leur timbre argentin

Touchent chaque tendre coeur.


Que ton coeur s'émeuve de même,

Ô ma mie, écoute-moi! 

Je t'attends avec fièvre! 

Viens, comble-moi!


...


Avec fièvre, qu'il dit... C'était la passion ou le typhus?

Sans blague, je déconne, c'est super beau ce truc et la mélodie est vraiment sexy.




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21 août 2009

Luttons ensemble contre l'abrutissement intellectuel de mes élèves... et de certains collègues

Quelqu’un aurait la version sous-titrée en français du film La Flûte enchantée de Bergman? On dirait qu’en Amérique, on ne vend que celle avec les sous-titres anglais. J’ai pourtant l’impression de l’avoir déjà vu à Radio-Canada ou à Télé-Québec.

Si vous ne trouvez que les sous-titres, ça me va aussi, car je possède le DVD avec les sous-titres anglais et je suis assez bidouilleur pour faire fonctionner tout ça.

Comme mes intentions sont des plus nobles et que je travaille pour l’avancement intellectuel de l’espèce humaine, vous ne pouvez me refuser ça.

OK d'abord! J’vous paierai un verre.

Cheers




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19 août 2009

Présent

Ouais... C’est pour bientôt. Ça ne me dérange pas, car j’ai vécu plein de nouvelles expériences cet été. Par exemple, tailler ma haie de cèdres avec un sécateur électrique à jeun (c’est moi qui étais à jeun, pas le sécateur). J’n’ai même pas accroché le câble électrique une seule fois! Pas un seul choc... Pfff. J’suis vraiment agile quand j’suis sobre.

Mais c’était presque plate et sans les chocs, j’crois que je vais devoir recommencer le lithium.

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Faut dire que la fois où je nettoyais les gouttières avec un boyau d’arrosage du haut d’une échelle en aluminium qui chevauchait, sans le toucher, un câble électrique, c’était un peu plus trillant. Héhé... C’était tellement à haut risque d’électrocution que personne ne voulait tenir l’échelle.

On ne peut compter sur personne de nos jours... Pas même sur la petite voix dans notre tête.

Mais bon, j’vous les casse avec ma vie personnelle, hein?

Donc, la rentrée... Que dire? Ça ne me stress tellement pas. J’sais pas... J’ai pas ça, moi, le trac dans ce genre de truc. Peut-être que si j’enseignais à des humains, mais là, à des enfants... Ce qui me manque, ce sont les réunions et je sens qu’on va bien rigoler cette année.

Vous savez, mon patron, son dada, c’est le plan d’urgence. Y a des écoles qui ont un duotang pour le plan d’urgence; nous, on a un cartable. Pas une petite affaire; un gros rouge. Ça doit faire dans les cent pages.

On fait régulièrement des exercices de tireur fou où on doit se barricader dans les classes avec les élèves et on évacue tellement vite qu'on doit faire pipi dans un petit pot avant et après. On cherche même des pseudo-bombes cachées dans les casiers ou dans les sacs des mômes. C'est pas juste... Ce sont toujour les gens de l'entretien qui les trouvent. Des heures de plaisir... J’peux même identifier trois sortes de cloches : normale, longue, saccadée.

Le plus rigolo, c’est de savoir comment réagir en cas de pluie de météorites.

Par contre, s’il pleut de l’eau ordinaire, j’suis baisé. J’suis pas foutu d’aller chercher mes élèves au bon endroit. Après tant d’année, j’suis toujours là à les chercher partout comme un pauvre con... C’est vraiment moins de trouble les météorites.

Et voilà la grippe machin.

Yep... J’ai entendu à la radio que les gros bonnets du ministère de la Santé voudraient qu’on désinfecte les aires de travail des enfants deux fois par jour. Ça va ou bien? Quand ton aire de travail, c’est un pupitre, c’est une excellente idée, mais quand c’est un putain de djembé?

Y a ça un push-push pour peau de chèvre?

Et les xylos, bordel? J’en ai 30 dans la classe. S’il y a en moyenne 20 lames par instrument et deux mailloches, ça fait 600 lames et 60 mailloches à désinfecter deux fois par jour.

Ouch...

On ne pourrait pas juste ne pas les mettre dans notre bouche? Me semble que ça serait moins de trouble...


Bon... Faudrait bien que j’arrête de glander et que je bosse un peu. On adapte la flûte cette année.


















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