28 mars 2008

Et si c'était le contraire?

Hier, c’était rencontre de parents pour les bulletins.

Rien de neuf, juste du vieux.


Entre autres cette conversation que j’ai eue des dizaines de fois avec des parents d’élèves:


Parent : Oh! Il aime la musique! Il voudrait un xylophone pour la maison.

Moi : Vous savez, à son âge, il pourrait apprendre un instrument qui lui offrirait de plus grands défis, comme le violon ou le piano.

Parent : Mais c’est difficile, non?

Moi : C’est certain que ça prendrait des leçons privées.

Je sais qu’ils en ont les moyens.

Parent : C’est juste qu’en français et en math, il n’est pas aussi fort qu’en musique.

Moi : Raison de plus!

Parent : Comment ça?

Moi : Vous savez... les petites bolles qui jouent du piano et du violon?

Parent : Les petits génies?

Moi : Si on veut.

Parent : Il y en a qui sont vraiment doués, hein? Ce n’est pas tout le monde qui a le talent.

Moi : La musique, c’est un gym neurologique : le Nautilus Plus du cerveau!

Parent : ?

Moi : Et si ce n’était pas les petites bolles qui jouaient du violon et du piano, mais plutôt les enfants qui jouent du piano et du violon qui devenaient des petites bolles...




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25 mars 2008

Prosternez-vous devant vos maîtres incontestés

Prosternez-vous!

Nord : 9 votes

Sud : 11 votes

Je ne vous ai jamais caché que «nord» tenait pour 418. Mais, ils n’ont pas gagné. Les habitants de la ville de Québec sont donc des sous-humains. Je l’ai démontré scientifiquement et j’en suis fier. Ironie du sort : Scott Ross, le type qui joue les sonates de Scarlatti au clavecin enseignait à l’Université Laval. C’est dans le 418!

Ha-ha-ha!

Ma blonde est native de Québec. Mon fils peut donc être un semi-humain ou un sous-humain. Quelle horreur! J’aimais mieux vivre dans l’ignorance que de connaître ces moments de suspens. Jack Bauer, c'est zen comparativement à l’urbano-socio-musicologie extrême. Attendez, je me verse un scotch.

Voilà, voilà. Rien de prétentieux : un Glenmorangerie 10 ans. Ça fait quand même la job.

Donc, la sonate gagnante est celle qui a remporté la première ronde avant d’écraser la représentante de la capitale nationale. C’était pile...


Personnellement, ma préférée était la 418.

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Ben quoi? Ça n’arrive pas souvent, mais ma blonde lit parfois ce blogue. J’ai le droit de gérer ma vie sexuelle à ma façon. Quand tu te verses un scotch à 22h15 et que tu bosses le lendemain, y a rien comme un peu de démagogie bien placée.


Vous avez donc voté pour la sonate en sol mineur. Les deux autres étaient en majeur, mais vous avez cherché le trouble.




And the winner...












is...












450!










450???

Bordel que c’est castrant la science. Une chose est certaine : Dieu n'existe pas.

Y a quelqu'un qui peut me dire pourquoi les néandertaliens n'ont pas fait la peau des homo sapiens quand il était encore temps?


Mais bon, la bouteille est loin d’être vide.

Non mais quelle merde...











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21 mars 2008

And the winner is...

Pas si vite!

Voici donc les résultats de cette enquête socio-musico-urbaniste.

Pile : 15 votes

Face : 13 votes


Maintenant, comme j’avais de sérieux doutes en ce qui concerne votre objectivité, je ne vous dis pas encore laquelle est laquelle.

Vous avez maintenant le choix entre «nord»







ou

«sud»







Après ce vote, nous serons les élus qui détiennent la vérité. Nous saurons enfin qui se retrouve en haut de la chaîne alimentaire et qui mérite d’être traité comme des sous-humains. Tous ceux qui mettront en doute le caractère scientifique de ma démarche seront considérés comme des créationnistes. Gnark, gnark, gnark.

Votez!





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18 mars 2008

Répétition générale

Y a un tas de gens qui chiale : la neige sur les toits, les écoles fermées, les commissaires qui improvisent et blablabla.

Dans le fond, vous êtes juste jaloux parce qu’on est la seule commission scolaire qui a eu droit à une simulation de congé pascal.

Après quatre jours de congé, je suis maintenant prêt pour mes quatre jours de congé.


Avez-vous voté pour votre sonate de Scarlatti? Bordel! Au nom de la science: faites!

C’est le billet juste en dessous.






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14 mars 2008

Ça va faire le niaisage

Vous ne pensez quand même pas que je vais vous parler de neige, de toits et de fermeture d’école...

Non. Il y a des choses pas mal plus importantes dans la vie et comme le titre de ce billet l’indique : ça va faire le niaisage!

Tout a commencé avec ça.

Ouais... Si vous lisez attentivement, vous vous rendrez bien compte que je ne jette pas la pierre dans le 450, mais dans les commentaires, on a l'impression qu'ils l'ont reçue. Comme je n'aime pas la chicane, on va régler ça tout de suite de manière scientifique.

Voici deux sonates de Scarlatti jouées au clavecin par nul autre que Scott Ross. Il s’agit des sonates K 450 et K 514. Quoiqu’il existe plusieurs catalogues pour répertorier les 555 sonates de Scarlatti, le plus répandu est celui de Ralph Kirkpatrick, un claveciniste américain du 20e siècle. Donc, quand vous voyez un «K» devant le numéro d’une sonate de Scarlatti, ça veut dire Kirkpatrick et non pas Koechel comme dans le catalogue des oeuvres de Mozart.

Revenons à nos moutons...

K 450 et K 514. Pile ou face? Face ou pile? Good or evil...

Je ne vous dis pas laquelle est laquelle. Vous votez pour celle que vous préférez et on saura enfin qui a raison une fois pour toutes : les 450 ou les 514.

Et comme nous ne sommes pas une gang de gros fachos qui dénigre les régions, la sonate gagnante pourra se mesurer à la K 418.

Tout le monde est content?

Pile





Face





Alors, vous votez. Les insulaires auront-ils enfin raison de ces ignobles banlieusards? Pile ou face?

Pas de votes anonymes si possible. Restons scientifiques.


Petite mise à jour : Ne présumez pas que la première est K 450 et la seconde K 514. Je les ai peut-être inversées... ou peut-être pas. Répondez par pile ou face. Et les petits malins qui ont les partitions à la maison, jouez donc le jeu au lieu d'aller voir laquelle est laquelle.











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10 mars 2008

Petite pause, le temps d'un soupir

Dans le même ordre d’idée que ça.

Un gardien de sécurité après une nuit sans électricité :

«Je suis tout croche parce que j’ai passé une nuit blanche à faire mes rondes dans le noir.»

Pfff...






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08 mars 2008

Un beau coffret

J’ai des oreilles de la fin du vingtième et du début du vingt-et-unième siècle.

Je ne suis pas un puriste.

Peu importe mes goûts musicaux, la plus grande partie de la musique que j’ai entendue est métronomique. Ce que je veux dire par là, c’est que la pulsation est stable. Que ce soit Rage Against The Machine, Bob Marley ou Loco Locass, sauf pour quelques exceptions, ils pourraient jouer leurs trucs avec un métronome.

Ce n’est ni un défaut, ni une qualité. C’est comme ça, c’est tout.

Dans la musique dite «ancienne», les recherches en musicologie nous poussent à croire que la pulsation était beaucoup plus fluctuante. La musique devait respirer...

Cette façon de jouer est certes très attrayante. C’est souvent moins exigeant techniquement, mais c’est aussi beaucoup plus proche du langage parlé. Y a seulement un problème : nous sommes en 2008.

Je ne pense pas qu’il faut nécessairement interpréter Bach et ses prédécesseurs d’une façon métronomique. Je crois seulement qu’il faut faire la part des choses. Nous jouons sur des instruments modernes, avec une technique moderne. Nous avons évolué. Nous enregistrons les oeuvres et une interprétation risque d’être entendue plusieurs fois par le même auditeur. La musique dite «savante» doit être viable en dehors d’un contexte muséologique.

Il y a eu une grosse vague de puristes dans les dernières décénies. Des gens qui ont vraiment eu le souci de reconstituer la musique baroque telle qu’elle était interprétée du temps de sa composition. Je tiens à les remercier sincèrement, mais... on est en 2008, bordel.

Ce que je veux dire, c’est qu’on n’a pas besoin d’avoir les cheveux gras, des bas bruns et de tuer nous-mêmes le mouton pour fabriquer nos cordes à partir de ses intestins pour jouer du Bach.








Johann Sebastian Bach
Prélude de la sixième suite pour violoncelle seul
BWV 1012
Jean-Guihen Queyras, violoncelle

Il utilise bien la réverbération de la salle, hein?

Je ne prétends pas que c’est la meilleure version des suites, mais moi, c’est ma préférée.

Et cette fois, ce n’est pas cher du tout. Pour moins de 25 balles, vous avec deux disques avec toutes les suites et un DVD où on peut le voir interpréter la troisième.

Pas convaincu? Mon fils de deux ans et demi me demande régulièrement: «veux ga’der viloncelle» et pourtant, c’est un tripeux de camion à ordure.

En plus, le coffret est très beau.








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06 mars 2008

Constatation troublante

Avez-vous déjà remarqué que les gros épais ne savent pas qu’ils sont en fait... de gros épais?

Pire encore : ils pensent habituellement qu’ils sont plutôt intelligents.

Donc, il nous est impossible d’avoir la certitude que nous ne sommes pas l’un des leurs.

Fascinant, n'est-ce pas?






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03 mars 2008

«Donne-moi du lard, je te dis. Donne-moi du lard!»

Ah oui? Vous trouvez ça drôle qu'Iseult meurt devant le cadavre de son mec? Et bien, riez! Mais l’opéra, ça peut aussi être très sérieux. Dans ce que vous allez entendre aujourd'hui, le compositeur rejette totalement les bases de l’opéra tel que nous le connaissons. Eh oui...

Il ne s’agira pas cette fois d’un ténor qui veut coucher avec une soprano, mais en est empêché par une basse jalouse qui ne se doute pas que le baryton et la mezzo sont de mise avec le ténor et qu’en réalité, il n’a pas d’ami et personne ne l’aime alors que c’est les ténors qu’on devrait mépriser... Trop prévisible tout ça. On veut du neuf!

Et bien, ne reculant devant rien, Francis Poulenc nous offre "Les Mamelles de Tirésias". Il pousse même l'audace jusqu'à adapter lui-même la pièce d'Apollinaire.


Vous allez voir, c’est une histoire toute simple.

Prologue

On s’en fout! Rien à cirer!

Acte 1

Thérèse en a marre d’être une femme soumise, mais voilà qu’un beau jour, ses seins se transforment en ballons et s’envolent au loin. Comme son mari n’est pas très compréhensif et refuse de collaborer, elle le ligote et le travestit.

Commencez-vous à être excités?

Comme la barbe lui pousse, Thérère devient le Général Tirésias et part à la conquête du monde. Le mari ne voit qu’un espoir pour repeupler la France : tomber lui-même enceinte!

Entre-temps, y a des gens qui meurent et qui reviennent en vie, mais ce n’est d’aucun intérêt. Nous ne sommes pas des pervers tout de même.

Acte 2

Le mari a mis bas à 40049 bébés en une seule journée! La France est sauve, mais y a un petit problème... Un gendarme se pointe pour annoncer que les habitants de Zanzibar manquent de bouffe et que c’est sa faute. Une diseuse de bonne aventure se pointe et prédit que le mari sera multimillionnaire, tandis que le gendarme crèvera pauvre. Frustré, ce dernier tente de lui passer les menottes, mais elle l’étrangle. Vous l’avez deviné! La diseuse de bonne aventure n’était nulle autre que Thérèse qui vient pour se réconcilier. En guise de finale, le couple entonne un air plein d’espoir :

Ecoutez, ô Français, les leçons de la guerre
Et faites des enfants, vous qui n'en faisiez guère
Cher public: faites des enfants!


Je pense que le message est clair : tout le monde tous nus!


Voici le premier air de Thérèse chanté par Nathalie Dessay.








Il faut l'écouter avec le texte!

Thérèse


Non Monsieur mon mari
Vous ne me ferez pas faire ce que vous voulez
Je suis féministe et je ne connais pas l’autorité de l’homme
Du reste je veux agir à ma guise
Il y a assez longtemps que les hommes font ce qui leur plaît
Après tout je veux aussi aller me battre contre les ennemis
J’ai envie d’être soldat une deux une deux
Je veux faire la guerre et non pas faire des enfants
Non Monsieur mon mari vous ne me commanderez plus
Ce n’est pas parce que vous m’avez fait la cour dans le Connecticut
Que je dois vous faire la cuisine à Zanzibar

Voix du mari

Donnez-moi du lard je te dis donnez-moi du lard

Thérèse

Vous l’entendez il ne pense qu’à l’amour

Mais tu ne te doutes pas imbécile
Qu’après avoir été soldat je veux être artiste
Parfaitement parfaitement
Je veux être aussi député avocat sénateur
Ministre président de la chose publique
Et je veux médecin physique ou bien psychique
Diafoirer à mon gré l’Europe et l’Amérique
Faire des enfants faire la cuisine non c’est trop
Je veux être mathématicienne
Groom dans les restaurants, petit télégraphiste
Et je veux s’il me plaît entretenir à l’an
Cette vieille danseuse qui a tant de talent

Voix du mari

Donnez-moi du lard je te dis donnez-moi du lard

Thérèse

Vous l’entendez? Il ne pense qu’à l’amour

Mais il me semble que la barbe me pousse
Ma poitrine se détache

Elle pousse un grand cri et entr’ouvre sa blouse dont il en sort ses mamelles, l’une rouge, l’autre bleue et, comme elle les lâche, elles s’envolent, ballons d’enfants, mais restent retenues par les fils.

Envolez-vous oiseaux de ma faiblesse
Et caetera
Comme c’est joli les appas féminins
C’est mignon tout plein
On en mangerait

Mais trêve de bêtises
Ne nous livrons pas à l’aéronautique
Il y a toujours quelque avantage à pratiquer la vertu
Le vice est après tout une chose dangereuse
C’est pourquoi il vaut mieux sacrifier une beauté
Qui peut être une occasion de péché
Débarrassons-nous de nos mamelles

Qu’est-ce à dire...
Non seulement ma barbe pousse mais ma moustache aussi

Eh diable
J’ai l’air d’un champ de blé qui attend la moissonneuse mécanique

Je me sens viril en diable
Je suis un étalon
De la tête aux talons
Me voilà taureau
Me ferai-je torero?
Mais n’étalons
Pas mon avenir au grand jour
Héros, cache tes armes
Et toi mari moins viril que moi
Fais tout le vacarme
Que tu voudras



Quelle femme!!! C'est succulent lorsqu'il lui dit : "donne-moi du lard" et elle de répondre : "il ne pense qu'à l'amour...". Ça ne vous fait pas penser à Boris Vian, vous?

Bordel! Je n'ai même pas parlé de moi...

À l’université, c’est une bonne copine qui accompagnait les chanteurs et comme ça me garantissait un bon coup de rouge sur le bras après le concert, j’étais son tourneur de pages attitré. Cet air était très populaire ces années-là et devinez qui se levait pour chanter la réplique du mari...


"Donne-moi du lard, je te dis! Donne-moi du laaaaaaaaaard!"





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02 mars 2008

Mild und Leise

Devant Iseult gît le cadavre de son bien-aimé. Le croit-elle vivant ou c’est la certitude de le revoir une fois le voile tombé?

Déni? Je ne crois pas...









Que son sourire est
doux et léger,
comme il ouvre les yeux :
le voyez-vous, amis ?
Ne le verriez-vous pas ?
Comme il brille
de plus en plus radieux,
de plus en plus puissant,
environné d'étoiles,
ne le verriez-vous pas ?
Comme son coeur se gonfle
vaillamment, et plein et sublime
bat dans sa poitrine !
Comme de ses lèvres
une douce haleine,
délicieuse, suave,
s'échappe doucement :
amis, voyez !
ne le voyez-vous pas ?
ne le sentez-vous pas ?
Suis-je seule
à entendre cette mélodie
qui, si légère,
si merveilleuse,
soupirant de bonheur,
disant tout avec douceur,
douce et conciliante,
s'échappe de lui,
prend son élan,
me pénètre
et de son timbre gracieux
résonne autour de moi ?
Ces voix plus claires
qui m'environnent,
sont-ce les ondes
de brises suaves ?
Sont-ce des flots
de parfums délicieux ?
Comme ils se gonflent,
comme ils m'enivrent,
dois-je respirer ?
dois-je regarder ?
Dois-je savourer,
m'y plonger,
doucement,
dans ce parfum
m'évaporer ?
Dans la masse des vagues,
dans le tonnerre des bruits,
dans le Tout respirant
par l'haleine du monde,
me noyer,
m'engloutir,
perdre conscience,
volupté suprême !



Puis, elle meurt.



Richard Wagner, Tristan und Isolde
Mild Und Leise Wie Er Lächelt
Birgit Nilsson, soprano

Comme je ne me sentais pas d’attaque pour recopier la traduction du coffret, j’en ai déniché une ici. Son dernier billet, il y a plus de trois ans... Troublant, hein?









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