28 avril 2007

Grandeur d'âme?

En 1899, Arnold Schönberg est amoureux. Comme il est trop fauché pour payer une douzaine de roses à sa nouvelle conquête, il lui compose un sextuor d’après un poème qu'il n'a pas écrit...









Deux êtres marchent à travers le bosquet froid et nu;

La lune les accompagne, ils la regardent.

La lune court au-dessus des grands chênes;

Aucune nuée ne trouble la lumière du ciel,

dans laquelle s'élancent les noires cimes.


La voix d'une femme dit:


Je porte un enfant, et il n'est pas le tien,

Je suis dans le péché en étant prêt de toi.

J'ai commis une grande faute envers moi-même.

Je ne croyais plus au bonheur

Et pourtant j'avais grand désir

D'une vie qui ait un sens, des joies de la maternité,

De ses devoirs; c'est pourquoi j'ai osé

Me donner en tremblant à un étranger.

Je l'ai vécu comme une bénédiction.

Voilà que la vie s'est vengée,

Maintenant c'est toi que j'ai rencontré.



Elle marche à pas hésitants.

Elle regarde vers le ciel, la lune les accompagne.

Son regard sombre se perd dans la lumière.


La voix d'un homme dit:


L'enfant que tu as conçu

Ne doit pas être un fardeau pour ton âme.

Oh vois, de quelle clarté brille l'univers!

Tout resplendit autour de nous,

Tu vogues avec moi sur une mer froide,

Et pourtant une chaleur vibrante

Passe de toi à moi, de moi à toi.

Elle transfigurera l'enfant étranger,

Tu le mettras au monde pour moi, par moi.

Tu m'as apporté la splendeur,

Tu as fait de moi-même un enfant.



Il enlace ses fortes hanches.

Leurs souffles se mêlent dans un baiser.

Deux êtres marchent dans la nuit vaste et claire."







Qu’est-ce qu’Arnold essayait de dire à sa dulcinée?

-Même cocu, je t’aimerai?

-Grosse? Mais où vas-tu chercher des idées pareilles? (à propos des fortes hanches)

Pfff... Oeuvre de jeunesse...


J'entends déjà ma blonde : "Lui au moins, il était romantique..."




Arnold Schönberg: La nuit transfigurée/ Verklärte Nacht Sextuor Opus 4

Le Quatuor Talich avec Jiri Najnar et Vaclav Bernasek en renfort.

Le poème est de Richard Dehmel, un pote d'Arnold.









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26 avril 2007

Liste

Après avoir auditionné des enfants pour un enregistrement vocal, il ne faut pas confondre «black list» et «liste de blacks». Ça ne sonne pas du tout pareil...


En parlant de liste, avez-vous entendu Marc-André Hamelin jouer Liszt? (Ben oui, Liszt ce prononce tout simplement "liste". C'est le fun que j'en parle hein?)

Franz Liszt : Rhapsodie Hongroise No 2








Marc-André Hamelin, piano... et il a écrit la cadence finale... il est vraiment cinglé ce type.



Marc-André Hamelin, c'est le meilleur pianiste québécois.





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24 avril 2007

Pas "ethically correct"

C'est croche de penser que les noirs préfèrent les blanches bien rondes...

Faut bien que je prenne une pause, le temps d'un soupir.









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23 avril 2007

Statue (The return)

Ce matin, pendant les cinq minutes que j'ai entre deux cours, j'ai déniché un livret de Don Giovanni en français sur le Web. Quand la classe suivante est arrivée (combinée 3-4), j'écoutais l'extrait.

Les enfants avaient entendu parler de Don Juan, la comédie musicale que je ne connais pas et demandé moi si ça me fait quelque chose...


Moi : Ah oui... le truc au théâtre Saint-Denis.

Un élève : Je l'ai vu!

Moi : Et laisse-moi deviner... Ça se termine bien pour Don Juan?

L'élève : Hein?

Moi : À la fin, il meurt Don Juan?

L'élève : Ben non voyons...

Moi : Ben moi, dans la version que je connais, il brule en enfer.

La classe : Cool!

Moi : Ouais! Y a plein de démons qui viennent pour l'emmener, mais leur chef, c'est une statue.

Un élève : Hein? Des démons? Une statue?

Moi : Ouais... une statue méchante! Elle vient pour faire la peau à Don Giovanni!

Un élève : Yes!!!

Moi : Je vous raconte l'histoire... avec les démons?

La classe : Oui!!!

Moi : Hum... je ne suis pas certain... ça peut vous faire peur.

La classe (chaotique): Cool! Pitié! S'il te plait. On n’a pas peur!!! T'es le plus beau, le meilleur... etc.

Moi : Bon bon d'accord... Blablabla (je raconte l'histoire). Voulez-vous entendre le bout quand la statue vient chercher Don Giovanni?

La classe: Oui!!!

Et je leur commente le tout au fur et à mesure. 5 minutes 33 d'opéra, le volume grimpé à fond pour bien entendre l'orchestre et une classe d'élève pendue à mes lèvres.

Le rythme pointé qui accompagne la statue, Leporello qui transpire la peur tout en restant drôle et Don Giovanni, quel coq... jusqu'à ce qu'il touche la main de la statue. J'n'ai aucun mérite, tout est là.

Merci Mozart, you're the man!




Je VEUX des billets!

Et comme je vous aime bien, voici le texte en français.

Pump up the volume!





















































































































































Selon mes élèves, c'est trop cool...

Je VEUX des billets!!!!









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21 avril 2007

Statue

Dans Don Giovanni de Mozart, le père de Donna Anna (une soprano dont la candeur de jeune fille est menacée par le ténor Don Ottavio) est tué par nul autre que Don Giovanni (eh non, il n'est pas ténor... n'empêche qu'il aime bien les sopranos lui aussi... et les mezzos).

Redrum, redrum...

Dans le deuxième acte, ce père trouble fête (c’est vrai, on en a assez des basses qui empêchent les ténors de se faire les sopranos...), revient d'outre-tombe sous les apparences d'une statue pour hanter ce pauvre Don Giovanni. Comme les chanteurs ne sont pas toujours très athlétiques, on attend parfois au tout dernier moment avant que le chanteur ne prenne la place de la statue...

Comme vous avez été sages, voici ma blague d’opéra préférée :

Comment fait-on pour savoir si le chanteur a pris la place de la statue?


La statue a l’air «stiff».


C’est plus fort que moi... À chaque fois que je la relis, j’me bidonne.



J’aime bien aussi celle du mélomane et de sa disquaire:

Mélomane : Bonjour, avez-vous Le Trouvère?

Disquaire : Non, je n’ai pas Verdi.


Mais comme je suis un être dont le bon goût n’a d’égal que le raffinement, je préfère celle de la statue.

Ah oui, j'oubliais. Vous ne le savez pas encore, mais vous comprenez l'italien! Aussi, allez-y molo avec le volume, ça commence fort. Faut quand même bien ouvrir les oreilles parce que l'orchestre fait toute la job... Les chanteurs sont là seulement parce que les instruments ne sont pas (encore) capables de dire des mots. L'opéra, c'est de la musique, pas un sport vocal, bordel.

W.A. Mozart : Don Giovanni, un peu avant la fin de l'acte 2


Trois personnages

Don Giovanni
Leporello (le valet)
La statue (le revenant du père de la soprano que le ténor voulait s'envoyer au début du billet)


Il Convitato di Pietra e detti









LA STATUA:
Don Giovanni, a cenar teco
M'invitasti e son venuto!

DON GIOVANNI:
Non l'avrei giammai creduto;
Ma farò quel che potrò.
Leporello, un altra cena
Fa che subito si porti!

LEPORELLO
(facendo capolino di sotto alla tavola):
Ah padron! Siam tutti morti.

DON GIOVANNI
(tirandolo fuori):
Vanne dico!

LA STATUA
(a Leporello che è in atto di parlare):
Ferma un po'!
Non si pasce di cibo mortale
chi si pasce di cibo celeste;
Altra cure più gravi di queste,
Altra brama quaggiù mi guidò!

LEPORELLO:
(La terzana d'avere mi sembra
E le membra fermar più non so.)

DON GIOVANNI:
(Parla dunque! Che chiedi! Che vuoi?

LA STATUA:
Parlo; ascolta! Più tempo non ho!

DON GIOVANNI:
Parla, parla, ascoltandoti sto.

LA STATUA:
Tu m'invitasti a cena,
Il tuo dover or sai.
Rispondimi: verrai
tu a cenar meco?

LEPORELLO
(da lontano, sempre tremando):
Oibò;
tempo non ha, scusate.

DON GIOVANNI:
A torto di viltate
Tacciato mai sarò.

LA STATUA:
Risolvi!

DON GIOVANNI:
Ho già risolto!

LA STATUA:
Verrai?

LEPORELLO
(a Don Giovanni):
Dite di no!

DON GIOVANNI:
Ho fermo il cuore in petto:
Non ho timor: verrò!

LA STATUA:
Dammi la mano in pegno!

DON GIOVANNI
(porgendogli la mano):
Eccola! Ohimé!

LA STATUA:
Cos'hai?

DON GIOVANNI:
Che gelo è questo mai?

LA STATUA:
Pentiti, cangia vita
È l'ultimo momento!

DON GIOVANNI
(vuol sciogliersi, ma invano):
No, no, ch'io non mi pento,
Vanne lontan da me!

LA STATUA:
Pentiti, scellerato!

DON GIOVANNI:
No, vecchio infatuato!

LA STATUA:
Pentiti!

DON GIOVANNI:
No!

LA STATUA:
Sì!

DON GIOVANNI:
No!

LA STATUA:
Ah! tempo più non v'è!

(Fuoco da diverse parti,
il Commendatore sparisce,
e s'apre una voragine.)

DON GIOVANNI:
Da qual tremore insolito
Sento assalir gli spiriti!
Dond'escono quei vortici
Di foco pien d'orror?

CORO di DIAVOLI
(di sotterra, con voci cupe):
Tuo a tue colpe è poco!
Vieni, c'è un mal peggior!

DON GIOVANNI:
Chi l'anima mi lacera?
Chi m'agita le viscere?
Che strazio, ohimè, che smania!
Che inferno, che terror!

LEPORELLO:
(Che ceffo disperato!
Che gesti da dannato!
Che gridi, che lamenti!
Come mi fa terror!)

(Cresce il fuoco, compariscono diverse furie,
s'impossessano di Don Giovanni
e seco lui sprofondano.)



Ça torche hein?

Ok... En gros... Suite à l'invitation de notre coureur de jupons préféré, la statue se pointe pour souper. Don Giovanni n'est pas très impressionné au départ, mais Leporello, son serviteur, a vraiment la trouille. La statue refuse de manger et invite Don Giovanni à son tour. Le pauvre accepte et prend la main de la statue (quel con!). La scène se transforme en enfer et Don Giovanni disparaît dans l'abîme.

Intéressant de comparer le débit entre les différents personnages. Il s'avait ce qu'il faisait Mozart... pas de doute.



...

18 avril 2007

Chère Michelle

Chère Michelle,

J’espère sincèrement que vous saurez être une source d’inspiration pour tous les enseignants et que vous aurez plus de profondeur que votre prédécesseur. N'ayez crainte: ça risque d’être assez facile. C’est depuis que je me suis penché sur son cas que je comprends l’importance et la nécessité du développement des compétences transversales chez tous les individus et plus particulièrement, les futurs ministres de l’Éducation.

La balle est maintenant dans votre camp. Non, ce n'est pas pour ça que je me promène avec une batte de baseball. On n’est pas vraiment violent, mais on vous attend quand même avec une brique et un fanal, vous et votre renouveau démagogique. Alors, si vous voulez nous donner des leçons, j’espère que vous avez bien fait vos devoirs.

En passant, il ne suffit pas de fermer les yeux deux minutes pour comprendre ce que c’est qu’être aveugle. Ça fait que laisser donc faire les visites médiatisées dans les écoles pauvres et écoutez un peu ce que les principaux acteurs du monde de l’éducation ont tenté par tous les moyens possible de faire entendre à ce pauvre Jean-Marc.

Welcome to Hell darling! Eh oui, je suis bilingue (I have two tongues).


Bon... d’accord. J’arrête de déconner.

Bienvenue Madame Courchesne. Y en aura pas de facile. Ni pour vous, ni pour nous. J’aimerais quand même qu’on soit amis, car après tout, on est tous dans le même bateau (sauf que vous, vous êtes en première classe... oups... je voulais dire : «première de classe» ou même «de première classe»... whatever...)

Bonne chance... sincèrement. Les enfants qui ne peuvent pas se payer l’école privée ont besoin de vous.


Un éventuel fervent et dévoué admirateur

Prof Malgré Tout


Une petite toune avec ça?









W.A. Mozart : Ouverture de l’opéra Don Giovanni
Royal Concertgebouw Orchestra
Nikolaus Harnoncourt


En passant Madame la Ministre, je VEUX des billets pour Don Giovanni... et si vous promettez d’être sage, je vous raconterai peut-être la blague de la statue!













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Minuit trente...

Vous trouvez que j'écris moins ces temps-ci? Ben vous avez raison!

Je travaille sur le disque des élèves du projet... Minuit trente et je suis encore là à bosser comme un con. Ben quoi? Petit pépin technique oblige et je veux que ça soit prêt pour l'expo-école, dans deux jours. Ensuite, le rush finale.

C'n'est pas un petit show de gymnase le truc qu'on prépare. On va se taper près de 5000 spectateurs en deux jours. Vous comprenez qu'ils seront supérieurs en nombre, alors, on a intérêt à faire un bon show.

Vous voulez savoir où et quand?

Et l'anonymat des élèves, qu'est-ce que vous en faites?

De toute façon, on affiche complet les soirs.

Sur un air de Boris : "J'suis snob... j'suis snob... c'est ça l'seul défaut que j'gobe..."

En passant, j'ai demandé à la prof de Bobby qu'est-ce qui lui a fait prendre conscience de sa situation. Oui, oui... juste pour satisfaire votre curiosité, Ô Blondissime Chroniqueuse...

L'âge. Eh oui... Il a pris un coup de vieux notre Bobby. Juste ça.





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16 avril 2007

Des p'tits cons... rien de plus

Je ne vous parle presque jamais des élèves méchants. Vous savez, ceux qui mettent leur chat dans le micro-onde ou qui dissèquent leur hamster sans anesthésie préalable.

Je pourrais leur trouver des surnoms, comme à Fille Probophobique, Bobby, Sam et les autres que je vous ai présentés jusqu’à maintenant.

Je pourrais vous raconter ce que l'un d’eux m’a raconté aujourd’hui: après une nuit en «prison» (lire «au poste»), le juge l’aurait placé en «centre».

Mais attention! Ce n’est pas un con! Il comprend pourquoi il en est là... Il admet lui-même qu’il a fait une grosse connerie : battre sa mère à coup de ceinture.

Je pourrais vous raconter... Vous dire qu’en réalité, il n’est pas coupable et qu’il porte les symptômes de son milieu. Je pourrais prendre sa défense : «comme il est le maillon le plus faible de la chaîne, c’est donc lui qui est le plus symptomatisé et blablabla...»

Mais non... ce n’est pas d’eux que je vous parle. Ça leur ferait trop plaisir.


***

Ce matin, y a un sale connard qui est entré dans son école pour buter un tas de gens. Il n’a pas trop mal réussi... 32 morts et 20 blessés?

On va décortiquer sa dynamique familiale, relancer le débat sur les armes à feu, blâmer la télé et internet, proposer la crucifixion des créateurs de jeux vidéo, exiger le pal pour son groupe rock préféré, mais pire que tout...

... on va parler de lui.

C’est ce qu’il voulait. C’est ce que voudront les prochains p’tits cons de son espèce. Et comme notre société souffre de voyeurisme chronique, c’est ce que nous voulons aussi.

Ben moi, j’embarque pas. Je ne veux pas le savoir son nom.

Je ne me souviens même plus du nom du p’tit con de Dawson... Vil Killer? Killer Gill? Vilmer Kill? Je ne m’en souviens plus et c’est normal parce que quand tu fais un truc du genre, t’es un «nobody».





...

10 avril 2007

Oiseau de feu

Ce matin, en TC premier cycle, on se tape un extrait de Fantasia 2000 : le truc qu'ils ont fait sur L'oiseau de feu de Stravinsky. Rien à voir avec le récit original, mais c'est efficace et il y a un très beau message. À un moment, un énorme Oiseau de feu (tendance volcan destroy) s'en prend à une pauvre petite fée qui n'a pour but que de répandre le printemps après un long hiver. La bibitte fait normalement peur aux enfants...

On est tous rassemblés devant un écran d'ordinateur sans lecteur DVD. Heureusement, votre humble serviteur sait bidouiller un VCD. On peut donc écouter des films en classe. Mais c'est la première fois de l'année, car on est là pour jouer. Je suis facho? Vous ne pouvez même pas imaginer...

Tout est calme au fond du volcan. L'esprit du printemps s'approche d'un étrange rocher. Sforzando (ça serait un pléonasme de mettre un point d'exclamation ici)... Et puis zut! Sforzando!!! L'Oiseau de feu s'éveille et c'est le début de la dance infernale. Je m'en sers toujours pour illustrer les accents. Ce n’est pas jojo du tout, mais ça fait la job.

Sam (il est maintenant en TC) : Cool!

Un autre p'tit caïd : Wow! Y'est hot l'Oiseau de feu.

Ma main au feu que son jeu de mots est involontaire, contrairement au mien.

Un autre : Yo! Y va la tuer!!!

Ensemble : Cool!

J'en suis bouche bée. Normalement, les enfants sont traumatisés et ne disent rien. Mais qui sont ces enfants? Font-ils seulement la distinction entre le bien et le mal? C'est drôlement questionnant comme réaction.

D'accord, d'accord... Je l'admets. Je suis mort de rire et moi aussi, elle m'énerve la petite nymphe avec son printemps à la con. Kill it you stupid bird!

Redrum... redrum... Weeeeeeeeennnnnnndy?

C'est à ce moment qu'une autre bête vient à la rescousse. Une petite araignée descend du plafond et vient se percher au-dessus de l'ordinateur.

Sam (il panique): Heille!

Un autre : PMT! Une araignée!

Le caïd : PMT???

Moi : Quoi?

Le caïd : Est-ce que je peux la tuer?

Un autre : Heille non! Moé! Moé m'a la tuer!!!

Petite puce : Non!!!

Les gars : Oui!!!

Désolé Igor Stravinsky, mais tu ne fais pas le poids. Vous non plus les gars des vues. On a droit à du "live" ici!

Moi (j'aimerais bien revendiquer le droit de tuer l'insecte, mais bon...) : Désolé de devoir refouler vos instincts sanguinaires les gars, mais moi, je les aime bien les araignées. (Pffff...)

La classe : ???

Moi : Elle fait maintenant partie de mon équipe avec Roger et la roche, et vous connaissez le règlement, tu parles de quelqu'un dans la classe, tu perds une étoile.

Un élève : Sauf si l'élève a mis sa baguette dans une oreille et qu'elle ressort de l'autre côté avec des morceaux de cerveau.

C'est mon exemple préféré pour illustrer un cas de force majeure. Mea culpa.

Moi : Ça va de soi. C'est le gros bon sens. C'est très salissant du cerveau.

Un élève (très sérieusement) : Ouais... c'est vraiment salissant.

Avouez qu'ils sont cool!!! J'aime ça moi un gang de TC!


Coda

En passant, leur prof est une ortho. Une fichue bonne joueuse de Monopoly!

OK. Je me suis peut-être mal exprimé à la fin d'un billet précédent. Je n'ai que du respect pour les orthos qui enseignent en TC et en DGA (ou dans toute autre classe à clientèle particulière).

Ortho qui enseigne = respect de PMT. Je peux même payer la bière... parfois.

Ortho qui lit des dossiers et joue au Monopoly pour trouver qu'on a besoin de plus de tests=incompréhension de PMT. Vous ne voulez vraiment pas prendre une bière avec moi.

Aux orthos qui enseignent, mes excuses les plus sincères...

Bordel, je ne peux quand même pas me mettre à dos la personne la plus cultivée de l'école... Pitié! Ne me quitte pas...

Le prochain qui passe un commentaire poche sur les orthos va avoir affaire à moi et à ma fidèle araignée. C'est clair?


Et n'oubliez pas, c'est très salissant du cerveau, vraiment salissant.








Igor Stravinsky : L'oiseau de feu.
Danse infernale du roi Kastchei

LSO, Abbado







Tous ensemble les enfants: redrum! redrum!




09 avril 2007

Réduire, réutiliser, recycler

Réduire

Ouais... À ce qu'il parait (et c'est vrai), Bach a écrit quatre grands oratorios sur la Passion du Christ. Pourquoi quatre? Facile. Un par évangéliste et non, il n'avait pas lu le Da Vinci's code. Ce n'est donc pas la peine de chercher la Passion selon Marie-Madeleine ou selon Garfield. Le plus moche, c'est que ce n'est pas la peine non plus de chercher les Passions selon saint Luc ou saint Marc, car elles ont disparu. On est réduit à Jean et Matthieu. Snif-fe, Sni-fe.

Réutiliser

J'imagine un rosbif enveloppé dans les premières mesures de la Passion selon saint Luc.... De quoi devenir végétarien, mais y a pire comme scénario...

Recycler

Des musicologues ont tenté de reconstituer la Passion selon saint Marc en utilisant des bribes retrouvées ici et là et en puisant dans les cantates pour remplir les trous. Je n'ai jamais entendu ce que ça donne. J'ai trop peur d'être déçu.







Ça fait plusieurs fois que je vous casse les pieds avec "La Passion selon saint Matthieu" de Bach. Aujourd'hui, je vous propose une accalmie. Voici donc le premier choeur de "La Passion selon saint Jean". J'aimerais vous faire entendre la version de Ton Koopman qui me laisse sans mot... Malheureusement, je ne la possède pas et l'extrait que je veux n'est pas disponible sur Apple Store, comme d'habitude. Grrrr...

En passant, c'est long les Passions. Jean tient sur deux disques alors que Matthieu en nécessite trois.


Passion selon saint Jean, le premier choeur, juste avant que Judas vende Jésus... (C'est quand même bizarre, on dit toujours de louer le Seigneur, mais eux, ils l'ont acheté... Y sont business les Juifs!)








Staatskapelle Dresden, Peter Schreier.

C'est quand même très bon... mais Koopman is da man.




...

06 avril 2007

Bobby, requiescat in pace

La pire chose qui pouvait lui arriver s'est produite: Bobby sait.

Le caïd que lui reflétait son miroir n'est plus. RIP. Celui qui se croyait au top de la chaîne alimentaire n'est plus. Celui qui traite tout le monde d'épais, qui a dit à sa prof de maternelle qu'elle avait un gros cul, qui bouscule les plus petits et qui trouve ça drôle quand quelqu'un se fait mal.... Oui, lui. Il n'est plus. Le petit gars à cause de qui votre petite fille arrivait de l'école en pleurant, à cause de qui elle vous demandait ce qu'est une pute, une salope. Il n'est plus.

Il n'est plus, car maintenant, il sait.

Il sait qu'il est con, qu'il est rejet. Il pensait que les autres ne voulaient plus jouer avec lui parce qu'ils étaient trop épais, et que lui, Bobby, était trop fort pour eux. Maintenant, il sait.

J'ignore par quel phénomène. Pâques = intervention divine? Peut-être va-t-il ressusciter? Peu importe, car il a compris et ça lui fait mal. Quand on sait d'où il vient, quand on connaît ses capacités intellectuelles, quand on connaît son père... on ne peut lui en vouloir. On peut seulement être triste pour lui.

Maintenant, il s'en ronge les lèvres avec la langue. Vous avez bien compris. Les lèvres avec la langue. C'est pas beau à voir...

Ce que je lui souhaite? Changer d'école au plus vite...





...

03 avril 2007

Que tous ceux en faveur de l'abrutissement général...

Que brille, que gronde, qu'éclate et frappe la foudre!
Enfer, sombre abîme, redouble ta rage,
renverse, écrase, dévore d'un soudain courroux
l'indigne, le traître,
le bras criminel.


J.S. Bach, Passion selon Saint Matthieu









C'est approximativement mon état d'âme actuel... à la fin de l'extrait. J'ai laissé le duo soprano-alto parce que c'est beau. mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est la section finale alors que les choeurs (ça en prend vraiment deux) sont vraiment dans le piton. Pour pleinement profiter de la fin, il faut grimper le volume un peu et s'imaginer la face du membre du Conseil du trésor que vous méprisez le plus. On pense tous à la même face hein?

Ça parle de Jésus un peu après qu'il fut vendu...? Trahi? Négocié? Que voulez-vous? On lui a préféré quelqu'un qu'on comprenait mieux. Non... je ne compare pas Barrabas à Dumont et Jésus à Boisclair. C'est seulement la clarté d'esprit du peuple au moment de choisir qui semble la même.

Mais ce n'est pas ça mon principal problème aujourd'hui.

J'ai appris plus tôt, que pour donner suite à la loi 142, les représentants de la CSQ (ces infâmes chiens galeux) ont négocié notre convention collective en vendant les profs les plus scolarisés. J'aimerais croire qu'ils avaient les couilles dans l'étau, mais je n'arrive pas à me les imaginer détenteurs d'attributs dignes de ce nom. Je les imagine plutôt à genoux, préservant le peu de capital politique qu'il leur reste pour le jour où ils changeront de camp. En passant, je fais dans le littéraire là... Y a que des gens bien à la CSQ.

Bof...

En résumé, il y a maintenant deux échelles salariales. L'échelle unique (pour la plupart) et l'échelle 20 ans (19 ans de scolarité ou plus avec un doctorat de 3e cycle).

L'échelle unique commence à 35 056 $ pour un baccalauréat de quatre ans et la job avec le plus haut taux de burn-out au Québec. Un bon deal?

Avec un doctorat, on commence à 48 389 $. Je n'ai jamais entendu parler d'un prof du primaire ou du secondaire détenteur d'un doctorat. Et vous, vous en connaissez beaucoup?

De toute façon, au top de l'échelle salariale, il n'y a même pas 4 000 $ de différence entre les deux...

Donc, tous les cerveaux qui ont une maîtrise en histoire, mathématique, chimie, biologie, etc. ne seront vraiment, mais vraiment pas tentés de se taper un autre bac de quatre ans pour qu'ensuite, on ne tienne pas compte de leurs études lorsqu'on leur proposera de remplacer le suppléant du prof de morale en burn-out...

Attention! Je ne parle pas des profs blasés qui ont fait une maîtrise pour augmenter leur salaire et ensuite téter le système en devenant conseillers pédagogiques en attendant de devenir directeurs. Non... Eux, je n'en parle pas sur ce blogue... pas encore. Je parle des intellos. Je parle des bolles. Je parle de ces dignes représentants de notre espèce qui sont moins épais que la moyenne parce qu'ils savent plus d'affaires.

C'est tout le bagage supplémentaire qu'on amène en classe qui fait la différence, et dans un baccalauréat en enseignement de what ever, on apprend fuckin' rien. Oui oui... On apprend que les ti-n'amis, ils réagissent mieux au renforcement positif qu'aux coups de pied dans' face. Heille! Ça ne prend pas un bac pour allumer sur ça, bordel! Et en passant, a-t-on vraiment testé le coup de pied dans' face de façon scientifique et dans le contexte de la réforme? Non! Alors, pourquoi l'interdire?

Bof...

Je suis écoeuré des profs qui ne lisent pas et qui n'ont jamais lu autre chose que des lectures imposées, qui prônent la "pédagogie avant tout" et qui quotidiennement, s'assomment devant des téléromans pas trop compliqués.

La meilleure enseignante que j'ai vue travailler avec des petits en grave difficulté d'apprentissage avait une maîtrise en littérature. Elle avait poussé tellement profondément l'art de lire et d'écrire, qu'elle pouvait décortiquer l'acte et le ramener à sa plus simple forme. Et non, elle n'était pas en adaptation scolaire. Elle n'était même pas une "vraie" ortho, mais pour réinventer le monde devant une bouteille de scotch, quelques bières et des clopes (ben oui, un ex-fumeur...), elle n'avait pas son pareil. Mais peu importe, comme prof, elle rockait!

En parlant d'ortho, je suis tout aussi écoeuré des orthos qui jouent au Monopoly pour essayer de trouver c'est quoi le problème de l'enfant et pour ensuite conclure qu'il faut plus de tests. Vous coûtez cher... trop cher.

Est-ce que je dis que ça prend absolument une maîtrise? Ben non...

Est-ce que je dis que les orthos, c'est n'importe quoi? Ben non...

Élitiste vous dites? Qui ça? Moi? Ben voyons...

Ce que je dis, c'est...

Sind Blitze, sind Donner in Wolken verschwunden tabarnak

Et si vous voulez me casser la gueule, je serai au Yulblog demain.

Cheers!!!





Bordel... qu'est-ce que je n'inventerais pas pour vous faire écouter du Bach?
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02 avril 2007

Bobby, spécialiste en organologie

Attention, l'organologie n'est pas ce que vous croyez...

Je me pointe dans la cour ce matin. Le portable sur l'épaule, le sac à dos devinez où et un énorme djembé dans son étui accroché à la seule extrémité qui dépasse (non... c'est pas ça de l'organologie!). Le sac est couvert de motifs africains et la forme épouse parfaitement l'instrument. C'est subtil comme un coup de batte de baseball dans le front. Un aveugle daltonien reconnaîtrait un djembé dans ce sac. Mais pas Bobby...

Bobby : Heille PMT! C'est quoi dans ton sac.

Moi : Ma petite soeur.

Bobby : Ah...

Il semble accepter l'explication. Il vient d'apprendre que j'ai une petite soeur. Il doit être sous le choc, le pauvre. Mais les parents me regardent... L'inquisition va-t-elle sonner?

Moi : D'après toi Bobby? On en a dans le local de musique et on en joue dans les cours.

Bobby : Une flûte?

Au moins, les parents ont rigolé plus que moi. Le pire, c'est qu'on ne joue pas de flûte (j'suis allergique) et c'est strictement interdit d'en apporter en classe (à leur seule mention, j'en ai des pustules qui me poussent partout...).

J'ai presque hâte à mercredi. J'ai le groupe de Bobby!!!










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