31 mars 2010

Revendeurs 101

Quand tu vends de la dope, t’as pas intérêt à changer trop souvent de fournisseur. Même que dans certaines régions, t’ as pas vraiment le choix du fournisseur. On s’en balance que tu puisses avoir du meilleur stock à meilleur prix. C’est préférable pour ta santé de garder LE fournisseur de la place.

Quand t’enseignes dans ma commission scolaire, c’est le même principe. Tu dois acheter ton stock des fournisseurs de la place, même si tu peux en avoir du meilleur et du moins cher.

Y a des prix tellement facile à battre...

Cliquez ici pour un exemple


Je suis parfaitement conscient que c’est du matériel industriel, mais quand même...

Par contre, quand j’ai vu ce tableau, je m’suis dit que c’était exactement ce qu’il me fallait pour être un meilleur prof.




Avouez! C’est sur roulettes! Je peux l’approcher d’une section ou même l’utiliser dans le local adjacent et adios la poussière de craie. Putain de poussière! Non seulement c’est mortel pour le clavier, l’ordinateur et mes poumons d’asthmatique, mais avec mon plafond en flocage d’amiante qui s’effrite, j’ai du mal à savoir de quelle poudre il s’agit: craie ou amiante? Ben quoi? J’suis daltonien, bordel! Si j’utilise des marqueurs effaçables, je saurais que ma ligne d’amiante n’a pas été coupée avec de la craie! Génial, hein?

Y a qu’un problème... le prix. Il faut être sans scrupule pour seulement s’imaginer faire une demande pour ça. Selon vous, ça se vend combien ce truc chez un fournisseur de la commission scolaire? Le tableau fait 4’ par 6’.

Come on down! You’re the next contestant on The Price is Right!

En attendant, j’vais continuer de sniffer de l’amiante coupé.

N'oubliez pas de participer en grand nombre! C'est simple: vous me dites combien ça vaut et combien ça coûte.





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26 mars 2010

Les professionnels

J'viens de lire un truc intéressant chez Prof MasquÉ (avouez que c'est beau la majuscule sur le é...).

D'ailleurs, c'est comme l'EnSaignant. S'il avait du chien, il mettrait un S majuscule, mais ce n'est pas donné à tous.

De quoi je me mêle? Justement... de quoi je me mêle? J'aime bien les professionnels de mon école: tous gentils, tous compétents et surtout, tous professionnels. Mon seul problème, c'est justement le "de quoi je me fukin' mêle?".

Oui, je suis curieux et je pose trop de questions. Je sais que je ne devrais pas: je suis juste le prof de musique.

Hum... J’ai le goût d’arrêter ce billet dès maintenant. Je sais que des personnes que je ne vise pas se sentiront quand même la cible de mes conneries et même s’ils ne lisent pas les futilités que j’écris ici, quelqu’un va se faire le plaisir de l’imprimer et de tout balancer dans leur pigeonnier.

Moi, parano? Pfff... C’est déjà arrivé. Chouette façon de découvrir un blogue...

Je donne un exemple : tu es blonde, des yeux magnifiques et même si tu n’as pas lu Zola, je viens à toi chaque lundi après-midi après avoir passé une heure apocalyptique avec notre charmante classe de deuxième année. Tu acceptes toujours de me parler pour m’aider à comprendre ce qui se passe dans ma classe. Quand ça va bien, pour que ça se reproduise et quand ça va mal, pour essayer de comprendre pourquoi. Désolé pour le glamour, mais ce n’est pas toi qui as inspiré ce billet. Allons... Tu vas t’en remettre.

En fait, je ne parle de personne en particulier. C’est un message «je» comme dans les livres de psycho que je refuse de lire tant que j’n’en ai pas fini avec John Irving. Ce n’est qu’une impression. Un cri du coeur (pfff... j’ai écris ça, moi?!? Héhéhé).

Ça va?

Ben voilà... Le billet commence ici. Ce que j’vous ai raconté avant, c’est une espèce de préface bidon.

N’importe quoi. On s’en balance.

Go!

J'ai jeté l'éponge cette année. J'ai trop de mal à savoir lesquels de mes élèves ont des suivis (psychologie, orthophonie, etc.). Même si je connais les raisons de certains silences (confidentialité, professionnalisme, etc.),je ne suis pas d'accord.

Je ne veux pas savoir la vie de l'enfant dans tous ses détails. J'voudrais juste savoir s'il peut comprendre ce que je lui explique pendant mes cours... Je n'ai pas l'intention non plus de me taper des rencontres de plusieurs heures pour un jeune que je vois 55 minutes par semaine. Ce n'est pas moi l'orthophoniste, le psy ou le whatever. J’veux juste savoir si le jeune me niaise ou ne peut vraiment pas comprendre ce qui est évident pour le reste de la classe. J’veux savoir s’il n’y a que moi qui s’interroge devant certains cas.

J'ai un élève avec une déficience légère. On ne m'a jamais mis ça sur papier. Je le sais parce que je l'ai demandé. Par contre, chaque fois que je demande si un élève a eu une évaluation psychologique, on me regarde avec des gros yeux. Et quand on me parle, on me dit presque invariablement : j’suis pas censé te dire ça, mais...

Je décroche. Je ne veux même plus le savoir. Je déclare donc (pas solennellement quand même) qu’il y aura désormais deux catégories d’élèves dans ma classe : les normaux et ceux qui ne comprennent rien, j’ai nommé, les débiles profonds.

Pas professionnel?

Évidemment que ce n’est pas professionnel; je suis enseignant. On ne peut pas tout être, mais ça va, y a pas de sots métiers.

Et ceux qui n’ont pas compris que je fais dans le sarcasme, et bien, je vous souhaite la bienvenue dans la deuxième catégorie.


Je vous laisse méditer là-dessus en écoutant le troisième mouvement du concerto de Webern.


















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25 mars 2010

Repentez-vous!

Ça, c'est le symbole du chevron. On le retrouve sur les ossuaires des proches de Jésus et des premiers chrétiens.












Ça, c'est le symbole de l'Alliance des professeurs de Montréal.









C'est un bon jour pour être athée.






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21 mars 2010

Bonne fête

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de naissance de Jean-Sébastien Bach. Le gars avait 20 enfants... J’n’en ai que deux et c’est déjà tout le temps que j’ai...









Mais les enfants craquent vraiment pour celle-là:








Whatever...








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18 mars 2010

Ceci n'est pas un rencard




Vous y serez?










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17 mars 2010

L'unanimité

Avec la classe de cinquième, on fait un projet de slam. Nous avons passé un après-midi génial dans le labo d’informatique de l’autre école du quartier.

Ils ont des Macs, nous, on a des PCs.

Ils ont Garageband, nous, on a... ça vient avec quoi déjà? Windows machin?

Ça valait quand même les 15 minutes de marche rapide.

À la fin de la séance, qui s’est d'ailleurs très bien déroulée, on fait un petit retour sur l’après-midi.

MOI : Alors, toujours en vie?

EUX : Ouais! C’était cool... Etc.

MOI : Et en plus d’être «cool», est-ce que vous croyez que c’était pertinent?

TOUS : Oui!

MOI : Vraiment?

TOUS : Oui!

MOI : Et est-ce que quelqu’un peut me dire qu’est-ce que ça veut dire «pertinent»?

LE GROUPE : ...


C’est l’esprit qui compte.





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16 mars 2010

Tempo

Depuis le temps que j'enseigne, je me surprends toujours de faire un nouveau jeu de mots con auquel je n'avais jamais pensé :

"Vous savez, en musique, un tempo, ce n'est pas un gros machin qu'on installe devant une maison l'hiver pour stationner une voiture."






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15 mars 2010

Mathilde

Depuis que je la connais, elle est en retard. C’est chronique chez elle. Elle pourrait être dans le même avion que vous, elle arriverait à destination un jour plus tard. Y a vraiment pas de stress.

J’vous l’dis! Des deux dernières années, elle n’est jamais entrée dans mon local au même moment que les autres. Pas une seule fois. Pourtant, ils arrivent directement de leur classe.

J’la trouve condescendante. Trop gâtée, trop chouchoutée. Pas autonome pour cinq cennes. Vraiment pas mon genre.

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Grrrr... T’étais où au juste?

«Je cherchais un crochet»

T’as rien à accrocher...

Ou encore

«Je ne trouvais pas mon crayon»

Tu n’apportes pas de crayon dans mon cours...

N’importe quoi

«J’avais perdu mon foulard»

On est en juin...

Vous voyez le portrait?

«J’sais pas...»

Grrr...
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Si au moins, c’était le matin, je pourrais blâmer un adulte. C’est tellement réconfortant pour nous de blâmer intérieurement l’adulte... Même pas! À la dernière période, entre sa classe et la mienne, elle est la seule responsable.

Le pire, c’est que j’oublie toujours de l’envoyer s’habiller 10 minutes avant les autres...

Mais elle, elle y pense.

Sauf qu’elle y pense en retard...

On l’attend donc, à la fin de chaque cours.

Aujourd’hui, j’ai pété les plombs. Je ne crois pas en la justice. La vie n’est pas juste, mais on ne perd rien à essayer:

«Hum... Le cours termine dans 15 minutes. Va mettre ton manteau, tes bottes, ta tuque, tes gants et revient dans la classe le sac à dos sur les épaules. Je te donne 10 minutes ou tu auras la copie du siècle à me remettre pour demain.»

Miraculeusement, elle était de retour en classe après cinq minutes. Il restait dix minutes, mais on attendait en silence, à rien faire, sous la menace. C’est dans le billet précédent...

«Déjà?»

...

« Non... Reste debout et attends. Même si ce n’est que 10 minutes, ça va peut-être te donner une idée de ce que les autres endurent à cause de toi à chaque sortie de classe. Tu vas voir qu’il fait chaud et que c’est plate.»

Pour les autres, j’étais encore et serai toujours un gros facho, mais ils étaient là, assis en silence. Y a pire dans la vie. Elle, était debout et trop emmitouflée pour une si belle journée. D’abord confuse... puis, scrutant mon local à la recherche d'une horloge.

Pfff. Y a pas d’horloge dans mon local.

Je la sentais de plus en plus inconfortable et je n’aimais pas ça... Bon, ça va! Oui! Ça me plaisait, bordel! Elle nous les a tellement cassé. J'suis pus capable d'attendre après elle!!!

Faut juste que je reste professionnel, OK?

Donc... Je la sentais de plus en plus inconfortable et je n’aimais pas ça... mais je sentais que les autres me pardonnaient un peu de ne pas avoir été humainement à la hauteur.

C'est mieux comme ça?

Appelons-la Mathilde. Elle est en deuxième.






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Être humainement à la hauteur

À mon école, il y a quatre classes au premier cycle (première et deuxième année). Il y a la classe d’adaptation pour trouble de comportement (nous sommes un point de service), une première, une deuxième et une combinée. La classe d’adaptation fonctionne en principe sur un budget à part, sauf quand il faut payer une éducatrice supplémentaire... Donc nous n’avions pas le choix de faire deux classes niveaux et une combinée. Le problème, c’est que la philosophie de la classe combinée où je bosse, c’est d’y balancer les élèves les plus forts et les plus autonomes. Ça fait une classe super chouette, mis à part le fait qu’elle soit une combinée. Par contre, dans les deux autres classes, y a les restants.

Bon... Ça ne passe pas, hein? On le sait! On a donc sacrifié quelques élèves forts sur l’autel des apparences et on les a mis dans les classes niveaux. Ça donne une classe de première faible, mais fonctionnelle. Par contre, la classe de deuxième est la classe la plus difficile de l’école. Plus difficile encore que les classe TC (classes d’adaptation pour trouble de comportement). Tous les spécialistes sont d’accord là-dessus. Curieusement, ils sont en dépassements. Quand tu as lui ou lui dans ta classe, ainsi que plusieurs autres qui ne donnent pas leur place, dépasser le ratio maximum de deux ou trois élèves, ça ne pardonne pas.

Comment on fait avec eux? Rentrer dedans solide, ça ne marche pas à moyen (cinq minutes) ou long (plus de cinq minutes...) terme. Ils sont téflons : ya rien qui colle. Faut juste être zen, très zen.

Je leur enseigne le lundi à la dernière période. C’est mon cinquième groupe de la journée et juste avant, j’ai la combinée bonbon. Méchant choc.

Zen, très zen... Désolé, j’n’y arrive pas la moitié du temps. Les deux derniers cours furent super bien, mais aujourd’hui, ce fut l’horreur. Ce n’est pas une question de compétence ou d’énergie ou d’expérience ou de n’importe quelle autre connerie. Je n’ai qu’une explication : je n’ai tout simplement pas été humainement à la hauteur. Pourtant, j’étais super heureux quand ils sont entrés dans le local. J’fredonnais ma tentative de version funk de Brave Margot en m’accompagnant au ukulélé. J’avais un beau cours de prévu avec le canon d’installé pour l’entrée en matière. Tout était là, sauf... sauf quoi, au juste?

Non, ce n’était pas le bordel. Je ne tolère plus ça depuis longtemps. Mais 21 enfants (ils sont 20 ou 21? Sans les cotes, bien sûr) assis devant moi, en silence, les bras croisés, sous la menace, c’est assez ordinaire.

J’n’ai juste pas été humainement à la hauteur.








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14 mars 2010

Quand c'est pertinent

Vous savez, j’ai tendance à trouver que les cours de musique au primaire, c’est du gros niaisage.

Mais, pas toujours.

Par exemple ça, ça tient vraiment la route.

Dans le reportage, il est mentionné que c'est une classe spéciale. Je me demande ce qu'ils veulent dire... Ils sont trop nombreux pour que ce soit TC ou DGA.

J’ai bien hâte d’entendre l'oeuvre!



Vous voyez? J'suis quand même positif!



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09 mars 2010

L'échafaud

Une fois de plus, je monte sur l’échafaud.

Bof... j’suis pas seul: avec moi, y a les autres spécialistes de l’école. C’est presque synchronisé avec Pâques. Ce qu’on peut être concept en éducation!

Oh? Il faut que j’explique?

C’est très simple. Chaque année, les profs d’une école décident du sort des spécialistes. Ils peuvent couper musique l’an prochain et remplacer ça par danse. Même notre prof de gym qui a sa permanence risque sa place. Les élèves de mon école ont présentement quelque chose comme 100 minutes d’éducation physique par semaine. Si on descend ça à 60, elle devra changer d’école pour conserver sa job à temps plein. Donc, cette année, sur l’échafaud, y a la prof de gym, la prof d’art, la prof d’anglais (cinéaste avertie!) et votre humble serviteur.

S’ils se débarrassent de nous, ils devront en principe assumer notre tâche. La gym et l’anglais sont prescrits par le régime pédagogique, ainsi que deux disciplines artistiques. Y a rien qui dit que ce doit être fait par des spécialistes. Dans une des écoles du projet, dès la quatrième année, ils n’ont plus de spécialistes en art. Même avant ça, ils n’ont qu’un prof d’art plastique. Pas de musique, de danse ou d’art dramatique. Je sais pertinemment que les titulaires n’assument pas. Résultat? Des enfants éteints.

Mais bon, j’suis un type qui aime bien tout remettre en question. Si si... Ce qui me chicote par contre, c’est que ce sont seulement les enseignants qui décideront de mon sort. Les professionnels (éducateurs spécialisés, orthophonistes, psychoéducateur), la direction, le service de garde, les parents et les principaux intéressés, les enfants, n’ont pas leur mot à dire.

Huh? Ça doit être approuvé par le conseil d’établissement? Pfff...

Le plus troublant, c’est qu’au moment final, ce ne sont pas les matières qui déterminent les choix, mais plutôt la personnalité des spécialistes et surtout, leur capacité à gérer une classe.

J’suis un sale con, mais j’ai une bonne gestion de classe. Pitié, gardez-moi!








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