30 avril 2008

Disque pas compact.

Woody est en cinquième année et son père lui fait entendre plein de musique funky, des Beatles à Metallica.

Woody : Heille PMT, tu connais-tu ça Heartbreaker de Led Zeppelin?

Comme j’ai déjà la guitare au cou, je m’exécute. On n'est jamais trop crédible. Et non, je ne joue pas le solo. Je déteste pratiquer. J’suis un peu vieux pour ça.

Woody : Yeah! C’est ça!

PMT : Oui, mais je suis trop nouille pour le solo.

L’humilité aussi, ça s’enseigne.

PMT : Tu connais ça?

Woody : Ouais! Mon père me l’a fait jouer.

PMT : Sympa.

Woody : Il a cherché dans ses vieux CD. Tsé, les gros CD noirs? Mon père a encore un lecteur pour ça.




Un lecteur... Les iPod devaient être gros dans ce temps-là...





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29 avril 2008

Il me semble que c'est clair...

Parce qu’il faut bien les cultiver un peu, ce matin, je faisais entendre et voir Jean-Guihen Queyras jouer Bach au violoncelle à une classe de première.


Petite parenthèse : un jour, en entendant du violoncelle, un enfant de troisième m’a demandé si c’était du violon basse! Perspicace, hein? On les aime comme ça... même s’il n’écoutait pas quand les années précédentes, j’ai présenté le violoncelle. Grrr.

Donc, je suis avec les petits et on écoute des extraits de Bach pour violon ou violoncelle seul et par le registre, ils doivent me dire si c’est du violon ou du violoncelle. C’est facile, ils gagnent plein d’étoiles, je suis payé pour faire écouter du Bach à une gang de jeunes et je trouve ça pas mal le fun de vous en parler.

Mais comme il y en a toujours quelques-uns pour qui le support visuel n’est jamais un luxe, on se tape donc le vidéo de Jean-Guihen Queyras.

Un élève (en panique) : Heille!

Moi (bêtement) : Quoi? On écoute! On parlera après...

L’élève : Oui, mais...

Moi : (exaspéré, mais quand même curieux) : Oui, mais quoi?

L’élève : Y a les yeux fermés!

Moi : On en parle après...

Un autre : Heille!

Moi : ( le gun sur la tempe... la mienne, pas celle de l’élève) : Quoi encore? On ne peut pas écouter un peu en paix?

L’élève : Oui mais... il fait noir!

Moi : Je sais que l’image est un peu sombre. On écoute...

Le premier élève : Ouais! C’est certain qu’il fait noir...

Moi : Ah oui? Pourquoi?

L’élève : Y a les yeux fermés!


Devant toute cette logique implacable, j’ai préféré me taire.




Le plus con, c’est que lorsque j’ai montré le dvd de Queyras à mon fils de deux ans, il a vraiment été marqué lui aussi par les yeux fermés... Par contre, Fiston, lui au moins il sait pourquoi il fait noir :

Pa' c'que t’est la nuit! T'est la nuit, mais pas dodo... Pas dodo hein papa?







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23 avril 2008

Être conséquent

Certains parents refusent que leurs enfants bénéficient des services de psychoéducation ou d'orthopédagogie qu'on leur propose. Ils doivent donc signer un formulaire de refus de service.




Être con, c'est quand...


...pour être conséquent, un parent de l'école refuse de signer le refus de service pour son enfant.


Attention! Ce n'est pas parce qu'on refuse de refuser qu'on accepte.


Croyez-vous qu'ils sont cons, tant qu'on en parle?

Content?


Ouf... trop de jeux de mots. Ça tourne...

J'suis dû pour un scotch.









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20 avril 2008

Moi, trash? Pfff...

Vendredi matin, après avoir passé 90 minutes avec six élèves et une équipe de tournage à essayer de faire groover une gang de p’tits blancs (pas évident...), je croise En Saignant dans un couloir du lieu secret où on prépare notre spectacle, le spectacle.

En Saignant : Si j’étais toi PMT, je ferais attention à ce que je dis et je fais devant les caméras.

PMT : Beaucoup de gens rêvent que tu sois moi, surtout ta blonde, mais qu’est-ce que tu veux dire au juste?

OK. J’avoue... J’suis pas assez vite pour lui avoir répondu ça "on the spot", mais j’ai bien le droit de rêver un peu.

En Saignant : Je ne suis pas certain qu’ils vont se gêner au montage pour garder seulement ce qui fait notre affaire.

PMT : Ouais... On s’en doute un peu. Qu’est-ce qui se passe?

En Saignant : En sortant de ta formation avec les élèves, le gars des vues a déclaré d’un air satisfait : «Ayoye! Y’est vraiment trash Prof Malgré Tout!».

PMT : Ouch! Et tu sais pourquoi il trouve que je suis trash?

En Saignant : Aucune idée...

C’est vrai qu’il a tendance à manquer d’idées ce type...

PMT : Pourtant, je n’ai pas parlé de nains et de dobermans... et comme il y avait des témoins et que c’était filmé, aucun élève n’a eu «d’accident»...

En Saignant : En tout cas, fais attention.

PMT : OK. Heille... (Plus tendrement) Merci.

Nos regards s’enlacent.

En Saignant (chuchoté) : Moi aussi, je t’aime.


Un peu plus tard, j’ai jasé avec le gars des vues et je lui ai tiré les vers du nez. N’ayez crainte, ils peuvent tout mettre dans le montage. Y a rien là, juste la routine. Je suis blanc comme neige (mais j'ai du rythme, moi). C’est seulement que pour des non-pédagogues, les choses ne sont pas toujours aussi évidentes que pour des gens raffinés comme En Saignant et votre humble serviteur.

Vous avez sûrement entendu parler des auditifs et des visuels? Oui, hein? Eh bien, il n’existe aucune preuve neurologique de tout ça. Niet, nada. Et les tactiles? Ceux qui ne voient pas ce qu’on veut dire et n’entendent pas raison même quand on leur fait un dessin. Oui, eux! Ceux qu’il faut fesser pour qu’ils comprennent... Mais bon, je m’éloigne du sujet. Comme je suis un ardent défenseur de l’autosocioconstructivisme, que je suis ouvert d’esprit et que je reconnais toute forme d’intelligence, je me dois d’utiliser des approches pédagogiques diversifiées et blablabla...

Voici un peu comment ça s’est passé :

Lors d’une petite pause avec mes musiciens (filmée, comme de raison...)

Moi : Vous savez, y a les auditifs et les visuels. Même en musique, c’est important les visuels... J’ai compris ça avec une classe de première année qui était plutôt turbulente et qui ne jouait pas très bien. Un jour, j’ai remarqué qu’ils étaient plus attentifs qu’à l’habitude, respectaient les consignes à la lettre et par le fait même, performaient au-delà de mes attentes. Curieusement, ce jour-là, je m’étais muni d’un grand bâton qui traînait par là et je le brandissais dans leur direction et marquais la pulsation en frappant assez fermement sur des objets au hasard. J’ai évidemment tout de suite fait le lien! Plus tard, comme la même technique ne fonctionnait pas avec une classe de quatrième année, j’ai utilisé un 2×4 et ça a eu l’effet escompté. Voici mon hypothèse : il faut qu’il y ait une progression dans le choix de l'arme selon l'âge des élèves... Ben quoi? Outil, objet, arme... Ça revient au même. J'suis en désavantage numérique ici. C’est logique. Vous me suivez?

Ma gang : ...

Moi : Donc, comme vous êtes en cinquième et en sixième année, imaginez-vous qu’il y a des clous rouillés à l’envers sur le 2×4 et que je suis le genre de gars à me promener la nuit avec une scie tronçonneuse et un masque de gardien de but. OK?

Ma gang : Ah! OK!

Moi : Bon, on recommence. On n’est pas icitte pour parler et ça va faire le niaisage. On reprend la toune d’Ulrica et si vous ne jouez pas comme des pros, ça va saigner!

Ils jouaient effectivement mieux. Pédagogie, man... Pédagogie!


Vous voyez? Il s’en fait pour rien le gars des vues. C’est juste qu’il ne connaît rien au milieu scolaire. C’est un artiste, lui. Mais même les artistes, on finit par les trouver sympathiques!

Pour vous prouver mon côté inoffensif, voici une preuve de mon raffinement tirée du spectacle que nous préparons avec les élèves. Écoutez la subtilité et le raffinement dans le jeu de la guitare. J’ai mis mon masque de gardien pour l’enregistrement, mais c’était seulement pour conserver l’anonymat. Comment pourrais-je cacher de la violence derrière tant de douceur?







J’suis inoffensif votre honneur.








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13 avril 2008

L'invasion

Quand je lis les commentaire de ce billet, je pogne les nerfs.





L’invasion



Subtilement, tout en douceur, on n’a rien vu venir, mais maintenant, ils sont parmi nous et il faut faire avec.

Qui ça?

Les Français!

Par chance, ils ne sont pas venus seuls. Y a quelques Belges et quelques Suisses qui se sont joints à l’invasion. La différence? Le chauvinisme, Madame, le chauvinisme. Les Belges et les Suisses, ils ne nous disent pas comment parler, eux. Par contre, les Français...

Bon... Rendons à César ce avec quoi il nous les casse. Ce sont certes des gens plus éduqués et plus friqués que l’autochtone moyen. Leurs enfants sont en général bien élevés et très stimulés. Une très belle contribution à notre diversité culturelle. Sauf que...

On est au Québec icitte! C’tu clair?

Quand tu débarques quelque part, tu t’essuies les pieds avant d’entrer.

Y a une mère Française en début d’année qui s’est permise de reprendre une enseignante du préscolaire devant les autres parents et les enfants. La prof utilisait le verbe «abrier», mais la maman préférait «couvrir». "Mais voyons Madame, abrier, ce n'est pas un mot. Il faut dire couvrir!" Devant des parents et des élèves... Le problème, c’est que le verbe «abrier» existe. Un québécisme, certes, mais tout de même dans le dictionnaire. Quoi? On ne devrait pas utiliser de québécismes dans les écoles au Québec?

Donc, quand après avoir abrié un enfant, s’il s’est désabrié, on peut le rabrier. T’aimes pas ça? R’tourne chez vous. Ça ne se fait pas reprendre un prof devant les enfants. La prof savait qu’elle avait raison, mais pour ne pas humilier la maman devant son enfant et les autres parents, elle a préféré se taire...

C’est professionnel, ça.

C’est poli, ça.

Hein? Ce n'est pas parce qu'elle est française qu'elle a agi ainsi? OK. Je retire ce que je viens d'écrire.

Un autre exemple. Des parents (Français, comme par hasard) se plaignaient qu’il y avait trop de livres québécois à la bibliothèque et pas assez de livres français. Personnellement, je préfère les québécismes aux anglicismes. Voici quelques exemples tirés d’un livre pour enfant français.













Cela dit, y a quand même plein de bons livres français. Comme l'autre là... Hugo?


Ça ↑↑↑↑↑↑↑↑↑↑↑↑↑↑↑↑↑, c’est mon côté démagogue... et baveux. Mais c'est quand même le genre de truc qu'on entend : " Y a quand mêmheu des truckheu québécoiheu.. qui sont bien... faut pas généraliser (heu)"

Hein? Moi xénophobe? Ben voyons donc... Juste un peu tanné de me faire dire comment ça devrait être chez moi... heu je veux dire «chez nous»... ou serait-ce «chez vous»?

En passant, votre pays, c’est la «France», pas la «Fronce».





Ah oui, j’oubliais la tant attendue section :

«IRONIE DU SORT»

Les parents les plus sympas que j’ai rencontrés cette année étaient Français... Mais c’était le hasard... Ce n’est pas représentatif. Ce n’est pas parce que 100% des parents français qui sont venus me voir étaient charmants et pas chiants pour cinq cennes, que les autres sont tout aussi gentils. J’ai quand même pas écrit tout ça pour rien...

J’ai raison! J’ai toujours raison!!!!


Mise au point finale

Ce n’est pas contre les Français que j’en ai. C’est plutôt contre notre attitude de colonisés. N’importe qui qui a déjà mis les pieds en France sait très bien ce dont je parle. Si tu ne t’imposes pas et que tu ne les engueules pas un peu, tu n’auras pas accès à une relation d’égal à égal. Ce billet n’avait pour but que de vous donner un peu de munition.

Qu'est-ce qui est pire : un maudit Français ou un maudit colon?







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10 avril 2008

Fille Probophobique, Dieu et Moi

On n’a plus les trinités qu’on avait, mais bon...


Je prépare un disque pour le projet (commencé ce matin et doit être prêt jeudi...). Comme j’avais déjà entendu Fille Probophobique chanter (sur un dvd de chemin de croix!), je me disais qu’elle serait une bonne candidate pour un solo.

Après quelques tentatives désastreuses, j’entame la conversation.

Moi : Hum... Ça ne va pas, hein?

Elle : Je ne sais pas. Pourtant, je l’ai pratiqué beaucoup chez moi.

Moi : Je te regarde là... Tu as des plaques rouges dans le visage et tu ne peux pas tenir une note plus qu’une blanche anorexique... Es-tu nerveuse?

En passant, par blanche anorexique, je sous-entends «figure de note» qui ne fait pas son poids. Mais j'avoue que j’aime bien l’ambiguïté...

Elle : Oui... Je ne sais pas pourquoi. Pourtant, j’ai déjà chanté à l’église devant plein de monde et ça allait bien.

Moi : Tu n’étais pas intimidée?

Elle : Je ne sais pas pourquoi...

Moi : Et là, tu es intimidée?

Elle: Oui... Beaucoup.

Moi : Penses-tu qu’à l’église, ça allait parce que tu chantais pour Dieu?

Elle : Peut-être.

Moi : Écoute, c’est possible et je respecte ça.

Elle : ...

Moi : Ça va... Je comprends. On se voit demain.

Elle : Bye.


Une autre démonstration scientifique, gracieuseté de Prof Malgré Tout:


Moi ≠ Dieu

Moi > Dieu




Vive la science, bordel!

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04 avril 2008

Science-fiction

Ou les conséquences du réchauffement de la planète... En tout cas, ça affecte les jeunes!

Vendredi après-midi, en remplacement d’urgence dans une classe de première année.

Ti-coune : Heille! Y neige dehors.

Moyen-coune : Oh non... Pas encore d’la neige!

Grand-coune : Chus pus capable!

Je ne pensais pas que j’entendrais ça un jour dans la bouche de si jeunes enfants.


Défense de commencer vos commentaires par «en 71...».


Mais bon... Voici une touche positive (j'suis comme ça ces jours-ci...) : S'il neige dehors, c'est qu'ils ont fait de la bonne job sur les toits.





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01 avril 2008

Ainsi font, font, font, les petites...

Dans une réunion syndicale, à propos de compensations pour une activité en soirée qui n’est pas compilée dans la tâche.



«On va dire au directeur ce qu’on veut!»



«Non. On va dire au directeur ce que le syndicat dit!»










Poisson d’avril...










...not














...not.











Ne sous-estimez pas le pouvoir infini de la double négation!


Mise au point : Ce sont des mots, hors contexte, sur un blogue qui est un tissu de connerie. En écrivant ce truc, je m'amuse. Si ça ne vous amuse pas de le lire, qu'est-ce que vous foutez là? Y a plein de gens sérieux qui bloguent (et boguent) sur l'éducation avec plein de liens vers des trucs encore plus sérieux. Vous devriez allez faire un tour de leur côté. Moi, je suis un imposteur! Un poseur de gyproc qui préfère garder l'anonymat en se faisant passer pour un prof de musique. D'ailleurs, je regarde ma guitare dans le coin et je me demande comment ça se joue ce machin-là. Quelqu'un pourrait me l'accorder?

Dans un autre ordre d’idée...

Ces jours-ci, j’ai plein d’idées de billet et les élèves font plein de trucs rigolos, mais moi, je joue de la guitare. Que voulez-vous, je trouve mon vibrato poche à l’électrique.

Vous voyez? C’est déjà illogique!


Mais tout de même.

Cette semaine, j’ai décidé que mes élèves de maternelle étaient enfin prêts à faire la connaissance de Roger. Ça s’est assez bien passé et on a bien rigolé, surtout dans l’escalier lorsque j’ai croisé En Saignant. Après quelques réflexions sur les bienfaits de l’allaitement entre confrères, En Saignant poursuit son chemin et je me retrouve seul avec mes petits amis.

Une petite : Dis PMT... C’était qui lui?

Moi : D’après toi?

Regard interrogateur.

Moi (chuchotant pour que ça soit un secret avec le reste du groupe) : C’est Roger... le vrai!

Ils jubilaient! Ne me demandez pas ce qui se passe dans la tête d’un élève de maternelle, je ne suis que poseur de gyproc...



Avec tout ça, mon vibrato suce.






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