30 septembre 2006

Newton et moi

Mme Malgré Tout travaille dans un domaine plutôt scientifique tandis que votre humble serviteur évolue dans un domaine un peu plus artistique (je n'ai pas dit que j'étais un artiste... non maman, la dernière fois que j'ai songé au suicide, j'avais 13 ans...).

Week end de ménage :

Moi : "Ouin... J'appuie pas mal plus fort que toi quand je lave le plancher..."

Elle : "Ce n'est même pas vrai. En plus, tu passes super vite..."

Moi : "C'est ce que je dis... Vitesse=Force. C'est pas moi qui l'ai dit, c’est Newton!"

Elle : "..."

YESSSSSS!!!!!!

La force est égale à la masse multipliée par l'accélération... un truc du genre : F=ma

Mais en grand sage qu'il était, Isaac a aussi dit : "...à chaque action, il y a une réaction égale et opposée...".

Donc, je ne pense pas avoir droit à certaines faveurs ce soir...

28 septembre 2006

Prof de dessin recherché

Le saviez-vous? Votre humble serviteur a l'honneur de participer à un grand projet qui implique plusieurs écoles (et un musicologue qui me refile des billets d'opéra). Et bien, maintenant vous êtes dans le secret...

En gros, à ce moment ici de l'année, je fais écrire un comédie musicale aux enfants. Ayant une petite formation en théâtre, ça me convient parfaitement. Malheureusement, j'ai, comme vous allez le constater, quelques lacunes en dessin.

Ce sont les enfants qui écrivent l'histoire. Je ne suis que leur guide. Alors, je résume leurs idées au tableau en y ajoutant parfois quelques dessins.

Situation de départ :

L'histoire se déroule vers la fin du Moyen-Âge. Un vieux savant un peu fou fait toutes sortes d'expériences dans son laboratoire. Il a trois enfants.


Ce savant est obsédé par la Lune et tente par tous les moyens d'essayer de s'y rendre. Ses enfants se sentent délaissés (message aux parents).



En plus d'être délaissés, les enfants lui servent d'assistants et parfois même de cobayes pour ses expériences. Sa dernière invention consiste en un immense canon qui pourrait vous envoyer jusqu'à la Lune.



Je trouve l'idée vraiment sympa! Comme les clowns dans les cirques! Un gros canon sur roues! Je continue donc à dessiner sans vraiment avoir une vue d'ensemble de mon oeuvre. Les élèves se bidonnent quand je mime le clown qui a peur d'entrer dans le canon, son comparse qui le force, les roulements de tambour, la foule en délire qui en redemande avant même que ça commence. Je saute partout en me disant intérieurement : "Prof Malgré Tout, tu l'as vraiment l'affaire!" Même leur prof est plié en deux sur son bureau... Mais, y'a quelque chose qui cloche. Ce n'est pas moi qu'ils regardent... c'est le tableau... Je me retourne et vois ceci...
















Zut...

25 septembre 2006

Ils remettent ça


En deuxième année ce matin :

Un élève Pasrapport : "C'est qui là sur le poster?"

Moi : "D'après toi, Adam et Ève?"

Élève Jesaistout : "Ben non, ils sont pas tout nus..."

Moi : "C'est logique... alors, c'est qui?"

Jesaistout: "Jésus et Marie."

Moi : "Mauvaise réponse."

Pasrapport : "Ben non, c'est Prof Malgré Tout et sa femme."

Moi : "Est-ce qu'il me ressemble?"

Pasrapport : "Non... pas vraiment"

Moi : "Quel sens de l'observation... Alors... c'est qui?"

Pasrapport : "Quelqu'un d'autre avec ta femme?"

Moi : "..."

Deuxième année... J'adore cette affiche!!!

24 septembre 2006

Mondanité

Et oui, que voulez-vous. Prof Malgré Tout aime bien la soirée mondaine par excellence : l'opéra. Et hier soir, ce n'était pas un petit opéra bouffe avec une intrigue à la Feydeau. Pas de "ciel mon mari!", "zut! ma femme!" ou encore "vite dans le placard!" au programme.

L'Opéra de Montréal présentait "Il Tabarro" et "Suor Angelica" de Puccini. Le premier, vous en avez rien à cirer... surtout après le second. Suor Angelica (Soeur Angèle!!!), c'est un extracteur de larme sur les stéroïdes. C'est une magouille des compagnies de mouchoirs pour qu'on accepte la coupe à blanc. C'est triste...

Moi, ça n'a jamais été mon truc Puccini. Je trouve qu'on peut mettre du beurre seulement d'un côté de la tranche et ça fait la job. Pas besoin de la tremper dans l'huile. Giacomo, il ne partageait pas mon avis. Mais bordel, je n'ai jamais autant pleuré depuis que mon chat est mort...

Je vous résume le truc.

Une jeune noble doit devenir religieuse, car elle a eu un enfant dans le péché. Sept ans plus tard, on lui annonce que l'enfant est mort.

C'est cool hein? Pour une fois que ce n'est pas l'histoire d'un ténor qui veut coucher avec une soprano, mais y'a une basse qui veut pas...

Bordel, je pleurais avant même que ça devienne triste parce que l'ignoble Puccini utilise le matériel thématique des trucs émouvants à des moments qui peuvent nous sembler futiles. Ça donne quoi? Plus vous connaissez l'oeuvre, plus c'est triste. Ce type aurait fait un excellent bourreau.

Impossible de trouver une traduction en français en ligne... grrrrr. Seulement en anglais...

Après une trentaine de minutes de babillages entre bonnes soeurs, Angèle apprend la vérité. La musique est comme un murmure... tout s’est arrêté...








Et là, il module en majeur... le salaud!!!






Vous comprenez maintenant pourquoi j'ai trouvé ça poche Titanic et English Patient. Il reste des billets.

C'était Montserrat Caballé sur l'enregistrement. Les bois sont horriblement faux au début, mais on oublie vite...

22 septembre 2006

On tire des leçons de l'enseignement

J'étais un salaud avant d'être prof. J'aurais stérilisé tous ceux que je trouvais cons... ça représente pas mal de monde. Je pense que je m'incluais dans le tas. J'en ai fait pleurer des gens... Plus ils étaient sensibles, plus je les trouvais cons. Une seule exception à la règle: les larmes versées devant la grandeur du génie humain. Par exemple, La Passion selon Saint-Matthieu de Bach. C'est les gens qui n'étaient pas émus qui devenaient les cons. Au fond, l'important, c'était qu'il y ait des cons pour que je puisse me rassurer dans un semblant de supériorité intellectuelle.

Madame Malgré Tout et mes amis proches vous diraient que je n'ai pas vraiment changé, mais ne les écoutez pas. Je me charge de les castrer moi-même...

Ce fût une semaine stressante au boulot. La tâche trop pleine qu'on devra signer parce qu'on a pas le choix, les profs qui vont changer d'école, les profs qui ne savent pas s'ils devront changer d'école, le nouvel emploi de Madame Malgré Tout, le moment le plus déterminant du projet sur lequel je bosse, les gens qui débarquent du projet, les gens qui rembarquent dans le projet, les gens qui ne savent pas s'ils font le projet... En résumé, tout le monde capote. Et ça, c'est seulement le travail...

Moi, le con dans tout ça, je dis à une très bonne enseignante qui nous quitte, car elle vient d'avoir sa permanence :

Moi: "C'est vraiment mal foutu la commission scolaire. Pas très respectueux des enfants. Il me semble que tu pourrais commencer seulement l'an prochain sur ta permanence. Mais bon, tu n'as pas le choix... Ce n'est pas ta faute. C'est cette bande de cons..." (Un truc du genre.)

Elle: "..." (Elle se pousse... je l'entends sangloter)

Moi il y'a dix ans : "Non mais quelle conne! Vraiment hypersensible. Je ne suis pas sûr qu'elle devrait enseigner. Vous entendez la Passion selon Saint-Matthieu quelque part vous? Quoi? On diffuse Cinéma Paradisio sans me le dire? J'ai dit quelque chose de blessant...? Une petite dose de lithium peut-être...?"

Pourquoi pleure-t-elle? Parce qu'elle l'a le choix. Oui. Elle aurait pu refuser sa permanence, car elle ne remplaçait pas un remplacement. Elle remplaçait directement un congé de maternité. Elle aurait pu rester là pour ses élèves...

Il y a des profs qui enseignent depuis au moins huit ans et qui n'ont pas de permanence (moi par exemple). Mais est-ce qu'on peut demander ça à quelqu'un? Je n'ai pas donné le coup de couteau, je l'ai tourné dans la plaie. Ça lui fait drôlement mal de laisser les enfants. Pas pour elle... pour les enfants. C'est important la constance en maternelle... la stabilité.

Il y a dix ans. Quand je jouais pas mal bien parce que je pratiquais. Quand je pouvais citer Baudelaire. Quand je lisais encore des classiques. Quand je draguais les femmes plus vieilles parce que je jouais à Julien Sorel. Quand je voulais castrer mon prochain et pensais que c'était légitime. Quand je n'avais jamais enseigné à une bande d'enfants en milieu défavorisé qui ne dorment pas la nuit, qui parfois ont l'air de junky, qui sont pauvres, sales et sous-stimulés, qui se font bouffer le coeur par un tigre... À cette époque, je l'aurais trouvé conne.

Enseignement, merci.

20 septembre 2006

Conneries 101

Je ne sais pas si vous lisez Prof Maudit, mais vous devriez...

Nos charmants commissaires ont fermé un tas de classes à la fin de la dernière année scolaire. Devant des classes pleines à craquer (pour ne pas dire illégalement pleine), comme ils sont justes et bons, ils décident de rouvrir des classes. Youppi! Bien entendu, les enseignants qui étaient en poste dans ces classes sont maintenant loins et hors d'état de nuire. Allez! Tout le monde à l'affichage!

Ce que ça implique:

Les statuts précaires (comme moi), qui sont seulement à contrat, auront peut-être la chance d'obtenir un poste qui mène à la permanence (pas moi).

Suis-je téteux de boss?

Mon patron a dû trouver sept enseignants en début d'année (ça doit être stressant de faire des appels le samedi après-midi pour passer des entrevues le dimanche matin...). Et bien, 2/3 de l'équipe du préscolaire se pousse... Elles ont eu leurs permanences. Salut, bye! Elles sont bonnes. Elles le méritent. C'est génial. Mais pourquoi ne pourrait-on pas finir l'année scolaire? Chose certaine, je vais attendre un peu pour aller chialer à propos de ma tâche... Quel stratège je suis si je reste calme!

Pire que ça.

Il y a une prof... j'aimerais dire dans mon école, mais en trois ans, on ne l'a jamais vu! Maternité oblige, je respecte ça... Donc, il y a une prof, quelque part, qui est en congé de maternité. Appelons-la Elvira. Une autre prof la remplace, mais elle aussi est en congé de maternité. Je respecte toujours ça, mais on va quand même l'appeler Gertrude. Alors, il y a une jeune prof, début de carrière, très sympa, qui remplace Gertrude, la remplaçante d'Elvira. Classe combinée deuxième cycle (3-4 pour les profanes).

Jusque là, ça allait pas trop mal. Mais voilà qu'on ouvre une classe de 5e année (première année du troisième cycle pour les initiés...). Devinez qui a eu le poste... ben non... pas la jeune prof sympa... ne soyons pas naïfs quand même... elle est jeune et sympa.

Qui a choisi le poste? La remplaçante de la détentrice du poste de 3-4. Vous avez bien compris: Gertrude a pris le poste en cinquième. Les néophytes en la matière se disent sûrement :

"Ben... c'est quoi le problème d'abord? À sera même pas là... à va se faire remplacer..."

Et bien, chers incultes, je vous annonce que lorsqu'on a un remplacement, on ne remplace pas dans une classe. On remplace une personne. Donc, si Gertrude change de classe, la jeune prof sympa doit changer de classe pour remplacer Gertrude en cinquième (juste de l'autre côté du couloir). Ridicule vous dites? Vous êtes trop polis. On devrait dire : "on s'en crisse de Gertrude! Y'a des enfants dans c't'histoire là!"

Suis-je téteux de boss? (Part two)

Ce n'est pas encore fait. Peut-être suis-je naïf, mais je pense sincèrement que Patron va essayer quelque chose pour ne pas déstabiliser les enfants. Ma crainte : est-ce qu'il en a le pouvoir?

Même s'il réussi, y'a une jeune prof sympa qui dort mal le soir, se défonce à préparer des cours pour une classe combinée et tranquillement, le feu de la profession qui brûlait en elle au début de sa carrière (il y a quatre semaines) commence à s'éteindre...

Vous souvenez-vous? Je vous parlais d'un projet pilote pour former des fonctionnaires du Ministère de l'Éducation et du Tralala... Et bien, je n'étais pas si loin de la vérité.




18 septembre 2006

Le pudding ou pouding à l'arsenic?

Je suis dû pour refaire cette chanson avec les élèves... ça fait une mèche. Un petit arrangement simple qu'on ne passe pas trop de temps à apprendre. La guitare fera le reste... Le genre de truc qu'on chante pour s'amuser.

Je suis dans un dilemme: Astérix est français, mais c'est Plume Latraverse qui chante. En France, ils écrivent plutôt pudding, mais nous préférons pouding. Et comble de malheur, il y a le désormais célébrissime jeu de mots : Plume-Pouding...

Même la réforme ne nous dit pas quoi faire dans de tels cas!!! Les profs sont vraiment laissés à eux-mêmes...

Dans un grand bol de strychnine...

Note à moi-même : Ne pas faire dans la classe de fille probophobique...

17 septembre 2006

Cloche

Les nouveaux horaires... Je ne m'adapte pas. Maintenant, on a une cloche pour dire que la surveillance commence et une autre pour nous dire que "la vraie école" commence. Je n'arrive pas à m'y faire. Quand la première sonne, je bondis et me dirige vers l'entrée des élèves alors que je pourrais rester assis... Étais-je un chien de Pavlov dans une autre vie?

Ensuite, c'est la cloche de la récré des petits, celle de la fin de la récré des petits, une autre pour le début de la récré des grands suivie de celle de la récré des grands puis celle de la fin de la récré des grands. Pour conclure l'avant-midi, une ultime sonnerie nous dit d'aller manger.

Même chose l'après-midi...

Heureusement, il y a Dieu et il créa le Duct Tape!


En passant les filles, ce n'est pas une représentation minimaliste de Dieu... c'est du Duct Tape.


Message personnel pour "Le Prof Maudit" :

Cher confrère,

Premièrement : Non, je ne me vengerai pas en devenant un Pavlov qui conditionne ses élèves à coup de cloche pour en faire de gentils petits toutous.

Deuxièmement : Le Duct Tape n'est pas pour les élèves, mais pour la cloche.

Troisièmement : Cinq jours sans une de vos succulentes confessions, c'est trop long. Ça fait que dégidinez...

16 septembre 2006

Musicologie 101

Ces derniers jours, j'avais à mes côtés un musicologue. Pas n'importe lequel. Un très bon. Il travaille pour de grandes institutions culturelles. Oui, je suis chanceux. Je travaille pour un projet génial, mais bon, question d'anonymat, je ne peux pas vous dire lequel.

Comprenez... avoir un musicologue dans la classe, c'est un "wet dream" de prof de musique. J'avoue qu'avoir Oscar Peterson doit être pas mal aussi... Quoi? Pourquoi pas Diana Krall? Shhhhh... Ma conjointe a pris la fâcheuse habitude de lire mon blogue.

Alors, je présente "ze" musicologue aux élèves:

Moi: "Aujourd'hui, bande de petits chanceux, nous avons un invité de marque : Monsieur ***, musicologue! Est-ce que vous savez ce que c'est un musicologue? Allez.. Ne soyez pas timide..."

"C'est comme un psychologue, mais pour la musique."

"C'est quelqu'un qui répare la musique."

"Non, c'est quelqu'un qui soigne les musiciens."

"Ouais... qui soigne les profs de musique!!!"

"Haha... Prof Malgré Tout a son docteur."

Moi: "J'ai pas besoin de docteur. Je suis parfaitement sain d'esprit."

"Ah ouin? Pourquoi tu parles à Roger pis que tu es ami avec une roche." (J'ai ma roche depuis bien avant Mademoiselle C... tu m'le paieras Dominique Demers!!!)

Moi : "Bon, un autre qui veut couler son cours de musique..."

" Non, non... c'correct là... comment y va Roger?"

"Très bien merci. Alors, Monsieur ***, qu'est-ce que c'est un musicologue?"

Monsieur ***: "Bien. D'abord, bonjour à vous tous. Je suis vraiment très heureux d'être ici. Un musicologue, c'est quelqu'un qui aime la musique. Qui aime la musique par-dessus tout."

Et ensuite, il leur explique.

Je m'incline. Meilleure réponse au monde! Ce que les enfants ont besoin de voir et d'entendre, c'est des passionnés, des mordus, des idéalistes, des rêveurs... qui prennent le temps de leur dire bonjour. On a parlé d'opéra, les enfants buvaient nos paroles, leurs yeux brillaient... sauf quand on a parlé des castrats...

J'ai des billets pour Suor Angelica... tralalère!!!

13 septembre 2006

Ça porte malheur de s'allumer le troisième avec une même allumette.

En tant qu'ex-fumeur, je l'ai entendu souvent celle-là. Ça vient en fait de la guerre de tranchées. À la première cigarette, l'ennemi vous repère. À la seconde, il épaule son arme et vise. À la troisième... bang!

Il faut croire que les gens du Ministère de l'Éducation et des Autres Machins sont non-fumeurs. Ils ont décidé que les écoles primaires devraient faire une deuxième récréation extérieure obligatoire en après-midi.

À la première récréation, l'ennemi vous repère. Au dîner, il vous vise. À la récréation de l'après-midi... bang?

Pour lutter contre l'obésité, y'a rien comme mettre ses bottes mouillées et son manteau tout trempé, prendre son rang, attendre les retardataires et sortir pendant les 10 minutes qu'il reste. La plupart des écoles (toutes celles que je connais) avaient retiré ces "pauses santé", trop souvent synonyme de conflit ou même de bagarre.

Ok, je l'avoue. J'aimerais seulement aller chercher Fiston à la garderie 15 minutes plus tôt.

P.S. Mustafah a fait des progrès. C'était le festival des gants blancs et du renforcement positif à outrance... Il semble avoir troqué le tigre pour une tortue et un poisson rouge. Ils n'ont pas mangé son coeur mais je pense que le tigre est encore là... C'est pas le genre de truc qu'on demande comme si de rien n'était.

11 septembre 2006

Angoisse d'adulte

Il y a quatre ans, l'élève responsable d'écrire la date au tableau (dieu merci, il était présent) a fait quelque chose qui ressemblait à ceci :



C'était un an plus tard, mercredi matin, 8h30, 4e année, classe assez multi-ethnique avec son lot de musulmans et ce que ça implique.

Moi : (qui ne peut pas laisser passer ça...) "Tu maîtrises bien la perspective."

L'élève : "La quoi?"

Moi : "La perspective... les tours semblent en trois dimensions."

L'élève : "Ahh... ok."

Moi : (à la classe) "Vous aimeriez qu'on en parle."

Ils se regardent... une main se lève.

La main : "On dirait vraiment que l'avion vole vite."

Un autre : "Ouais... c'est à cause des lignes derrière."

Moi : "D'accord... rien d'autre à ajouter?"

Un autre : "Elle dessine vraiment bien!!!"

Moi : "..."

Cette année, je n'en ai pas entendu parlé. Faut croire que c'est loin New York. Tant mieux?

09 septembre 2006

Portiers en herbe

Ils en sont obsédés : tenir la porte. C'est le nec plus ultra des responsabilités données aux élèves dans notre école.

Moi, quand j'avais leur âge, c'était responsable des fenêtres le vrai truc. Pour ouvrir ou fermer une fenêtre, il fallait grimper sur le bord de ladite fenêtre et utiliser une longue perche en bois. C'était un outil lugubre coiffé d'un crochet métallique. En le brandissant, on regardait la classe de haut. L'inquiétude dans les yeux de la prof (parce que ce n'était pas tout à fait sécuritaire) était interprétée comme de la crainte. Comme nous étions puissants... Je ne pense pas qu'on puisse encore trouver de tels objets dans une classe de nos jours (sauf peut-être derrière le bureau de mon confrère: Prof Maudit).

C'est donc dans un monde sécuritaire et intellectuellement aseptisé que nos ti-n'amis évoluent et ils partagent tous le même but : tenir la porte!

Élève Wannabe : "J'peux-tu tiendre la porte?" (Oui, oui... le verbe tiendre!!!)

Moi : "D'accord" (Mauvais Prof! Tu ne l'as pas repris. Mauvais!)

Élève Dekoijememêle : "Heille! C'est pas lui le responsable!!!"

Moi : "Je sais, il est plutôt du genre irresponsable."

Wannabe : "Heille! Je vais le dire au directeur!"

Moi : "Tu fais ça, je te coule!"

Wannabe : "Ok d'abord, donne-moi ton ipod et on est quitte"

Moi : "Tu veux vraiment couler?"

Wannabe : "Non non.. c'correct là..."

Moi : "Brave petit. Tout le monde, Wannabe va avoir un A en musique!"

Wannabe : "J'peux la tiendre là?" (Je deviens mou avec les années...)

Dekoijememêle : "C'est pas à lui, c'est Élève Absente la responsable."

Moi : "Mais si elle est absente, y'a pas de problème..."

Dekoijememêle : "Si un responsable est absent, ça devrait être le remplaçant qui le remplace"

Je ne peux que m'incliner devant tant de logique...

Moi : "Ok... et c'est qui le remplaçant en question?"

Wannabe : "C'est Samuel."

Dekoijememêle: "Non, on est jeudi, c'est Élève Probophobique."

Samuel : "Mais Élève Probophobique est malade aujourd'hui."

Moi : (à part) "Mal de cheveux d'hypocondriaque..."

Dekoijememêle: "Quoi?"

Moi : "Je disais : Je veux une Cadillac!"

Samuel : "T'es bizarre Prof Malgré Tout."

Moi : "Tu viens de remarquer? Bon, alors, qui va "tiendre" la porte?"

Dekoijememêle : "La personne choisie par le responsable de choisir qui remplace l'absent quand le remplaçant est pas là."

*** Je vous jure que c'est vrai!!! ***

Moi : "Et ça va fonctionner même un jeudi?"

Dekoijememêle : "Ben oui pourquoi pas?"

Moi : "J'sais pas moi... son syndicat peut l'interdire... Je disais ça comme ça... alors c'est qui le responsable de choisir le machin truc de l'autre qui n'est pas là et je commence à trouver ça long votre affaire, mais c'est votre prof qui décide après tout."

Samuel : "Quoi?"

Moi : "Qui doit choisir le remplaçant de l'absent qui doit choisir l'autre..."

Dekoijememêle : "C'est UneTelle mais elle est absente."

Moi : (au bord du désespoir... pour ne pas dire le gun sur la tempe...) "Vous êtes vraiment sérieux? C'est comme ça que fonctionne votre classe?"

Moment de silence. 27 paires de petits yeux me regardent comme si j'étais un extra-terrestre.

Moi : "Wannabe!!! Va tenir la porte sinon je te coule!!! Pour le reste de votre vie, c'est Wannabe qui tiendra la porte quand vous êtes avec moi."

Dekoijememêle: "Oui mais si il est absent?"

Moi : "Je vous coule toute la gang!"

Et on a tous bien rigolé... c'est ce que j'aime des enfants.


Abominable? Cette histoire est vraie. Seuls les noms ont été changés pour préserver l'anonymat de mes ti-n'amis. J'entends déjà les détracteurs : "Mais qu'est-ce que c'est que cette organisation de classe? C'est n'importe quoi... Je veux parler au directeur!!! Qu'on empale cette enseignante!!! Non!! Le bucher! Le bucher!"

En réalité, il ne faut pas paniquer. C'est une classe ciblée pour un projet pilote : on y forme de futurs fonctionnaires pour le Ministère de l'Éducation et des Autres Machins. Sacré Jean-Marc... mais où prend-il de si bonnes idées?



07 septembre 2006

Mustafah

Appelons-le Mustafah pour des raisons d'anonymat. Il est en première. Grand pour son âge, ses yeux brillent de fierté lorsqu'il nous parle de sa petite soeur. Son petit frère porte un nom qui en dit long sur la ferveur religieuse de ses parents. Maman est couverte d'un voile islamique. Pas la chevelure de maman... toute maman sauf ses mains et son visage.

Mustafah ne fonctionne pas en classe cette année, dans aucune matière et avec aucun spécialiste. Après deux cours où j'ai épuisé mon arsenal de gestion de classe et de renforcement positif et tout le tralala, toujours rien à faire...

J'enseigne à 300 élèves parmis lesquels certains sont dans des classes spécialisées pour troubles de comportement et seulement un me dépasse cette année: Mustafah.

Je le garde devant sa classe après le cours de musique.

Moi : "Qu'est-ce qui t'es arrivé Mustafah?"

Lui : "Quoi?"

Moi : "Tu te souviens en maternelle. Tu étais un bon élève en musique."

Lui : "..." (Il baisse les yeux)

Moi : "Est-ce que tu te considères un bon élève cette année?"

Lui : "..." ( Il met ses mains sur sa bouche)

Moi : "Mets tes mains le long de ton corps et regarde-moi. Est-ce que tu es bon en musique?"

Lui : "Je sais pas..."

Moi : "Et bien moi je sais. Tu es très bon en musique et tu es très intelligent."

Lui : "..."

Moi : "Est-ce que tu trouves que tu vas bien en musique cette année?"

Lui : "Non..."

Moi : "Qu'est-ce qui ne va pas?"

Lui : "Je fais des choses méchantes. Je fais mal."

Moi : "Mais l'an dernier, tu ne faisais pas des choses comme ça.... qu'est-ce qui s'est passé?"

Lui : "..."

Moi : "Tu es allé en voyage cet été?"

Lui : "Non..." (Il baisse les yeux et s'agite)

Moi : "Tu as pris l'avion?"

Lui : (son visage s'éclaire) "Oui!"

Moi : "Donc, tu es allé en voyage."

Lui : (il semble avoir peur) "...Non..."

Moi : "Mais tu as pris l'avion... Est-ce que tu as pris le bateau?"

Lui : "Non. Seulement l'avion."

Moi : "Et dans quel pays es-tu allé?"

Lui : "Montréal?"

Moi : "On ne prend pas l'avion pour aller à Montréal Mustafah."

Lui : "C'est loin..."

Moi : "Tu as dormi dans l'avion?"

Lui : "Je suis allé voir ma grand-mère."

Moi : "Bon d'accord... Papa habite avec toi à la maison?"

Lui : (il panique un peu... hésite... cherche...) "...Oui..."

Moi : "Et dis-moi... Qu'est-ce qui a changé avec le Mustafah de l'an dernier?"

Lui : "Mustafah fait des choses méchantes maintenant."

Moi : "Est-ce que tu sais pourquoi?"

Lui : "Oui. Un animal est entré dedans moi."

Moi : "Quelle sorte d'animal?"

Lui : "Un tigre... Il est entré et il a mangé mon coeur!"

Moi : "Et il est encore là le tigre?"

Lui : "Oui. Il est toujours là... il a mangé mon coeur. C'est le tigre qui me rend méchant."

Moi : "Mais tu es beaucoup plus fort que le tigre. C'est toi le chef."

Lui : "Non... le tigre est le plus fort. J'ai peur de lui."

Moi : "Moi je pense que tu es plus fort que le tigre... tu es très fort."

Lui : "..." (Il regarde son biceps)

Moi : "Je voulais dire fort ici et là." (Je pointe sa tête et son coeur)

Lui : "..." (Regard incertain) "...Non..."

Moi : (Tâchant de sourire en prenant mon air le plus convainquant) "Oui..." (Main sur l'épaule, petit coup de coude...) "Allez. Faut retourner en classe."

Il doit partir... rejoindre sa classe, faire son sac, rejoindre sa mère et retrouver... son père?

Ouf... je l'ai signalé à la psychoéducatrice de l'école et à toutes les personnes concernées. Oui... son prof titulaire s'inquiète.

Je ne blâme personne... sauf le tigre.

05 septembre 2006

Alea jacta est

C'est fait. Ma classe combinée de troisième cycle (5e et 6e année pour les non-initiés) chante candidement "La java des bombes atomiques" de Boris Vian. Je sais... Y'a un paquet de gens qui meurt et le responsable devient chef du gouvernement. Vous aimez mieux les chansons où les "ti-n'amis" et les lutins s'aiment et se font des messages d'explication?

Ti-n'ami : "Je n'aime pas quand tu me casses la tête à coup de batte lutin...."

Lutin : "..."

Ti-n'ami : "Qu'est-ce que tu as compris mon ami le lutin?"

Lutin : (à part) "Quel con..." (au ti-N'ami) " Tu n'aimes pas quand je te casse la tête à coup de batte"

Ti-n'ami : "Bien.. et que comptes-tu faire la prochaine fois?"

Lutin : "Te casser la tête à coup de crowbar?"

Ti-n'ami : "ouuuuuuaaaaiiiinnnnn..."

C'est sous-entendu que le lutin et ti-n'ami ont pris le temps de bien se calmer avant le message d'explication...

Le pire : Élève probophobique est dans cette classe... Je devrais peut-être m'en tenir à de la musique instrumentale et troquer ma bombe atomique pour une crowbar.



À suivre...

01 septembre 2006

Montée créationniste

John Lennon a dit un jour en parlant de son band : "The Beatles are more popular then Jesus..." Et bien John, ce n'est plus vrai maintenant.

Un élève: C'est qui là les poilus sur le poster?

Moi : C'est John Lennon et Yoko Ono. John Lennon était un Beatles.

Un élève : Ah... je pensais que c'était Adam et Ève.

Un autre élève : Ben non épais, c'est deux gars!

Moi : ...



Désolé John, même Adam est plus populaire que toi...