30 septembre 2007

Une autre soirée mondaine

Comme je suis un petit veinard, j’arrive de l’opéra. Au programme: l’histoire d’un ténor qui voulait coucher avec une soprano, mais y a une basse qui ne voulait pas...

Quoi? Encore la même chose?

Pas tout à fait. Cette fois, la soprano était la femme de la basse qui était le meilleur ami du ténor. Une petite nuance...

C’était chouette. Un Verdi obscur : un Ballo in Maschera (Un bal masqué).

Pourquoi obscur?

Verdi a écrit une trentaine d’opéras et disons qu’il y en a une dizaine de connus. La règle? Si je le connais, c’est connu.

Pourquoi?

Deux raisons : la répétition et le cinoche.

La répétition : Y a des airs de Verdi qui sont répétitifs et qui restent collés. Par exemple, celui que vous pouviez entendre dans ce billet.

Le cinoche (ça vaut aussi pour la pub): Un mafioso sans scrupule va à l’opéra et verse une larme. La toune devient populaire. Même chose pour la pizza qui vous fait saliver. Une question de glande je crois.

Malheureusement, ça ne s’applique pas à l’opéra Un bal masqué... qui pourtant, gagnerait à être connu.

Curiosité : l’opéra est en trois actes, mais il y avait parfois des pauses supplémentaires de deux ou trois minutes à rideau fermé. Ce n’est jamais une mauvaise idée de changer un peu de décor dans un opéra de trois heures et ça permet d’échanger un peu sur ce qu’on vient de se taper.

Pendant une de ces pauses, un type grisonnant me tape sur l’épaule.

Le type : Je vous écoutais parler de votre projet tout à l’heure à l’entracte, et j’aimerais m’entretenir avec vous après le spectacle. Je fais présentement mon doctorat sur l’avenir de l’opéra au XXIe siècle.

Comme il avait l’air plus friqué que moi et que je croyais qu’il me paierait un verre, j’ai accepté et je l’ai sagement attendu après la tombée du rideau.

Certains d’entre vous le savent déjà : je bosse sur un projet qui rassemble quatre classes de quatre écoles et qui prend racine dans un opéra. Nous, on fait une comédie musicale qu’on balance par la tête de plus ou moins 5000 personnes au mois de mai. Le projet fait d'ailleurs l’objet d’un reportage... j’en reparlerai un de ces quatre.

Alors, le type se pointe et ne me paye pas un verre...

On se présente et blablabla. Il me parle de son doctorat et je lui explique le projet, mais je demeure très humble.

Le type : Ah! Mais j’ai fait quelque chose de très semblable avec des enfants!

Moi (sceptique) : Vraiment?

Le type : Je leur racontais un conte de Nöel et ils faisaient des bruits avec des instruments. Ça mettait de l’ambiance.

Et là, je suis vraiment cool.

Moi : Ah oui! Un conte musical! C’est vraiment génial. Les enfants devaient aimer ça...

Pfff... Ceux qui me connaissent savent comment je peux être chiant. J’aurais bien aimé que vous me voyiez. Un vrai gentleman.

Anyway... quand le type va allez voir le site du projet, il va manger ses bas. Mais, il n’était pas con ce mec. C’est juste qu’il ne pouvait pas savoir; je suis tellement humble.

Peu importe, on a quand même discuté de l’avenir de l’opéra. Un musée qu’on visitera? C’est ce qu’il craint et moi aussi...

Pendant l’ouverture, j’écoutais les thèmes en me disant que j’allais en reconnaître plus tard tout au long de l’oeuvre. À un moment, je me suis demandé combien on était dans la place à faire ça...

On a essayé de vendre l’opéra aux bourgeois avec de beaux costumes, des histoires connues (Roméo et Juliette, La Traviata alias la dame aux camélias, Tristan et Iseult, Don Giovanni, etc.) des décors grandioses, des éclairages léchés et un snobisme garanti par le prix exorbitant des billets. À Montréal, on idolâtre un style vocal qui est subtil comme un 18 roues dans mon salon. Un style vocal... Une voix, ce n’est pas de la musique. Ce n’est qu’un instrument. Un outil...

Et la musique, on l’a déjà expliquée?

Une dernière chose. Et je sais, vous allez me traiter de facho.

Je n’ai rien contre les gens qui ont du poids en trop. Par contre, à l’opéra, ça saute aux yeux, même dans les choeurs. Bordel, c’est une question de casting... Quand la fille sur qui tout le monde tripe a 100 livres au-dessus de son poids santé, je décroche. On ne parle pas de potelée, de bien enrobée, de grassette, ce qui me plaît pas mal en général. On parle de morbidité. Désolé si le mot vous choque, mais c’est le terme médical. Au théâtre, est-ce que vous accepteriez que Juliette pèse 300 livres et Roméo 150 livres? Dans la vraie vie, ça serait super et surtout, pas mon problème. Mais là, on ne parle pas de vraie vie. On parle d’un spectacle. Si au cinéma, j’avais l’impression que je pouvais donner la fessée au Terminator, ça ne passerait pas dans ma tête. Alors, pourquoi à l’opéra il faudrait que ça passe?

Savez-vous pourquoi Callas (que je n’aime pas) était la plus grande? Son armateur de mari l’a fait maigrir. Il lui a dit : «écoute poupée, tou es la plousse belle voix, tou séras la plousse belle».

Même chose pour les mecs. Vous êtes trop gros les gars. Un chevalier avec votre tour de taille se ferait buter dans le temps qu’il faut pour chanter un contre-do. De toute façon, son cheval se plaindrait à son syndicat. En parlant de cape et d’épée... Si vous avez peur de vous faire mal, laissez-la donc dans le fourreau votre épée en plastique, parce que là, nous aussi on a peur pour vous et ça nous déconcentre.

Sur ce, Mère Indigne a raison : c’est excellent le Hautes-Côtes de Beaune!

Cheers


C’était quand même un super bon show.




...

7 commentaires:

Prof Malgré Tout a dit…

En passant, j'en ai une bedaine et je suis très loin d'être pétard.

Je suis dangereux avec une râpe à fromage, alors, imaginez une épée.

Par contre, ce n'est pas ma job d'être beau et de jouer les chevaliers.

Désolé si j'ai blessé quelqu'un. J'appelle au banc des accusés la bouteille de Hautes-Côtes de Beaune qui traîne sur le comptoir.

Anonyme a dit…

Bah, si c'est pour l'amour de la vigne, on pardonne tout!
Remarque, en passant, je me souviens d'un Figaro affublé d'une calvitie plus que naissante, c'était... comment dire? Pas crédible, mais alors pas du tout!

Une Peste! a dit…

Vrai que Callas a maigri sur les conseils de son époux. Époux qui n'était pas Aristote l'Armateur, mais plutôt Giovanni Battista. C'était lui son commandatore.

Onassis ne fut que l'amour de sa vie.
C'est sa voix qu'elle lui a sacrifié, pas ses kilos en trop.

Prof Malgré Tout a dit…

Hey! Merci! Donc, il faudrait que je change l'accent du mec?

Hum... j'suis nul pour les accents.

Dobby a dit…

;) Si je ne suis pas blessée, ça va. Continues le Hautes-Côtes de Beaune.

Par contre, si un jour je me rends à avoir une voix pour cela (pcq bien que je me défende très bien côté chant, on s'entend qu'il faut pas mal beaucoup de pratique), je revendique le droit de tout de même chanter Juliette avec un corset qui me remontera les attributs! :P

Prof Malgré Tout a dit…

Dobby : Je te dédis l'extrait du moment!

Dobby a dit…

Wah... je suis sincèrement touchée!
J'ai un sourire étampé dans la figure ;)
Sauf que ça me fait réaliser que j,ai du boulot pour en arriver là :D