20 novembre 2006

Je suis un peu occupé ces temps-ci...

Prof malgré tout? Malgré quoi au juste? T'as deux mois de vacances... De kessé? Comment ça su' l'chômage? Statut précaire? Kossé?

Pas facile d'enseigner en milieu défavorisé. C'est ma huitième année dans mon école. Je n'ai comme sécurité d'emploi que les dossiers médicaux et les autopsies de ceux qui m'ont précédé. Y a pas grand monde qui veut ma job...

Ma tâche de prof de musique : 60%, trois jours, horaire plein. Pas de périodes de libération pour travail de nature personnel. Cinq petites minutes entre les trois périodes du matin... si le titulaire n'arrive pas en retard de sa période libre pour venir chercher son groupe. J'ai un peu plus entre les deux périodes de l'après-midi. Pas de récréations. Ma tâche d'enseignement dépasse le maximum, mais c'est légal. J'ai 12 minutes pour l'encadrement des élèves (téléphone à la maison, récupération, règlement de conflit, etc.). Pour 60% de tâche, ça fait quatre minutes par jour.

Les deux autres jours, je drive un projet. On fait écrire une comédie musicale à partir d'un opéra oublié et pas évident. Ce choix nous est presque imposé: on a le choix entre ça ou rien. Mais bon, on recommence chaque année.

Mon rôle? Décortiquer l'opéra en question (la musique, le livret), me convaincre que même si les deux plus importants disquaires de Montréal ne l'ont pas en stock, ce n'est pas si obscur, si mauvais... Je dois aussi faire une recherche historique, préparer le site web du projet. (forum, blogue, etc.) et repiquer des extraits intéressants à l'oreille parce qu'on ne m'a pas encore refilé la partition qu'il faut faire venir d'Europe pour la modique somme de 150 balles (je suis tanné de payer pour travailler... y a pour au moins 1000$ de trucs à moi dans ma classe).

Après avoir fait tout ça, c'est la rentrée. Vous avez compris. Je fais ça l'été, bénévolement...

Ensuite, ça commence. Quatre écoles en deux jours à chaque semaine. Je leur balance tout ça par la tête et il faut qu'ils absorbent, car ils vont devoir tout refaire. Les enfants vont écrire le texte et les paroles de chansons, composer la musique, concevoir les décors, les danses, les costumes, blablabla... On réécrit tout, on recompose tout, on repense tout.

Jusqu'en décembre, je me tape ça pas mal tout seul. J'accepte et j'ai besoin des commentaires des autres adultes du projet et surtout de ceux des enfants. Il faut garder l'esprit très ouvert et être intègre comme ça ne se peut pas. Ce n'est pas mon spectacle, c'est celui des élèves. Je mets de l'eau dans mon vin. J'ai juste à en boire plus!

En janvier, on passe à l'action. Yeah! Je ne serai plus seul! Les autres formateurs débarqueront et je vais pouvoir bosser sur la musique avec les jeunes qui vont l'interpréter en direct à chaque représentation. Quatre générales et huit spectacles en cinq jours. 5000 spectateurs. Cinglé hein?

Ah oui... est-ce que j'ai mentionné qu'il faut aussi que j'adapte des passages musicaux de l'opéra pour que des enfants de 11 ans qui ne sont pas mes élèves et n'ont jamais fait de musique, puissent la jouer quatre mois plus tard en n'ayant qu'une répétition par semaine? Le classicisme, ça sonne mal sur des djembés et des synthétiseurs bas de gamme. Alors, je leur sers du "hip hopera". Le plus chouette est quand même d'arranger leurs compositions en les impliquant le plus possible dans le processus. Créer, c'est choisir.

Ça me prend deux avant-midi et pas mal de café pour faire les quatre écoles. Je suis donc libéré deux après-midi par semaine pour faire le projet, mais s’il y a une journée pédagogique, les enfants viennent à l'école quand même... oui... même pas de gun sur la tempe. Ils viennent à l'école les jours de congé pour bosser sur le projet... Une seule déduction logique : adultes, enfants, tous des fous! 911 quelqu'un...

Capotez pas... Je ne suis pas seul dans le projet. Il y a le coordonnateur. Moi, mon truc, c'est la création avec les jeunes. Ne me demandez pas de faire un horaire, ça ne marchera pas... encore moins de trouver du fric... Ça, c'est le truc du coordinateur. Un amoureux des enfants. Le genre de type qui tripe par procuration sans que ça soit malsain.

Y a aussi les profs et les formateurs : danse, chant, metteur en scène, décors, accessoires. Au centre de tout ça, il y a la centaine d'enfants qui croient en nous quand nous croyons en eux.

N.B. J'ai bien hâte de voir le canon sur la scène...


ARGHHH!!! J'voulais juste vous dire que je suis un peu occupé pour écrire des billets ces temps-ci. Bordel... je viens d'avoir une idée pour mon prochain... Si y'en a un qui me parle de mon affiche de John et Yoko demain, je lui colle une retenue de quatre minutes.





1 commentaire:

le Prof Maudit a dit…

Si moi je suis un démon, vous êtes un saint, prof malgré tout! Longue vie à votre projet, vos nerfs et votre porte-feuille!