Pendant mes études, je donnais des leçons privées de guitare. Pourquoi je ne dis pas des leçons de guitare en privé? Trop souvent, les leçons étaient effectivement privées de guitare. Parmis mes nombreux élèves, pas mal d'adultes. Des gars qui veulent assouvir un trip d'adolescence et des filles qui prennent un break de leur chum trop ado. Ça donne un mélange de psychothérapie et de ligue de quille hebdomadaire. Sympathique, mais pas très musical. Privé de guitare... c'est ce que je disais.
C'est dans ce contexte que j'ai rencontré Marcel. Un chic type dans la quarantaine, une femme, une petite fille, un bungalow et une petite bedaine de bière. Dans le village où se trouvait cette école de musique, Marcel, c'était monsieur tout le monde.
Premier cours.
Moi : "Salut, mon nom c'est... (bande de curieux!)."
Marcel : "Salut, moi c'est Marcel."
Moi : "Enchanté. Alors, tu veux jouer de la guitare?"
Marcel : "Ça a ben l'air."
Moi : "T'as déjà joué?"
Marcel : "Je l'ai même pas encore sortie de l'étui."
L'autodidacte en moi : "Ça augure mal. Encore un autre qui veut que j'apprenne pour lui."
Moi (à l'autodidacte): "Ta gueule l'autodidacte. Faut bouffer et payer le loyer."
Moi : "Pas de problème! On va voir ce qu'on peut faire. Quel genre de musique tu veux jouer?"
Marcel : "J'sais pas."
Moi : "Ben... quelle sorte de musique tu écoutes?"
Marcel : "J'écoute pas vraiment de musique."
Pauvre gars. Sa femme doit être vraiment l'enfer et il est barré dans tous les bars de la place...
Moi : "Et tu veux jouer de la guitare pour...?"
Marcel : "J'ai le cancer. J'en ai pour environ un an ou deux à vivre et j'aimerais ça chanter une chanson à ma petite fille de cinq ans avant de mourir."
Moi : "..."
Marcel vient à son cours chaque semaine. Il progresse de façon satisfaisante (il aurait un C sur son bulletin!!!). Son voisin, Joe, s'est mis à la guitare en même temps. Marcel essaie de jouer Pink Floyd tandis que Joe tripe Bob Dylan. Ils viennent le même soir, stones comme ça ne se peut même pas. Joe par habitude, Marcel pour contrer les effets secondaires de la chimiothérapie. Je pense que Joe y allait un peu fort sur la dose, mais bon...
Marcel a de bonnes assurances. Il part une semaine à Paris pour essayer un nouveau traitement. Il revient, toujours aussi stone, mais il a un genre de valise avec plein de tubulures qui lui entre dans les veines. Un nouveau truc, à ce qui paraîtrait. Traitement continu... effets secondaires continus. Pink Floyd all the way dude!
Le récital de fin maîtrise approchant, je dois abandonner le boulot. En plus, c'est loin et j'ai pas d'char... "Salut Marcel, bonne chance... fuck... bats-toi man!" Je refile la job à un copain X.
Je termine ma maîtrise, m'inscrit en enseignement (j'vous l'dis : je ne "fitais" pas au MBA) et la vie continue.
Un an plus tard, je recroise copain X.
Moi : "Hey!"
X : "Yo! Wuz up, bitch?"
Moi : "Same ol' shit dude..."
Oups... je recommence.
Moi : "Salut X."
X : "Hey! Comment ça va?"
Moi : "Je travaille là-dessus. Et toi? Tu bosses toujours à ***insérez le nom du petit village où était l'école de musique***?"
X : "Ouais... Je suis rendu avec pas mal d'élèves."
Moi : "Le p'tit Jonathan est encore là?"
X : "Non... Il piquait des crises..."
Moi : "Comme avec moi... héhé... Et... heu... Marcel?"
X : "Tu ne le savais pas? Il est guéri man! All the way. Il a vaincu le cancer et il continue ses cours de guitare... y a vraiment pas beaucoup de talent, mais il est sympa."
Moi : "No way... Génial! Et Joe?"
X : "Il a lâché dès que Marcel a été guéri."
Joe, you're the man!
C'est dans ce contexte que j'ai rencontré Marcel. Un chic type dans la quarantaine, une femme, une petite fille, un bungalow et une petite bedaine de bière. Dans le village où se trouvait cette école de musique, Marcel, c'était monsieur tout le monde.
Premier cours.
Moi : "Salut, mon nom c'est... (bande de curieux!)."
Marcel : "Salut, moi c'est Marcel."
Moi : "Enchanté. Alors, tu veux jouer de la guitare?"
Marcel : "Ça a ben l'air."
Moi : "T'as déjà joué?"
Marcel : "Je l'ai même pas encore sortie de l'étui."
L'autodidacte en moi : "Ça augure mal. Encore un autre qui veut que j'apprenne pour lui."
Moi (à l'autodidacte): "Ta gueule l'autodidacte. Faut bouffer et payer le loyer."
Moi : "Pas de problème! On va voir ce qu'on peut faire. Quel genre de musique tu veux jouer?"
Marcel : "J'sais pas."
Moi : "Ben... quelle sorte de musique tu écoutes?"
Marcel : "J'écoute pas vraiment de musique."
Pauvre gars. Sa femme doit être vraiment l'enfer et il est barré dans tous les bars de la place...
Moi : "Et tu veux jouer de la guitare pour...?"
Marcel : "J'ai le cancer. J'en ai pour environ un an ou deux à vivre et j'aimerais ça chanter une chanson à ma petite fille de cinq ans avant de mourir."
Moi : "..."
Marcel vient à son cours chaque semaine. Il progresse de façon satisfaisante (il aurait un C sur son bulletin!!!). Son voisin, Joe, s'est mis à la guitare en même temps. Marcel essaie de jouer Pink Floyd tandis que Joe tripe Bob Dylan. Ils viennent le même soir, stones comme ça ne se peut même pas. Joe par habitude, Marcel pour contrer les effets secondaires de la chimiothérapie. Je pense que Joe y allait un peu fort sur la dose, mais bon...
Marcel a de bonnes assurances. Il part une semaine à Paris pour essayer un nouveau traitement. Il revient, toujours aussi stone, mais il a un genre de valise avec plein de tubulures qui lui entre dans les veines. Un nouveau truc, à ce qui paraîtrait. Traitement continu... effets secondaires continus. Pink Floyd all the way dude!
Le récital de fin maîtrise approchant, je dois abandonner le boulot. En plus, c'est loin et j'ai pas d'char... "Salut Marcel, bonne chance... fuck... bats-toi man!" Je refile la job à un copain X.
Je termine ma maîtrise, m'inscrit en enseignement (j'vous l'dis : je ne "fitais" pas au MBA) et la vie continue.
Un an plus tard, je recroise copain X.
Moi : "Hey!"
X : "Yo! Wuz up, bitch?"
Moi : "Same ol' shit dude..."
Oups... je recommence.
Moi : "Salut X."
X : "Hey! Comment ça va?"
Moi : "Je travaille là-dessus. Et toi? Tu bosses toujours à ***insérez le nom du petit village où était l'école de musique***?"
X : "Ouais... Je suis rendu avec pas mal d'élèves."
Moi : "Le p'tit Jonathan est encore là?"
X : "Non... Il piquait des crises..."
Moi : "Comme avec moi... héhé... Et... heu... Marcel?"
X : "Tu ne le savais pas? Il est guéri man! All the way. Il a vaincu le cancer et il continue ses cours de guitare... y a vraiment pas beaucoup de talent, mais il est sympa."
Moi : "No way... Génial! Et Joe?"
X : "Il a lâché dès que Marcel a été guéri."
Joe, you're the man!
8 commentaires:
ahhh...que j'aime cette histoire...surtout que mon chum joue de la guitare en "back-ground"...un vrai autodidacte lui...jamais joué de musique de sa vie...a enfin reçu une guitare l'an dernier pour sa fête...il gratte tous les soirs...me demande ce qu'il faisait avant ça...il va bien avec moi car je n'ai aucune oreille musicale alors je le trouve super bon...tu sais LE conseil que je donne à mes gars? apprend à jouer de la guitare...parce qu'un jour tu auras des boutons et pas de blonde...et un joueur de guitare au coin d'un feu de camp...ben c'est gagnant...me souviens d'avoir trippé sur le plussse laid gars de la terre mais qui jouait de la guitare comme un dieu (c'était pas toi par hasard prof malgré tout?? ;-) )
BOn assez tergiversé sur mon moi...j'aime beaucoup lire ton blogue..je vais bientôt fêter ma première année d'enseignement au secondaire et te lire me fait du bien...entre mes piles de correction, mes préparations de cours et mes rapports de discipline...tout un contrat!!!
La petite démone...avec les multiples points de suspensions...
Zed : Merci. J'n'ai pas grand mérite car l'histoire est vraie.
Démone : Ben non... ce n'était pas moi autour du feu. Pour la description physique, ça va, mais mon jeu est plutôt extraterrestre que divin.
Au moins, ça pogne avec les raëliennes...
C'est vraiment beau comme histoire, preuve que la musique et une bonne dose de courage guérit tout!!!;-)
C'est donc ben cute! "Guéri par la guit'"!
Blague à part, prof, j'ai lu pas plus tard qu'hier, que les musiciens ne faisaient presque pas d'Alzeihmer et que le dernier truc qui s'efface de la mémoire quand on la perd, c'est la musique.
Bon, avec ça je prend 10% de votre cachet chez tout les nouveaux clients privés que vous aurez. Payable en Lagavulin. Ou Glenmorangie.
Vous me rendez nostalgique Blonde Chroniqueuse. J'ai arrêté le scotch en même temps que la cigarette. Un scotch, une bière et une clope... hum.... miam miam...
Wow, vraiment touchant comme histoire, surtout pour une infirmière... Sacré Joe! Oui, il y a la musique, mais un vrai chum qui va jusque là pour supporter son ami qui souffre, c'est aussi vraiment thérapeutique...
Anonyme : Ouais... Joe's the man!!!
J'aime bien cette histoire! Sans doute parce qu'elle finit bien :)
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