Mon choix est fait. J'écouterai mon coeur. Il est où mon coeur? À la maison, en famille, auprès de ma blonde et de mon blondinet de fils. Peu importe mon choix, les chats ne verront pas la différence.
Je reste au primaire comme statue précaire avec le plus ultra meilleur projet de la galaxie. Je ne vivrai pas le stress d'une nouvelle job... pas maintenant. Je ne serai pas le guitariste (et pianiste bidon) qui dirigera médiocrement l'orchestre à vent. Je laisse la place à quelqu'un de plus compétent. Je ne serai pas le prof qui accepte un poste menant à la permanence pour se désister deux ans plus tard s'il ne s'est pas encore fait bumper parce qu'il est le moins ancien.
Mon fils ne passera pas une minute de plus que prévu à la garderie et moi pas une minute de plus dans le trafic.
Oui, l'horaire est mieux au secondaire.
Oui, la dynamique des profs me conviendrait mieux.
Oui, je pourrai peut-être faire mes super projets d'intégration des TIC qui sont sur la glace.
Oui, je pourrais peut-être, éventuellement, si on me donne la chance, quand la conjoncture économique le permettra, créer un programme de guitare classique et relancer la musique dans cette école. Sure thing baby...
Oui, je serais bon, même si je ne suis pas instrumentiste à vent.
Il y a six ou sept ans, l'occasion s'est présentée. Je commençais en enseignement, alors je ne comprenais pas l'enjeu du geste que j'allais poser. J'ai refusé un poste qui menait à la permanence! Et oui. Pourquoi? Parce que le directeur adjoint essayait de me convaincre par des arguments de nature pécuniaire, le salaud! J'y suis allé avec mes tripes et j'ai laissé les clefs du local sur son bureau. Il n'était pas content le p'tit gars... Oui. C'était un p'tit gars. Frustré de ne pas avoir pu m'acheter. Dommage... Les élèves que j'ai croisé semblaient me trouver sympa. C'est naïf des ados...
Une semaine plus tard, j'étais dans le bureau de mon actuel patron qui me regardait comme un extraterrestre. Après tout, je me vantais d'avoir refusé une permanence... Il avait donc deux choix : appeler le 911 ou me donner le contrat. Malgré mes cheveux longs et mon air désinvolte, il m'a offert le contrat! Plus flyé qu'on pense le patron...
Six ans plus tard, il me convoque dans son bureau.
Moi : À moi-même. "Bon... qu'est-ce que j'ai dit encore... À moins que ce soit quelque chose que j'ai fait..."
Moi: "Salut Patron, vous vouliez me voir?"
Lui: "Oui, assieds-toi."
Moi :"Ok. J'ai fait un truc un peu trop facho?"
Lui: "Pas vraiment."
Moi : "Excellent... Je déteste quand les élèves me dénoncent..."
Comme le veut la tradition, il ne me trouve pas drôle.
Lui : "Je sais que tu travailles fort pour le projet et qu'on ne peut pas te payer pour toutes les heures que tu investis."
Moi: "Personne ne me force..."
Lui : "Justement. Alors, pour te montrer ma reconnaissance et souligner ton apport exceptionnel, j'ai posé ta candidature pour le prix spécial du premier ministre."
Il me tend un document d'une dizaine de pages. Un document qui parle de moi et de ce que je fais dans le projet.
"Heu... wow... je suis vraiment touché."
"Je pense qu'on a de sérieuses chances d'aller faire un tour à Ottawa!"
Je n'ai jamais eu de nouvelle de Harper et ce n'est pas bien grave... Je préfère Florence ou Barcellone. Ottawa, c'est pas vraiment mon truc.
Pourquoi je raconte ça? Besoin d'attention? Oui! Mais aussi, quand ce genre de truc arrive, c'est qu'on est à notre place.
Ben, c'est ça. Je n'ai pas dit mon dernier mot dans MON école. Je le fais pour moi. Ce n'est pas parce que le train ne passe pas souvent qu'il faut y monter. Moi, je reste du mauvais côté de la traque, là où je fais une différence...
Yes! Je n'ai pas mis les élèves dans la balance! Sinon, ce n'était pas fair, j'étais certain de rester...
Je reste au primaire comme statue précaire avec le plus ultra meilleur projet de la galaxie. Je ne vivrai pas le stress d'une nouvelle job... pas maintenant. Je ne serai pas le guitariste (et pianiste bidon) qui dirigera médiocrement l'orchestre à vent. Je laisse la place à quelqu'un de plus compétent. Je ne serai pas le prof qui accepte un poste menant à la permanence pour se désister deux ans plus tard s'il ne s'est pas encore fait bumper parce qu'il est le moins ancien.
Mon fils ne passera pas une minute de plus que prévu à la garderie et moi pas une minute de plus dans le trafic.
Oui, l'horaire est mieux au secondaire.
Oui, la dynamique des profs me conviendrait mieux.
Oui, je pourrai peut-être faire mes super projets d'intégration des TIC qui sont sur la glace.
Oui, je pourrais peut-être, éventuellement, si on me donne la chance, quand la conjoncture économique le permettra, créer un programme de guitare classique et relancer la musique dans cette école. Sure thing baby...
Oui, je serais bon, même si je ne suis pas instrumentiste à vent.
Il y a six ou sept ans, l'occasion s'est présentée. Je commençais en enseignement, alors je ne comprenais pas l'enjeu du geste que j'allais poser. J'ai refusé un poste qui menait à la permanence! Et oui. Pourquoi? Parce que le directeur adjoint essayait de me convaincre par des arguments de nature pécuniaire, le salaud! J'y suis allé avec mes tripes et j'ai laissé les clefs du local sur son bureau. Il n'était pas content le p'tit gars... Oui. C'était un p'tit gars. Frustré de ne pas avoir pu m'acheter. Dommage... Les élèves que j'ai croisé semblaient me trouver sympa. C'est naïf des ados...
Une semaine plus tard, j'étais dans le bureau de mon actuel patron qui me regardait comme un extraterrestre. Après tout, je me vantais d'avoir refusé une permanence... Il avait donc deux choix : appeler le 911 ou me donner le contrat. Malgré mes cheveux longs et mon air désinvolte, il m'a offert le contrat! Plus flyé qu'on pense le patron...
Six ans plus tard, il me convoque dans son bureau.
Moi : À moi-même. "Bon... qu'est-ce que j'ai dit encore... À moins que ce soit quelque chose que j'ai fait..."
Moi: "Salut Patron, vous vouliez me voir?"
Lui: "Oui, assieds-toi."
Moi :"Ok. J'ai fait un truc un peu trop facho?"
Lui: "Pas vraiment."
Moi : "Excellent... Je déteste quand les élèves me dénoncent..."
Comme le veut la tradition, il ne me trouve pas drôle.
Lui : "Je sais que tu travailles fort pour le projet et qu'on ne peut pas te payer pour toutes les heures que tu investis."
Moi: "Personne ne me force..."
Lui : "Justement. Alors, pour te montrer ma reconnaissance et souligner ton apport exceptionnel, j'ai posé ta candidature pour le prix spécial du premier ministre."
Il me tend un document d'une dizaine de pages. Un document qui parle de moi et de ce que je fais dans le projet.
"Heu... wow... je suis vraiment touché."
"Je pense qu'on a de sérieuses chances d'aller faire un tour à Ottawa!"
Je n'ai jamais eu de nouvelle de Harper et ce n'est pas bien grave... Je préfère Florence ou Barcellone. Ottawa, c'est pas vraiment mon truc.
Pourquoi je raconte ça? Besoin d'attention? Oui! Mais aussi, quand ce genre de truc arrive, c'est qu'on est à notre place.
Ben, c'est ça. Je n'ai pas dit mon dernier mot dans MON école. Je le fais pour moi. Ce n'est pas parce que le train ne passe pas souvent qu'il faut y monter. Moi, je reste du mauvais côté de la traque, là où je fais une différence...
Yes! Je n'ai pas mis les élèves dans la balance! Sinon, ce n'était pas fair, j'étais certain de rester...
19 commentaires:
T'es génial.
Cher Prof,
Je ne saurais vous conseiller puisque, personnellement, je n'écoute jamais les conseils.
Il y a trois ans, le train de la permanence est passé dans ma vie. J'ai sauté dedans, trop heureuse d'accéder enfin à la propriété. Les travailleurs autonomes ne passent pas très bien au crédit! :0/
Par contre, ce serait mentir que de prétendre avoir fait LE bon choix professionnel. Je suis à des lieux de ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Mon travail est... correct. Il est bon pour la conciliation, quoi!
Par contre, je ne regrette tellement pas le bungalow et son cabanon, si pratique pour faire des cabrioles loin des enfants. Le train des douces folies professionnelles repassera certainement! ;0)
Votre décision sera certainement la bonne. Dans la négative, vous en prendrez éventuellement une autre!
Les décisions doivent toujours être prises avec le coeur ! D'être capable de se rendre compte de ce principe et surtout de le mettre en pratique est honorable à tous les points de vue !!
Bonne continuité et ne regarde pas derrière.... le meilleur est toujours devant !!
aange Zen
Madame Une Telle: ;) les statuts précaires professorales ont un bon crédit. Ou bien je dois avoir une fichue de bonne institution financière, car même suppléantes ils me considéraient à revenu stable.
Prof malgré tout: ... Youppi... vive votre coeur, quoi qu'il choisissait bien sûr :)
Merci tout le monde. Vous êtes trop sympas.
Zed : Je pense que Mustafah a bouffé le tigre... pauvre tigre...
Dobby : C'est bien vrai. Les banques sont prêtes à nous prêter pour mieux nous saigner ensuite.
Madame Untelle : Le mot "cabriole" fait maintenant partie de mon arsenal pour tenter Blonde Malgré Tout. Je vous en redonne des nouvelles...
Mathieu : Merci.
Aange : Quand vient le temps de prendre ce genre de décision, je me demande si j'ai une tête...
Héhé... effectivement à nous saigner ça toujours prêtes... mais vont apprendre vite que moi tou capable de les arranger ;)...
Mais vraaaaaiment très contente que tu restes dans le monde des ptits... Ils ont besoin de toi, de Roger, de John et Yoko. Ces petits ont besoin du grand éternel enfant malgré tout que tu es, de ton côté givré mais nutritif au coton.
Je suis vraiment contente que vous ayez pris une décision et surtout que cette dernière allait selon votre coeur...
Surtout ne lâchez pas!
Bravo pour la décision courageuse !
En plus, la permanence, c'est souvent bien plus un mot qu'autre chose : je n'ai jamais été aussi "instable" côté emploi que depuis que je suis permanent, alors...
Heureusement, j'adore enseigner !
P.S.: Attention, ce ne sera peut-être pas Harper que le récipiendaire verra ;-)))
Un seul mot : BRAVO! Et MERCI! (bon, d'accord : deux mots). Merci pour les enfants, merci pour votre enfant, merci pour votre blonde, merci car vous relevez l'espoir de voir enfin la logique du coeur primer sur la logique du porte-monnaie et de la sécurité (un peu la même situation qu'une mère qui décide de rester au foyer finalement ;-)
Et bravo pour votre nomination, à défaut de reconnaissance financière, la reconnaissance morale cà fait du bien!
Cela dit, je sens que je vais saigner du nez, pas capable de supporter les nouvelles quotations dans le bulletin, ben oui, j'aime que savoir que mes enfants réussissent bien à l'école et un B qui veut dire "qq part entre 66 et 84", cà ne me dit rien du tout. Je dois être "ignoble" dans le fond ;-) Et je ne parle pas des NS, FN et autres débilités auxquelles nous avons eu droit pendant un an. Les enfants en rient encore. Pas moi.
Félicitations, Prof Maudit. Il faut écouter notre coeur, sinon en bout de ligne on ne se rendra plus compte que ça fait un bon moment qu'il a cessé de battre et ça... c'est inquiétant.
Je suis heureuse pour vos élèves et votre beau projet!
Je n'ai pas vraiment d'opinion face à votre billet mais je dois avouer que votre blogue mérite des félicitations cher Prof Maudit.
Je reviendrai vous visiter.
Hey! je ne suis pas Prof Maudit! Héhéhé... No big deal...
Mais qu'est ce que c'est encore ce système ? Même si vous n'êtes pas syndicalistes, ne croyez-vous pas que votre syndicat devrait vous protéger, ainsi que les enfants en cours d'année ?
L'an passé, j'ai appris que j'étais en voie de permanence en novembre. Ils m'ont offert un poste en musique, pas un porte dans l'école X. Mes collègues ayant reçu un contrat temps plein également détenaient un poste, mais pas nécessairement le poste de telle école. Ceux ayant choisi un remplacement en début d'année se sont retrouvés en surplus école lors des affectations de mai et on choisi tout simplement une autre école pour l'année scolaire à venir.
En bout de ligne, les profs s'installent pour l'année complète, même s'ils sont dans les premiers sur la liste prioritaire, les équipes d'enseignants sont stables et surtout, les enfants ne changent pas de façon de faire en plein milieu d'année !
Qu'est ce que je suis contente d'être sortie assez vite des engrenages de cette commission scolaire montréalaise !!!
Félicitations pour votre choix si humain ! Je doute que j'aurais pu en faire autant, j'aime tellement les grands élèves (pour ne pas dire que le 1er cycle m'énerve parfois incroyablement !)
Salut confrère!
Ouais... la csdm, c'est pas fort.
Je crois que les gens m'attribuent des vertus que je ne possède pas. Mon choix n'est pas vraiment humain. J'aime ça me trouver bon. Je suis imbue de moi-même. J'aime me contempler et j'aime surtout quand les autres me contemplent. Une vraie guidoune... j'adore enseigner devant d'autres adultes et leur en mettre plein la vue. Dans une harmonie, je pourrais m'en tirer, mais il y a tellement de gens mieux qualifiés que moi. Je veux être bon!!!
Bah... tu aurais pu choisir aussi d'y aller et de te muter sur ton poste de cette année dès l'an prochain... après tout, c'est une permanence qu'ils te donnaient, pas un poste pour TELLE école à vie ;)
Tu as choisi l'Équillibre des enfants ! Je t'admire !
Pas si simple.
Où je suis pour la huitième année consécutive, il n'y a pas de poste. La CSDM ne donne pas de poste à temps partiel et la tâche en musique n'est pas de 100%. De plus, même si j'ai les qualifications légales pour enseigner au primaire et au secondaire, il s'agit de deux champs différents. Donc, si j,acceptais cette permanence, je changeais de champ...
La CSDM, c'est une énorme connerie et notre syndicat ne fait rien pur les spécialistes.
"La CSDM, c'est une énorme connerie et notre syndicat ne fait rien pur les spécialistes."
Par contre là-dessus (le syndicat qui ne fait rien pour les spécialistes), je suis entièrement d'accord... et même pour celui dont je suis membre.
Il est plus facile de faire des concessions sur un champs de 30 personnes pour donner des privilèges à un champs de 500... ça fait moins de gens qui râlent... hélas !
Ah, ben oui, je me suis trompée de nom! Faudra me mettre une mauvaise note dans mon bulletin... Si ça existe encore, mouhahahaha!
Mère Indigne : Peu importe la note, avec la réforme, vous passez!
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