Vous pouvez ranger vos dictionnaires de mandarin et de cantonais, ça ne veut rien dire.
Il y a déjà presque une dizaine d’années, à mon école, sévissait un prof d’art. Appelons-le Francky, question de garder le tout anonyme. Ce type, Francky, était un vrai facho avec les élèves et jamais il ne leur aurait montré qu’au fond, il les aimait bien. Il organisait plein de trucs, entre autres, une ligue d’impro pour les élèves qui impliquait un maître du jeu ( lui, bien entendu...), 6 entraîneurs ( j’en étais un!) et deux juges invités. Si on compte, ça fait neuf adultes qui restaient après l’école tous les mercredis soir.
Fallait le faire... c’était génial! Le niveau était vraiment fort en plus.
Donc, Francky, comme il faisait plein de trucs comme ça, il n’avait pas besoin d’être un prof populaire pour bien dormir la nuit. Au contraire, c’était un tyran. Les enfants le craignaient tellement, qu’il n’avait jamais à les punir. Qui aurait osé s’attirer l’ire de Francky?
Un jour, à la fin d’un cours, Francky donne ses... consignes? Pfff. Au diable la censure! Francky donne ses ORDRES et les enfants s’empressent de lui obéir. Un responsable pour chaque chose: pinceaux, gouache, palettes, pots d’eau, productions à faire sécher, etc. Quand Francky dit quoi faire, tu la fermes et tu attends son signal pour bouger...
Francky: Vous savez ce que vous avez à faire! GO!
À ce moment, les jeunes se précipitent et en deux temps trois mouvements, la classe est rutilante. L’idole des concierges.
Sauf que ce jour-là y a Réal (nom fictif... comme ce blogue de toute façon) qui reste assis et qui ne bouge pas. Sa bouche est entrouverte... J’ai une théorie là-dessus. Notre quotient intellectuel est inversement proportionnel à l’ouverture de notre bouche lorsqu’on écoute des consignes.
Francky : GO!
Réal (toujours à sa place) : ...
Francky : Allez! Tu sais ce que tu as à faire!
Réal (imaginez la bave qui coule sur le coin de sa lèvre inférieur): ...
Le reste de la classe est en rang et regarde la scène.
Francky : HEILLE! Je te parle! Go!
Réal (un mollusque) : ...?
Francky: Coudonc! Faux-tu que je te le dise en chinois?
Réal (il commence à réagir) : ...?!
Francky (hors de lui) : Ben Tching Kawong d’abord!
Et là, moment de grâce, Réal se lève, fait tout ce qu’il a à faire et va prendre son rang...
***
Plus tard, Francky nous raconte l’anecdote dans la salle des profs et on se bidonne tous. Les Tching Kawong pleuvent alors sur les élèves. Nous ne sommes plus que deux ou trois profs de cette époque à l’école (la game est un peu tough dans le quartier...), mais j’ai une nouvelle collègue qui le dit à ses élèves régulièrement et mes élèves connaissent l’histoire dès la première année.
Pourquoi je leur raconte ça?
Parce que, ça marche!
À suivre.
...
...
3 commentaires:
Boris, c'est un joli nom pour un élève chinois.
J'ai changé pour Réal. Une longue histoire.
OK... J'avais oublié de changer le nom à la fin. C'est l'élève qui ne comprend rien qui se lève et s'exécute au "Tching Kawong".
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