Oups... j'avais oublié de poster ce billet vendredi.
Les "old timers" de ce blogue se souviennent peut-être de l'histoire du savant fou et de son canon... Et bien, il existe toujours et se matérialise de semaine en semaine. Le texte est terminé et la composition de la musique va bon train. J'ai donc commencé à bosser sur la musique avec les jeunes qui seront musiciens. Ben oui... une comédie musicale avec de la musique live, composée et jouée par des élèves et votre humble serviteur.
Jeudi matin, je travaille avec deux Noirs et quatre Blancs. La moitié me connaît depuis toujours, les autres sont d'une autre école qui participe au projet...
Les personnages
Moi : Chatain, yeux bleus. Pas méditerranéen pour 5 cents... désolé mesdames. En plus, je danse comme un pied. Mais attention! J'ai du rythme et je groove pas trop mal.
Karl et Matthieu : Deux petits Blancs que je connais depuis qu'ils ont quatre ou cinq ans.
Kévin : Plus africain que ça, t'es un steak de gazelle. Vous devriez voir ses mains. Il a les doigts deux fois plus longs que les miens.
Amélie et Marc-André : Deux rouquins comme ça ne se peux même pas. Plus irlandais que ça, c'est de la Guinness qui coule dans tes veines. Je les connais à peine.
Alex : Jamaïca Man! Je l'appelle "Doctor Rythm". On se connaît à peine, mais ça connecte fort. J'enseignais dans son école quand il était en première. Un bon musicien, mais pas très fort à l'école. Anglophone, Noir, mâle. Tout pour doubler une année dans notre système de petites filles blanches. Il ne fait pas exception à la règle. Reggae...
En pleine répétition.
Moi : Bordel! C'est n'importe quoi! Kevin! Tu vas aux percussions!
Kévin : Huh?
Moi : Aux drums... Tu sais... les machins qui font du bruit, mais on n’est pas capable de dire la note...
Kévin : Cool...
Il se dirige vers l'instrument... tellement lentement...
Moi : Bon! Voilà le rythme que tu dois faire.
Je m'exécute.
Kévin : Je pense que je ne comprends pas...
Moi : C'est le fun que t'en parles... Joue!
Kévin joue... l'horreur! Il a le groove d'un 18 roues... stationné.
Moi : Ayoye Kévin...
Kévin : Huh?
Moi : Retourne au synthé. Tu joues comme un Blanc!
Silence.
Gros silence.
Alex me regarde. Des décennies d'Histoire dans les yeux. La différence entre les Noirs d'Amérique et les Africains : l'esclavage.
Moi : Ben quoi? Alex! Aux drums.
Il s'installe et joue. Un peu sloppy dans les coins, mais du groove à revendre.
Moi (je jubile) : Yes!!! J'ai eu vraiment peur!
Regards interrogatifs.
Moi : J'ai pensé un moment que j'étais pogné pour monter un show avec un gang de Blancs. Au moins, Alex, il groove lui!
Alex : Haha! Kévin! Tu joues comme un Blanc.
Les autres : Ouais! Gnagna. Comme un Blanc!
Kévin (à un autre) : Blanc toi-même.
Karl : Hey Prof Malgré Tout! T'es Blanc!
Moi : Quoi? No way!
Je me pointe devant le miroir.
(Local multidisciplinaire... vous devriez voir la grandeur du miroir... N'essayez pas d'enseigner à des maternelles dans ce local... ou à des filles de douze ans...)
Moi : Bordel! Je suis daltonien... J'n’avais jamais remarqué. Je suis Blanc!
Ils me regardent. J'avoue qu'ils ont droit à une explication...
Moi : Sans blague gang. Ça n'a rien à voir. Y a pas de raciste ici. On est au troisième étage et un raciste, ça ne vole pas quand je le balance par la fenêtre. J'en ai rien à cirer de la couleur de la peau... Mais bordel Kévin, tu joues comme un Blanc!
Alex me regarde. Rire complice.
Moi : Une chance que t'es là...
C'est le genre de truc qui m'arrive souvent. On est différents. On a des qualités et des défauts et il y a toujours des exceptions. Pas question que je n'en parle pas. Se fermer la gueule et faire comme si de rien n'était, parce qu'on a peur de je-ne-sais-quoi n'est pas une option pour moi... Le racisme, c'est la peur.
Quand je dis à une petite fille qui va entrer dans les toilettes des gars qu'elle se trompe de porte, est-ce que je suis sexiste bordel?
Les "old timers" de ce blogue se souviennent peut-être de l'histoire du savant fou et de son canon... Et bien, il existe toujours et se matérialise de semaine en semaine. Le texte est terminé et la composition de la musique va bon train. J'ai donc commencé à bosser sur la musique avec les jeunes qui seront musiciens. Ben oui... une comédie musicale avec de la musique live, composée et jouée par des élèves et votre humble serviteur.
Jeudi matin, je travaille avec deux Noirs et quatre Blancs. La moitié me connaît depuis toujours, les autres sont d'une autre école qui participe au projet...
Les personnages
Moi : Chatain, yeux bleus. Pas méditerranéen pour 5 cents... désolé mesdames. En plus, je danse comme un pied. Mais attention! J'ai du rythme et je groove pas trop mal.
Karl et Matthieu : Deux petits Blancs que je connais depuis qu'ils ont quatre ou cinq ans.
Kévin : Plus africain que ça, t'es un steak de gazelle. Vous devriez voir ses mains. Il a les doigts deux fois plus longs que les miens.
Amélie et Marc-André : Deux rouquins comme ça ne se peux même pas. Plus irlandais que ça, c'est de la Guinness qui coule dans tes veines. Je les connais à peine.
Alex : Jamaïca Man! Je l'appelle "Doctor Rythm". On se connaît à peine, mais ça connecte fort. J'enseignais dans son école quand il était en première. Un bon musicien, mais pas très fort à l'école. Anglophone, Noir, mâle. Tout pour doubler une année dans notre système de petites filles blanches. Il ne fait pas exception à la règle. Reggae...
En pleine répétition.
Moi : Bordel! C'est n'importe quoi! Kevin! Tu vas aux percussions!
Kévin : Huh?
Moi : Aux drums... Tu sais... les machins qui font du bruit, mais on n’est pas capable de dire la note...
Kévin : Cool...
Il se dirige vers l'instrument... tellement lentement...
Moi : Bon! Voilà le rythme que tu dois faire.
Je m'exécute.
Kévin : Je pense que je ne comprends pas...
Moi : C'est le fun que t'en parles... Joue!
Kévin joue... l'horreur! Il a le groove d'un 18 roues... stationné.
Moi : Ayoye Kévin...
Kévin : Huh?
Moi : Retourne au synthé. Tu joues comme un Blanc!
Silence.
Gros silence.
Alex me regarde. Des décennies d'Histoire dans les yeux. La différence entre les Noirs d'Amérique et les Africains : l'esclavage.
Moi : Ben quoi? Alex! Aux drums.
Il s'installe et joue. Un peu sloppy dans les coins, mais du groove à revendre.
Moi (je jubile) : Yes!!! J'ai eu vraiment peur!
Regards interrogatifs.
Moi : J'ai pensé un moment que j'étais pogné pour monter un show avec un gang de Blancs. Au moins, Alex, il groove lui!
Alex : Haha! Kévin! Tu joues comme un Blanc.
Les autres : Ouais! Gnagna. Comme un Blanc!
Kévin (à un autre) : Blanc toi-même.
Karl : Hey Prof Malgré Tout! T'es Blanc!
Moi : Quoi? No way!
Je me pointe devant le miroir.
(Local multidisciplinaire... vous devriez voir la grandeur du miroir... N'essayez pas d'enseigner à des maternelles dans ce local... ou à des filles de douze ans...)
Moi : Bordel! Je suis daltonien... J'n’avais jamais remarqué. Je suis Blanc!
Ils me regardent. J'avoue qu'ils ont droit à une explication...
Moi : Sans blague gang. Ça n'a rien à voir. Y a pas de raciste ici. On est au troisième étage et un raciste, ça ne vole pas quand je le balance par la fenêtre. J'en ai rien à cirer de la couleur de la peau... Mais bordel Kévin, tu joues comme un Blanc!
Alex me regarde. Rire complice.
Moi : Une chance que t'es là...
C'est le genre de truc qui m'arrive souvent. On est différents. On a des qualités et des défauts et il y a toujours des exceptions. Pas question que je n'en parle pas. Se fermer la gueule et faire comme si de rien n'était, parce qu'on a peur de je-ne-sais-quoi n'est pas une option pour moi... Le racisme, c'est la peur.
Quand je dis à une petite fille qui va entrer dans les toilettes des gars qu'elle se trompe de porte, est-ce que je suis sexiste bordel?
13 commentaires:
Yes sir! Je suis ben d'accord avec toi! Ras-le-bol de se faire dire d'être politically correct! À force, c'est comme si on mélangait les 3 couleurs primaires ensemble; ça devient brun m...
Reggea!!!
C'est pas facile de faire comprendre aux jeunes, voire même aux gens, que l'on peut s'amuser avec des stéréotypes.
Dans ton coin, PMT, les jeunes noirs sont confrontés au racisme de plusieurs façons... Ils le vivent blancs vs noirs, mais aussi noirs vs blancs, blancs vs blancs ou noirs vs noirs. Les réflexes sont bien ancrés et on réagit aux mots non à la situation. J'ai vu des jeunes de ma classe qui relevaient la tête lorsque je disais le mot «NOIR» dans n'importe quel contexte. Pavlov a son meilleur...
Steak de gazelle, banane plantin et Guiness!!! T'as un bon repas!!!!
Amen mon frère!
Le racisme, c'est une théorie de la hiérarchie des races,qui conclut à la supériorité d'une race sur les autres, mais c'est aussi l'ensemble de réactions, qui, consciemment ou non,s'accordent avec cette théorie. Les préjugés alimentent le racisme, même quand ils sont positifs. Ainsi, présupposer que tous les membres d'une ethnie aient un talent particulier ou qu'ils soient lents ou qu'ils aient des difficultés scolaires est une vision raciste. Ce type de tendance raciste est souvent maquillée sous le couvert de l'humour. Quand il s'adresse à des individus auprès desquels une personne est en autorité, il est particulièrement insidieux. Je doute que mes enfants, qui sont noirs, aient apprécié votre humour. Je n'en doute pas en fait, je sais qu'ils en auraient souffert, d'autant plus qu'ils n'auraient aucune prise pour s'en défendre. Je remarque cependant dans votre texte, que vous avez senti le besoin de préciser aux enfants que vous n'étiez pas raciste. Un tel commentaire, qui n'allait pas avec les autres, rend la sìtuation encore plus confuse pour eux.
Femme libre : Cool! Un peu de critiques. Je déteste les consensus.
Je soutiens, que malgré des exceptions, il y a des caractéristiques pour certains groupes ethniques qui sont plutôt dus à la culture qu'à la couleur de la peau. À chaque semaine, je fréquente des dizaines d'enfants africains et des dizaines d'enfants haïtiens et jamaïcains. Ils sont différents. Par la langue, par l'éducation, par l'accent, par les motivations (je n'ai pas dit absence de motivation...). En parler avec eux fait de moi quelqu'un de raciste? D'accord, je suis raciste... mais au moins, je ne joue pas comme un Blanc! Oui... de l'humour. J'y crois et je l'enseigne. Il faut desserrer les poings et choisir nos batailles. La musique n'est vraiment pas un enjeu important...
Pour la réussite scolaire, je critique les écoles et non pas les p'tits gars noirs. Si je dis que les écoles ne sont pas faites pour les garçons, suis-je sexiste? Dis-je que les gars sont moins intelligents que les filles? Je n'ai jamais dit que l'école était faite pour les petites filles blanches devant un enfant, peu importe son sexe ou son ethnie. Je ne tiendrais jamais ces propos devant un élève. Même moi, j'ai mes limites.
Demandez à une gang de petits gars africains de s'asseoir par terre les jambes croisées (en indien...). Ensuite, demandez-leur de se concentrer. C'est une position obligatoire dans bien des classes de préscolaire. Ils pourraient passer une heure accroupie sur les talons, mais en indien, ça fait mal! Position pour tous? Tous pareils? L'école pour tous?
Quand des parents veulent me rencontrer parce que je suis le seul prof avec qui leur enfant noir fonctionne bien, je le pense très fort que nos écoles ne sont pas adaptées.
Les élèves de ma petite clique chouchou sont Congolais. Certains sont groovy, d'autres jouent comme des Blancs. On rigole bien. Ils m'apprennent des trucs en lingala et je surprends leurs petits frères et soeurs avec ça. Ils rigolent bien de ma prononciation...
Je comprends quand même votre point de vue et vos inquiétudes de mère et je suis conscient que mes propos pourraient un jour me coûter mon emploi. Plein de parents veulent la tête de gens comme moi. Je dérange. S'ils réussissent, tant pis. Enseigner, c'est un boulot difficile pour lequel on ne reçoit pas de reconnaissance. C'est la job avec le plus haut taux de burn-out au Québec. Plus que policier et infirmière. Il faut se la fermer, mais être communicateur. Il faut être critique, mais politically correct. Il faut être original, mais pas marginal... Il faut être intéressant, mais plate...
Pourquoi j'enseigne? Pour le fric (quel fric?) et les deux mois de vacances (pas payées) l'été? Je ne suis pas né dans un bungalow avec une piscine derrière. Je voulais sortir d'où je viens. Ça fait huit ans que j'enseigne et je n'ai aucune sécurité d'emploi. Donnez-moi une job au même salaire, dans une shop où je ne ramène pas des heures de travail à la maison et je lâche sans hésitation. J'aime les enfants, j'aime la musique, je n'aime pas ma job.
Je suis résilliant, c'est tout.
Bordel... y est sur la défensive le prof!
Sincèrement, même s'il me blesse, j'apprécie votre commentaire. Je vais faire plus attention à l'avenir... promis?
Je m'attendais à plus de bruit...
Ben non, Prof maudit, parce que votre humour, je le partage. Quand les enfants sentent que le fond est bon, le reste passe tout seul.
En passant, vous devriez vous réjouir: avec les accommodements raisonnables, vous n'aurez pas trop d'élèves musulmans dans vos classes. En effet, c'est difficile de jouer de la guitare avec une burqa. : )
Quant à moi, les racistes sont ceux qui autorisent de tels gâchis. Ils n'ont pas compris le véritable rôle de l'éducation au Québec.
http://www.cyberpresse.ca/article/20070122/CPACTUALITES/70122203/1019/CPACTUALITES
Prof masqué : Ouch... J'espère qu'on ne s'attend pas à ce que l'enseignant en musique dirige et corrige la recherche pendant les cinq minutes qu'il a entre deux cours.
Si je n'ai pas réagi avant, c'est que je ne voulais pas lire les réponses, car je m'attendais à un lever de boucliers et à un tollé généralisé et je ne feel pas trop pour me faire blaster ces temps-ci. Mais votre réponse est plutôt gentille et je l'apprécie. On n'en est pas à une manifestation de racisme près, mes enfants et moi, alors je m'attends toujours à tout. Quand il y a place pour la discussion, c'est bien. Je ne mets pas en doute vos qualités de prof et je suis persuadée que les élèves ne doivent pas s'ennuyer dans vos cours.
Ben non, PMT, avec la réforme, faites de l'interdisciplinaire ou un projet et laissez cette corvée de correction au prof de français que je suis...
Vive la réforme! Fournier pour premier ministre!!!
Jean-Marc! Jean-Marc!
Commentaire en retard (désolée, je ne peux pas aider avec Quicktime)
Je trouve ça dommage d'enfermer les jeunes dans des catégories - ce n'est pas vrai que tous les noirs ont du beat, que tous les latinos savent danser et que tous les chinois sont super brillants! Et ces catégories, ça les limite dans leur perception d'eux-mêmes et des autres - comme ici (USA) où on a l'impression que les noirs peuvent seulement être sportifs professionnels ou rappeurs..
et c'est vraiment blessant d'être associé à des clichés.
je suis d'accord avec vous, nos sommes tous différents et on ne doit pas avoir peur d'en parler, mais selon moi la couleur de la peau n'est qu'une des différences... et pas nécessairement la plus importante!
Adriana : Je seconde, mais comme Martin le dit, on peut s'amuser avec les stéréotypes. Bordel, si la culture d'un groupe d'individus les expose à des genres musicaux qui développent plus le rythme quand ils sont jeunes, ils seront donc généralement plus forts dans ce domaine. Si on dit que LA PLUPART des Québécois jouent mieux au hockey que les Bengalis, c'est raciste? Faut-il vraiment dire "la plupart"? Et le Québécois qui est poche au hockey, on vient de lui faire de la peine et de lui infliger des dommages irréversibles?
Je ne parle pas de couleur de peau (je suis daltonien en passant). Je parle de culture, de background, de richesse.
C'est de ma faute à moi si dans une classe, les Noirs tapent sur le deuxième et le quatrième temps, tandis que les pauvres petits Blancs ont de la misère à tenir une pulsation?
Ce phénomène est vrai à environ 95%...
Prenez une classe de maternelle, moitié de Blancs, moitié de Noirs.
Mettez de la musique et regardez-les danser. Faut quand même pas jouer à l'autruche.
Je n'ai même jamais dit que les Noirs avaient du rythme dans mon billet. J'ai dit que les Blancs n'en avaient pas. Même mes élèves comprennent que c'est ridicule et que c'est de l'humour, de l'absurde. Je suis caucasien et vous devriez entendre mon martillo au bongo. Pas mal pour un Blanc!
Bah! Je cherche le trouble. J'avais juste envie d'écrire...
En passant, je suis parfaitement d'accord avec vous sur le concept sport-rap que vous dénoncez. Ce n’est pas parce qu'on est bon dans quelque chose qu'on doit s'en tenir à ça. La preuve, lisez mon billet : Extrait du moment. Assez extrême comme cas. Un papa blond aux yeux bleus et une maman Sud-Africaine. La totale.
Cheers.
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