Je ne vous parle presque jamais des élèves méchants. Vous savez, ceux qui mettent leur chat dans le micro-onde ou qui dissèquent leur hamster sans anesthésie préalable.
Je pourrais leur trouver des surnoms, comme à Fille Probophobique, Bobby, Sam et les autres que je vous ai présentés jusqu’à maintenant.
Je pourrais vous raconter ce que l'un d’eux m’a raconté aujourd’hui: après une nuit en «prison» (lire «au poste»), le juge l’aurait placé en «centre».
Mais attention! Ce n’est pas un con! Il comprend pourquoi il en est là... Il admet lui-même qu’il a fait une grosse connerie : battre sa mère à coup de ceinture.
Je pourrais vous raconter... Vous dire qu’en réalité, il n’est pas coupable et qu’il porte les symptômes de son milieu. Je pourrais prendre sa défense : «comme il est le maillon le plus faible de la chaîne, c’est donc lui qui est le plus symptomatisé et blablabla...»
Mais non... ce n’est pas d’eux que je vous parle. Ça leur ferait trop plaisir.
***
Ce matin, y a un sale connard qui est entré dans son école pour buter un tas de gens. Il n’a pas trop mal réussi... 32 morts et 20 blessés?
On va décortiquer sa dynamique familiale, relancer le débat sur les armes à feu, blâmer la télé et internet, proposer la crucifixion des créateurs de jeux vidéo, exiger le pal pour son groupe rock préféré, mais pire que tout...
... on va parler de lui.
C’est ce qu’il voulait. C’est ce que voudront les prochains p’tits cons de son espèce. Et comme notre société souffre de voyeurisme chronique, c’est ce que nous voulons aussi.
Ben moi, j’embarque pas. Je ne veux pas le savoir son nom.
Je ne me souviens même plus du nom du p’tit con de Dawson... Vil Killer? Killer Gill? Vilmer Kill? Je ne m’en souviens plus et c’est normal parce que quand tu fais un truc du genre, t’es un «nobody».
...
13 commentaires:
Cher PMT, je suis partagé par rapport à votre billet.
Tout d'abord, ne vous inquiétez pas: les médias vont en parler comme on a parlé de l'autre de Dawson. Il va avoir sa photo partout et sera un héros pour les autres «nobody» de notre société.
C'est la façon d'en parler qui m'énerve. Je pense à ce journal de Toronto qui expliquait cette forme de violence au Québec parce que les minorités y seraient ostracisées. Le cinglé de Virginia Tech serait, semble-t-il, d'origine asiatique. J'attends qu'on fasse le lien au Canada anglais avec le fait que les États-Unis oppriment leurs minorités itou...
Mais je dois avouer que les Américains ont le tour de disjoncter: sur le blogue de Patrick lagacé, on parle d'un commentaire d'un pro NRA, j'imagine, qui soulignait que rien de tout ça ne se serait produit si les étudiants avaient eu le droit d'être armés en classe. Ben voyons donc! Un bazooka avec ça?
En soi, le type de Virginia Tech devait déjà être un «nobody». Les élèves méchants que tu côtoies dans tes classes sont des «nobody» qui méritent encore plus ton attention et l'attention de notre société. Ceux-là, il ne faut pas les ignorer. Pour les autres qui sont déjà passés à l'acte, il faut comprendre pour prévenir, simplement.
Je suis totalement d'accord en ce qui concerne le surplus d'attention portée au tireur. Je pense aussi au Polytechnique: tout le monde se souvient du nom du tireur, mais rarement de celui d'au moins une des 14 victimes...
C'est une culture que de parler du tueur avant de parler des victimes. Une culture de glorification post mortem peut-être mais glorification pareil. C'est lui qui a toute l'attention. Il y a ça dans tous les groupes, l'élément perturbateur qui monopolise l'énergie collective.
C'est aussi une responsabilité collective que de savoir prioriser ce qu'on met en lumière.
Parlez nous d'une de vos pinottes qui va mieux. Ce sera toujours bien un antidote.
Ah!
Je ne suis pas d'accord sur le nobody!
Il est absolument certain que leur manière d'attirer l'attention est tout à fait désastreuse. Mais ces gens ont besoin d'aide. Si c'est une façon pour eux d'attirer l'attention, probablement qu'ils ont essayé aussi avant, en faisant moins de bruit et d'éclats que ça n'a pas fonctionné.
On peut condamner, juger, envoyer au bûcher, sauf que ça ne donne rien.
Les traiter de nobody c'est faire partie du problème.
L'humain est fascinant L'histoire se rapelle de Titus qui a détruit le temple mais personne ne se rapelle de celui qui l'a construit.
Ô!Ô
Et si parmi les victimes il y avait une maman... une jeune maman. Disons que son fils à 18 mois.
Qu'est-ce qu'on lui sert à l'orphelin? Lorsqu'il sera assez vieux pour comprendre, mais qu'il aura depuis longtemps oublié l'odeur de sa mère.
"Tu sais petit, le type qui a buter ta mère, ce n'est pas vraiment de sa faute...?"
Cet orphelin, lui il fait partie du problème.
Autre prof: Si on traitait les tueurs comme des 'nobody", le meurtre ne serait plus une façon d'attirer l'attention.
C'est toujours la faute de la personne qui agit. Si la personne accuse quelqu'un d'autre pour ses propres gestes, c'est aussi sa faute de se mettre le doigt dans l'oeil.
À mon avis;)
Je ne dis pas que c'est excusable, pardonnable.
Loin de là!
Mais les gens en ayant besoin (d'attention) trouveraient une autre façon d'en obtenir, sûrement inappropriée. On ne déplace que le problème.
Je trouve qu'en effet on donne trop d'attention aux tueurs après coup. Je suis d'accord, mais ton élève qui a passé la nuit au poste, lui, il a commis de quoi de très grave et il a vraiment besoin d'aide. Le traiter de nobody maintenant empirera la situation.
Il faut pas prendre en pitié ces gens, ça ne donne rien. Le "pauv tit il bat sa mère parce qu'il est le produit de son milieu", moi non plus je ne veux rien savoir de cette phrase.
Je suis entièrement pour le : donner de l'attention positive et ignorer le comportement négatif. Sauf que ce type de comportement doit amener l'adulte à voir l'aide et le soutien disponible à l'élève.
M'enfin. Pas comme si la solution était simple, si solution il y a.
Uneautreprof :
Dans le fond, on est d'accord... mais c'est toi qui payes la bière!
Pour l'élève qui bat sa mère, il n'est pas trop tard. Mais on ne peut penser qu'on arrivera à donner de l'attention à tout le monde qui en a besoin... Pire encore : savons-nous qui en a réellement besoin?
En effet, je pense que sur le fond, nous sommes d'accord.
C'est le nobody qui m'a heurté. Mais j'oublie facilement avec l'alcool... surtout si je me fais ofrir le verre.:)
ah non, on ne sauvera pas le monde c'est certain.
Pour faire suite...
http://demetan.blogspot.com/2007/04/bang.html
Moi je fais un lien(peut-etre trop facile!)entre les ptits durs au primaires et les adultes qui ont de graves problemes.peu importes lesquels.
S'ils avait été aidés...
Moi j'ai connu des gens pour qui la situation était tel, que personne n'y pouvait rien. Mais juste l'attention, le fait de savoir que des gens(famille, professionnelles)faisait des pieds et des mains pour eux tout en sachant que ca ne ferait pas une grande différence.
Juste l'attention et l'affection a fait toute la différence entre une vie difficile mais bien et tromber au plus bas.
en effet, tout le monde doit apprendre à communiquer...
Ce n'est pas inné!
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