27 septembre 2008

Pas ma faute!

Cette semaine, j’ai dû me pointer dans une université près de chez vous pour présenter le projet qu’on se tape chaque année à de futurs enseignants. Heureusement pour leurs chastes oreilles, je n’étais pas seul. Avec moi, il y avait le coordonnateur du projet, un musicologue et nul autre que l’En Saignant.

C’est moi qui terminais les séances par un exercice de création semblable à ce qu’on fait avec les élèves.

En passant, c’est une bande de veinards ces étudiants. Ils furent invités à l’opéra gratos! Au programme, La fanciulla del West de Puccini.

J’vous ai déjà dit que je n’aime pas Puccini? Bon... Y a Suor Angelica qui m’arrache une larme à chaque fois, mais Butterfly et La Bohême, ça ne passe pas avec moi et fanciulla, encore moins. C’est comme si Puccini est tenté par les impressionnistes, mais il n’ose pas vraiment. Personnellement, je ne trouve pas ça assumé comme partition et c’est d’une lenteur... Un dernier truc (parmi tant d’autres) qui m’énerve dans cet opéra : le folklore américain. Ça ne marche pas quand c’est orchestré par Giacomo. De tous les opéras auxquels j’ai assisté, c’était un des trois plus mauvais. J’n’parle pas de la production, j’parle de la partition et du livret.

Des doutes?

Vous le connaissez cet opéra?

Non, hein?

Y a peut-être une raison.

Mais bon... Comme j’n’aime pas Puccini, faut pas grimper dans les rideaux.

Donc, le coordonnateur explique le projet, l’En Saignant décrit la triste réalité des pauvres titulaires du projet qui pour une fois, sont dans l'ombre de flamboyants spécialistes, le musicologue revient sur le spectacle qu’ils ont vu et fait un retour sur le livret et ensuite, y a moi.

C’n’est pas encore clair dans ma tête ce que je devais faire exactement, mais on y est allé pour une simulation de ce qu’on fait avec les élèves pour adapter une oeuvre.

Une de nos contraintes, c’est d’avoir 16 personnages plus ou moins égaux. Comme la plupart des opéras reposent sur l’histoire du ténor qui veut se faire la soprano, mais la basse ne veut pas, y a des p’tit trucs pour arriver à 16 personnages et, comme je suis juste et bon, je les ai partagés avec eux.

Donc, y a le triangle amoureux habituel.




C’est un western. Y a Jack Rance, le richissime shérif, qui veut s’envoyer Minnie, la soprano qui tient le saloon local, mais cette dernière préserve sa candeur de jeune fille pour un desperado. Un certain Johnson. Dick Johnson. Yep... Dick.

Faut quand même le faire: une fille qui travaille dans un bar et qui non seulement est vierge, mais qui aussi tripe sur un gars qui s’appelle Dick!

Quelques minutes plus tard, le tableau ressemblait à ça.



J’peux tout expliquer et c'est d'ailleurs très simple : c’est la faute de l’En Saignant!

C’est lui qui a proposé que l’adjoint du shérif s’appelle Daniel. Bordel! Je voulais être sérieux... j’étais déterminé. À la limite, comme c’est l’antagoniste j’aurais exploité le nom de famille du shérif, mais jamais je n’aurais risqué une blague de si mauvais goût. Jack Daniel... Franchement! Mais comme c’est un grand sensible et qu’il semblait vulnérable et en quête d’attention, je l’ai écrit au tableau et bon, je l'admet, il a quand même de la suite dans les idées : le Jack Daniel, ça a quelque chose de rance. Souvenez-vous : le shérif se nomme Jack Rance.

Ensuite, il fallait trouver une fonction pour le choeur. On avait le choix : la gang de mineurs ou la gang de bandits à la solde de Dick. Bien entendu, déjà sous l'influence de l'En Saignant, les étudiants ont choisi le crime. Comme ce sont de futurs enseignants et que le mot gang est un emprunt à l’anglais, j’ai innocemment écrit bande du côté de Dick. Bien entendu, c’est l’En Saignant qui a ri le premier.

Et il a un rire tellement communicatif...

Ensuite, une étudiante a proposé que Minnie ait un cheval. Après les gags habituels pour savoir quel enfant serait derrière ou devant, une autre étudiante prétend que le cheval est un étalon. J’lui ai naïvement demandé pourquoi et elle m’a répondu candidement qu’il pourrait être jaloux de Jack et Dick... Ça ne pouvait pas venir d'elle! Par la suite, elle m’a avoué que c’était une idée de l’En Saignant. Je m’en doutais. Qui d’autre aurait pu mettre une chose aussi perverse dans la bouche d’une universitaire?

Comme vous voyez, je suis non coupable.


Le coordonnateur du projet m’a d’ailleurs confirmé que la prochaine fois, on ne l’amènera pas avec nous.





...

3 commentaires:

L'ensaignant a dit…

J'accepte le blâme, celui de t'avoir rendu comme un jeune adolescent tout émoustillé devant une foule de jeunes étudiantes qui te regardaient comme si tu étais un vieux pervers.

Prof Malgré Tout a dit…

Étrange... Je croyais que ce billet générerait plusieurs commentaires.

F. B. a dit…

Tss. Comme si tout le monde avait l'esprit aussi mal placé ;)