15 mars 2010

Être humainement à la hauteur

À mon école, il y a quatre classes au premier cycle (première et deuxième année). Il y a la classe d’adaptation pour trouble de comportement (nous sommes un point de service), une première, une deuxième et une combinée. La classe d’adaptation fonctionne en principe sur un budget à part, sauf quand il faut payer une éducatrice supplémentaire... Donc nous n’avions pas le choix de faire deux classes niveaux et une combinée. Le problème, c’est que la philosophie de la classe combinée où je bosse, c’est d’y balancer les élèves les plus forts et les plus autonomes. Ça fait une classe super chouette, mis à part le fait qu’elle soit une combinée. Par contre, dans les deux autres classes, y a les restants.

Bon... Ça ne passe pas, hein? On le sait! On a donc sacrifié quelques élèves forts sur l’autel des apparences et on les a mis dans les classes niveaux. Ça donne une classe de première faible, mais fonctionnelle. Par contre, la classe de deuxième est la classe la plus difficile de l’école. Plus difficile encore que les classe TC (classes d’adaptation pour trouble de comportement). Tous les spécialistes sont d’accord là-dessus. Curieusement, ils sont en dépassements. Quand tu as lui ou lui dans ta classe, ainsi que plusieurs autres qui ne donnent pas leur place, dépasser le ratio maximum de deux ou trois élèves, ça ne pardonne pas.

Comment on fait avec eux? Rentrer dedans solide, ça ne marche pas à moyen (cinq minutes) ou long (plus de cinq minutes...) terme. Ils sont téflons : ya rien qui colle. Faut juste être zen, très zen.

Je leur enseigne le lundi à la dernière période. C’est mon cinquième groupe de la journée et juste avant, j’ai la combinée bonbon. Méchant choc.

Zen, très zen... Désolé, j’n’y arrive pas la moitié du temps. Les deux derniers cours furent super bien, mais aujourd’hui, ce fut l’horreur. Ce n’est pas une question de compétence ou d’énergie ou d’expérience ou de n’importe quelle autre connerie. Je n’ai qu’une explication : je n’ai tout simplement pas été humainement à la hauteur. Pourtant, j’étais super heureux quand ils sont entrés dans le local. J’fredonnais ma tentative de version funk de Brave Margot en m’accompagnant au ukulélé. J’avais un beau cours de prévu avec le canon d’installé pour l’entrée en matière. Tout était là, sauf... sauf quoi, au juste?

Non, ce n’était pas le bordel. Je ne tolère plus ça depuis longtemps. Mais 21 enfants (ils sont 20 ou 21? Sans les cotes, bien sûr) assis devant moi, en silence, les bras croisés, sous la menace, c’est assez ordinaire.

J’n’ai juste pas été humainement à la hauteur.








...

2 commentaires:

Future Prof a dit…

Ça nous arrive tous ?
Ce n'est pas suffisant, je sais.
Je compatis beaucoup.
Fais attention à toi !

Le professeur masqué a dit…

Commençant à te connaitre un peu, je comprends surtout que tu n'as pas été «sur-humain». Ne te flagelle pas pour autant. Je suis convaincu que même la ministre et tous les pédagogues du MELS auraient pété les plombs bien avant toi!