25 février 2009

Moi, facho? Pfff...

Je cite la reporter culturelle :

Y a un professeur qui lui dit à un moment donné : «si t’es pas assez fort pour jouer de la batterie, je le donne à quelqu’un d’autre!» et on se dit: «ohhh... devant tout le monde comme ça, c’est p’t’être pas la meilleure idée.

Et derrière, on entend l’animateur qui par un quasi-gémissement partage la douleur de ce pauvre enfant.

Pfff...

Si l’enfant à la batterie se plante, y a deux distributions de 16 danseurs, un choeur d’environ une quinzaine de jeunes, des chanteurs solistes et d’autres musiciens qui sont dans la chnoute. Ça prend quelqu’un de fragile et instable ou quelqu'un de fort et constant?


Quand un comédien manque une réplique, on s’en fout. Une fausse note par-ci par-là ou une petite collision entre deux danseurs, on va survivre. Mais la job de batterie, c’est le squelette. Si lui se plante, tout s’écrase. Cinq mois de répétition en l’air.

T’as pas les couilles pour la job? C’est peut-être mieux pour tout le monde et surtout pour toi qu’on le sache maintenant. Minouche-minouche et psycho-machin, des fois, ça ne marche pas. Faut se dire les vraies affaires... quand c’est approprié et là, ce l’était. On est tous dans le même bateau.

Oui mais, devant les autres? Eh oui! Au théâtre, il va y en avoir des autres. Je pense que l’an dernier, on en a vu passer plus de 4500 en 6 représentations. Seul avec moi, y en a pas de problème, mais c’est justement devant les autres qui nous interresse aujourd’hui. J’en ai fait des interventions qui fessent; de vraies prises de conscience et vous ne les verrez pas dans le film, parce qu’en privé, c’est se faire dire les vraies affaires en pleine face, mais en public ou filmé, ça devient une séance d’humiliation et devinez quoi... je suis contre ça.


Mais bon... Ils ne peuvent pas savoir. La game est très différente à Outremont.





...

17 commentaires:

Anonyme a dit…

Autrement dit, les gens d'Outremont ne comprennent pas?

Anonyme a dit…

Je donne raison à 110% au Prof malgré tout.
Il y a des saudites limites : à mettre trois paires de gants blancs pour faire comprendre à un petit twit de 40 kg qu'il ne peut pas faire d'haltérophilie chez les poids lourds....
À expliquer à une petite qui bégaie qu'elle ne jouera pas Roxanne dans Cyrano...
Des fois, faut être direct...

Prof Malgré Tout a dit…

Garamond : Exactement. Quand tu joues "atome BB", les chances de se retrouver dans la ligue nationale sont assez minces.

Anonyme: Bon... c'est reparti! Si vous ne comprenez pas ce que je veux dire par là, ce blogue n'est peut-être pas pour vous. Vous êtes tout de même bienvenue et j'accepte vos commentaires.
Quand on ne connaît pas un milieu, en général, on ne peut pas savoir. Quand la médiocrité et le moindre effort est une culture, un mode de vie, il faut parfois choquer pour faire bouger les choses. Il faut provoquer.

Mais bon... Si je change Outremont pour Westmount, est-ce que c'est mieux? Ou même encore mieux : la gang du Plateau!!!

Tout ce que je veux dire par-là, c'est que je comprends leur perception. Ils ne savent peut-être pas à qui on a affaire. Pas parce qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas... Seulement parce qu'ils ne se sont jamais enfoncé les deux mains dedans jusqu'au cou.

J'ai bien hâte de voir de quel jeune il s'agit. Qui sait? Peut-être que neuf mois plus tard, il joue de la batterie devant 4000 personnes.

Peut-être pas...

Anonyme a dit…

D'accord avec vous, c'est même pas une question de milieu, c'est cette idée commune (et jamais remise en cause) qu'il ne faut pas dire des choses qui pourraient faire de la peine à quelqu'un, surtout pas en public.
Ah.
Et, euh, on va lui dire quand, à cet enfant qu'il n'est pas le génie excellant en toutt (contrairement à ce qu'affirment ses parents)?
Le plus tôt on se fait dire nos aptitudes et inaptitudes, le mieux c'est (je remercie ici publiquement ma tante qui est sortie de sa maison en hurlant de terreur lorsqu'elle m'a entendu chanter, ça m'aura évité bien des désillusions et une carrière ratée sur youtube).
Je me souviens avoir entendu un éminent professeur de violoncelle à McGill affirmer que trop d'étudiants étaient admis à la Fac. de musique, alors qu'ils étaient à peine moyen et, qu'hélas, personne ne leur avait dit avant l'université. Encore là, le milieu journalistique s'était indigné.
Mais (et là, qu'on ne m'accuse pas de viser un quartier, un groupe de gens sans connaître, les journalistes, je connais, ça fait 10 ans que je travaille avec eux), étrangement, il semble que les journalistes soient particulièrement peu enclins à remettre en question le "bien pensant", l'opinion molle de la majorité. Il faut donc être gentil, on dit pas du mal des autres, tous les gens malades et/ou handicapés font pitié, les mamans sont toujours des victimes et les papas des méchants machos irresponsables, les enfants sont toujours innocents, les politiciens, verreux, etc. C'est même plus du politically correct, c'est de la pure paresse intellectuelle (alors que ce devrait être leur job de remettre en question ces idées toutes faites) et ça ne fait que renforcer le "peuple" dans ses convictions (c'est la saucisse hygrade de l'opinion publique "les gens veulent du changement alors, ils vont voter pour l'adq et les gens ont voté pour l'adq parce qu'on leur a dit qu'ils voulaient du changement").
Alors bravo pour avoir aider cet enfant dans une approche orientante (!), enfin, de lui avoir ouvert la voie vers une carrière au piccolo ou en microbiologie (ou ce qui lui plaîra et c'est tant mieux).

Anonyme a dit…

D'accord avec vous, c'est même pas une question de milieu, c'est cette idée commune (et jamais remise en cause) qu'il ne faut pas dire des choses qui pourraient faire de la peine à quelqu'un, surtout pas en public.
Ah.
Et, euh, on va lui dire quand, à cet enfant qu'il n'est pas le génie excellant en toutt (contrairement à ce qu'affirment ses parents)?
Le plus tôt on se fait dire nos aptitudes et inaptitudes, le mieux c'est (je remercie ici publiquement ma tante qui est sortie de sa maison en hurlant de terreur lorsqu'elle m'a entendu chanter, ça m'aura évité bien des désillusions et une carrière ratée sur youtube).
Je me souviens avoir entendu un éminent professeur de violoncelle à McGill affirmer que trop d'étudiants étaient admis à la Fac. de musique, alors qu'ils étaient à peine moyen et, qu'hélas, personne ne leur avait dit avant l'université. Encore là, le milieu journalistique s'était indigné.
Mais (et là, qu'on ne m'accuse pas de viser un quartier, un groupe de gens sans connaître, les journalistes, je connais, ça fait 10 ans que je travaille avec eux), étrangement, il semble que les journalistes soient particulièrement peu enclins à remettre en question le "bien pensant", l'opinion molle de la majorité. Il faut donc être gentil, on dit pas du mal des autres, tous les gens malades et/ou handicapés font pitié, les mamans sont toujours des victimes et les papas des méchants machos irresponsables, les enfants sont toujours innocents, les politiciens, verreux, etc. C'est même plus du politically correct, c'est de la pure paresse intellectuelle (alors que ce devrait être leur job de remettre en question ces idées toutes faites) et ça ne fait que renforcer le "peuple" dans ses convictions (c'est la saucisse hygrade de l'opinion publique "les gens veulent du changement alors, ils vont voter pour l'adq et les gens ont voté pour l'adq parce qu'on leur a dit qu'ils voulaient du changement").
Alors bravo pour avoir aider cet enfant dans une approche orientante (!), enfin, de lui avoir ouvert la voie vers une carrière au piccolo ou en microbiologie (ou ce qui lui plaîra et c'est tant mieux).

Anonyme a dit…

oups, désolée pour les deux fois... déjà que c'est long, vous pouvez détruire le second (et celui-ci)??

Anonyme a dit…

De plus lors de cette journée notre ami avait eu plusieurs avertissements et il avait oublié de prendre sa médication.

Vive la mise en contexte.

Bravo à PMT pour le beau travail (et la grande patience) avec notre batteur

Le coordonnateur

Prof Malgré Tout a dit…

Hum... Je crois que je sais de quel élève on parle! J'l'aime bien,mais dépendant qu'il ai pris sa médication, celle de sa soeur (quand la sienne est en rupture de stock) ou rien pantoute, il était trop imprévisible pour être batteur. C'est plate, mais c'est comme ça. Y a environ 104 autres enfants dans ce projet.

En passant, c'est avec la dose de sa soeur que le le trouve le plus sympa. Pas amorti, mais pas non plus complètement déchaîné.

J'suis une brute...

Le professeur masqué a dit…

PMT: on a toujours su que tu étais cruel et que ton rêve est de briser tes élèves. C'est pour ça que tu montes un projet débile en ne comptant pas tes heures; pour les écraser!

Sérieusement, si elle n'a pas vu que tu les aimais, ces gamins, elle n'a pas compris grand chose.

Remarque que dans le casting du projet, tu devais peut-être jouer le rôle du méchant... Un Oscar pour le meilleur acteur de soutien, ça te tente?

Prof Malgré Tout a dit…

J'y pense... si ce môme, c'est bien qui je pense. Il en joue de la batterie! C'est lui qui joue dans "La bonne aventure". Mais vous ne verrez pas ça dans le film. C'est une musique composée par les enfants. Dans le film, je crois qu'ils n'ont conservé que les tounes inspirées de l'opéra.

Anonyme a dit…

Autrement dit, votre projet s'adresse à l'élite défavorisée?

On tourne en rond!

On aura beau provoquer un twit de 40 kilos ou une petite bègue, médiocres et partisans du moindre effort. Ils auront au moins le privilège de savoir qu'ils sont voués à l'échec, aux atomes BB lala, etcetera.

Les journalistes semblent désormais courir tous les cours de musique en ville, de votre école à Mc Gill, et s'indigner de vos critères.
Non, en fait, je blaguais. Je trouve que l'école sombre dans la culture du spectacle. Elle est en mal de visibilité, de rayonnement. Les établissements rivalisent entre-eux, ont des projets éducatifs compétitifs. J'ai bien de la difficulté avec la médiatisation de la réussite scolaire, les budgets accordés en fonction de la performance et de la visibilité quelle procure. Cela maquille une partie de la réalité.

L'échec scolaire sévit, Malgrétout, de Westmount à Hochelaga.
La qualité pour tous, c'est utopique! Dollarama ou Baccarat!

Accessibilité au plus grand nombre, je veux bien. Mais réussite pour tous, c'est un leurre, une illusion. C'est la culture Star Académie. La syndrome de la coquille vide.

Que faites-vous alors des jeunes qui ont les deux pieds dedans et qui ne sont pas sélectionnés pour être batteur? C'est surtout pour ceux-là qu'il faudrait mettre les deux mains dedans.

Dans slumdog millionaire, le jeune saute dans la fosse à purin pour mieux se démerder. Mais ça, c'est arrangé avec le gars des vues!

Prof Malgré Tout a dit…

Anonyme : Je suis d'accord avec vous en ce qui concerne l'idée de l'école qui sombre dans la culture du spectacle.

Dans ce projet, on n'a pas le choix de faire un show qui se tienne si on veut que le projet soit reconduit. Les enfants ne sont pas dupes non plus; ils s'attendent à ce que ça soit aussi bon que l'année dernière.

On ne parle pas de l'élite défavorisé pour autant.

Le projet s'adresse à tous les jeunes de sixième année de mon école et trois autres classes de trois autres écoles. Environ 110 enfants et non, ils ne seront pas tous batteurs. Certains seront comédiens, chanteurs, danseurs, techniciens en décors. Allez voir le film et dites moi ensuite si le jeune gars qui joue le rôle du roi est selon vous de l'élite défavorisé... dans l'autre distribution (eh oui... deux distributions, 6 spectacles en deux jour précédés de quatre générales deux jours avant), ceux qui tenait les rôles d'avant scène étaient forts... vachement forts.

Par contre, les gens du reportage ont suivi la distribution la plus faible.

Les musiciens font tous les spectacle. Il n'y a qu'une distribution de musicien, mais ils ne jouent pas tous toutes les musiques.

Je m'égare...

Pour revenir au batteur, soyez assuré que les jeunes qui sont musiciens dans le projet sont rarement les plus forts en musique. Ce jeune n'aurait pas pu réussir la batterie dans toutes les pièces dans les conditions dans lesquelles il se trouvait (absentéisme, médication absente ou mal dosée, impossibilité d'avoir plus de répétition, etc.). Par contre, je l'ai fait jouer dans un autre numéro ou la batterie était accompagnée par un djembe. On avait donc un filet de sauvetage.

À chaque spectacle, j'ai dû lui rappeler quand entrer et intervenir plusieurs fois pendant le numéro pour qu'il sorte de sa bulle et écoute un peu les autres. Il jouait trop fort et off tempo.

Je ne vise pas la qualité absolue (ne le dites pas aux enfants, s'il vous plaît). Je veux seulement que le travail des autres ne soient pas hypothéqué par un jeune qui par moment n'a pas le luxe de ne pas s'en foutre.

J'ai rencontré ce p'tit gars en septembre et je pense que je l'ai apprécié pour la première fois en mars. Disons qu'il n'est pas toujours facile à suivre.

J'ai bien hâte de voir le film. Je me demande s'ils vont montrer quand il a envoyé promener tout le personnel du centre qui nous prêtait les locaux de pratique, quand il montrait subtilement un doigt d'honneur à la caméra pendant toute un journée de tournage (héhéhé... ils ne s'en sont rendu compte que le soir même en regardant les rush!), quand il faisait exprès pour jouer n'importe quoi, quand il intimidait les autres...


Mais pour l'école qui sombre dans la culture du spectacle, vous avez raison.

Anonyme a dit…

C'est drôle. Aujourd'hui je m'entretenais avec une amie qui travaille aussi dans une école et elle me racontait que des profs organisent un spectacle mettant en "vedette" des élèves dont deux chantent comme des casseroles. Elle se demandait si elle devait s'en mêler et leur dire de passer leur tour ou si elle devait les laisser se faire humilier lors du grand spectacle. Dans le fond, les deux interventions possibles sont délicates et les deux interventions vont blesser les enfants. Que faire?

Prof Malgré Tout a dit…

Facile!

Juste avant le spectacle : alerte à la bombe.

S'ils récidivent, mettez une vraie bombe.

Anonyme a dit…

Pour conserver le caractère documentaire du film, auraient-ils intérêt à montrer les doigts d'honneur et autres gestes de désapprobation que les élèves font à la caméra? La réalité s'en trouverait-elle maquillée? Ferait-on dans la romance et le spectacle, dans le beau? Ces élèves sont-ils appelés à jouer leur propre rôle? Personnellement, je les préfère quand ils sont eux-mêmes!

Vous dites: ¨Dans ce projet, on n'a pas le choix de faire un show qui se tienne si on veut que le projet soit reconduit¨. Quelle horreur!

Avec une logique pareille au MELS, à la commission scolaire, ou dans les écoles, on arrête d'enseigner aux élèves en difficulté ou en échec dans les autres matières. Le résultat primerait-il désormais avant toute chose?

Il est à souhaiter que le film ne fasse pas la promotion de cette démarche illogique et anti-pédagogique.

Un documentaire sur l'échec ne recevrait pas de subvention! Les bien-pensants n'en voudraient pas!

Êtes-vous tenus à l'obligation de réussite? L'épée de Damoclès? Sinon, l'an prochain, votre discipline artistique sera remise en question quand vos collègues feront la sélection de spécialités dans la grille-matière.

Le choix des spécialités dépendrait-il de la force de votre personnalité, de vos relations inter-personnelles, de vos aptitudes à concurrencer vos collègues? Tous les coups sont-ils permis? Le jour J, se réunit-on en équipe-école et, d'un geste du pouce levé ou baissé, votre sort est-il joué?

Vous n'êtes plus au goût ni au menu du jour. Vous êtes à la carte, un extra pour lequel il faudra payer un supplément.

Vos collègues font-ils des prestations avec leurs élèves? Cette semaine: l'orthographe des 5ième, la syntaxe des 6ième, les fractions des 4ième et ainsi de suite... Pourri, fini,on arrête tout! Dehors le prof...

C'est de cette école-spectacle là dont je me méfie. Celle qui condamne ses propres artisans.

Anonyme a dit…

Anonyme

Oui le succès et la réussite est bien présente et importante dans les écoles. Regardez le palmarès des écoles secondaires et bientôt primaires. Il est facile de dire nous sommes bons quand on trie sur le volet... Mais c'est un autre sujet.

Dans la classe, la réussite doit ce faire bien souvent aux yeux des parents. Si leur enfants ne réussit pas à leur goût, ils réclament ou changent leurs enfants d'école.

Le peu de $ qui nous est distribué pour faire des projets spéciaux comme celui de PMT ou d'autres, nous devons nous battre pour qu'il soit là encore l'année suivante.

Il y a une grande différence entre la réussite du spectacle et la réussite des enfants, je vous l'accorde. Mais si on veut que d'autre enfants puissent mieux réussir à travers un tel projet, le show ce doit d'être bon. Sinon... Byebye $$. Les bonzes préfèrent les shows qui les rendent visibles aux yeux des médias et non risibles... Ce n'est pas pour rien qu'il y a une telle couverture médiatique de ce projet. En 10 ans, c'est plus de 30 000 personnes qui ont vues le spectacle. Pensez-vous qu'un spectacle de deux portes qui grincent et trois textes oubliés aurait attiré autant de monde????

Mais si l'enfant est présent à l'école pour ne pas manquer les répétitions, il a de grandes chances de faire des apprentissages qui lui serviront et ça c'est une réussite.

Martin

Anonyme a dit…

Cher Prof,
J'ai lu à ma copine votre solution pour régler son cas de conscience à dire ou ne pas dire à deux élèves qui veulent chanter qu'ils devraient s'abstenir. Elle a bien ri et m'a dit que votre façon de voir les choses était très intéressante et que votre façon de dire "FACILE" laissait paraître que vous côtoyer des enfants qui ont le FACILE facile.

Je vous souhaite une belle semaine de pause. Prenez le temps de souffler. Et merci pour votre blog.