21 août 2007

Quand revient septembre...

Ce qui est bien avec la musique, surtout écrite, c’est que nous sommes en général assez à l’abri du n’importe quoi. C’est vrai! Si mon comptable se lève demain matin et décide d’écrire une symphonie autobiographique, il risque tout au plus de gaspiller un peu d’encre et d’avoir fait abattre un arbre centenaire pour rien. Ses élucubrations sonores risquent peu d’atteindre nos oreilles et c’est sûrement pour le mieux. Nous sommes donc passablement protégés des aspirants compositeurs de tout acabit. On ne peut tout simplement pas remplir des portées pour ensuite déclarer allégrement : «Voici un concerto, bordel!». Ça fait au moins une vingtaine d’années que ça ne se fait plus.


Malheureusement, il n’en est pas de tel pour la poésie. N’importe quel primate supérieur s’étant approprié les rudiments de l’écriture peut coucher ses états d’âme sur papier et ensuite tenter de nous les faire subir.

Vous vous croyez en sécurité? Vous ne lisez pas ce genre de truc?

Personne n’est à l’abri.


Personne.




Comme vous le savez peut-être, c’est une tradition pour les directions d’écoles d’écrire aux enseignants afin de les sortir de leur torpeur estivale et leur rappeler que toute bonne chose a une fin. Un prof que je connais, mais dont je tairai l’identité m’a fait parvenir ceci. Voici donc le poème qui accompagnait la lettre que la direction lui a fait parvenir.



***


Quand revient septembre...

Douceur du soleil qui se fane
pour ensevelir des ors dans l’éternité d’une feuille.

Traînée d’oiseaux sur l’autoroute des départs dans le champ heureux du ciel.

Musique des bruits d’école des jeux de billes
et de ballon enchâssés entre livres et leçons.

Le temps sait-il qu’il recommence à neuf dans les yeux d’un enfant?

Entre son rêve et le mien je dessine les mains tendues de la complicité.

J’ouvre la fenêtre des jours au plaisir encore jeune d’apprendre ensemble.

Le coeur me tremble en peu comme une fête où le passé et
l’avenir se donne rendez-vous.

Quand revient septembre le soleil se met au chaud dans ma classe et règne sur toutes
nos découvertes.

***

Succulent, n'est ce pas? J’ai gardé la mise en page et la quasi-absence de ponctuation pour faire "plus vrai"...

En passant, rassurez-vous; ce n’est pas la direction de l’école qui a écrit ce «poème». Je ne vous dirai pas qui en est l’auteur, mais par contre, si vous avez aimé le style, je vous invite à lire «Le jour des vidanges» de Zhom. Il y a quatre choses et demie qui me font rire en ce bas monde et son blogue en est une des deux (ben quoi? Moi aussi j'ai le droit!).

Personnellement, je pense que c’est sûrement une blague ou bien à la limite, l'oeuvre d'un génie de l’absurde. Par contre, ma blonde m'a déconseillé d'aborder le sujet si je venais à rencontrer l'auteur en question.

Pfff... Mais qu'est-ce qu'elle connaît à l'art?





...

12 commentaires:

Prof Malgré Tout a dit…

C'est immanquable. Je me bidonne à chaque fois que je le relis!

unautreprof a dit…

oh! Ouain. Bon. Ouais. Euh...

Prof Malgré Tout a dit…

Unautreprof : Serait-ce ton école?

La Marsouine a dit…

OMG! Vive la peur du jugement extérieur, ça nous évite de nous commettre de cette façon. Car de cela aussi personne n'est à l'abri. Une suite de petits mots, écrits un soir de pleine lune ou la tête étourdie par un coucher de soleil. Le secret? Se relire le lendemain matin, sur la toilette. C'est le meilleur endroit pour se remettre les idées à la bonne place et se rendre compte que la petite chose mièvre et ô combien naïve qui nous paraissait si géniale la veille mérite le même sort que le souper de la même veille.

Hortensia a dit…

Hahaha! J'espère que c'était imprimé sur un fond de coucher de soleil, rien de moins.

Pour poursuivre votre comparaison, ce type de "poème" est à la poésie ce que la musique d'ascenseur est à la musique, je dirais.

Mais il ne doivent pas s'ennuyer dans cette école avec une direction aussi lyrique; ça donne vraiment le goût de retourner au travail! :-)

Anonyme a dit…

Ça fait combien de temps qu'on ne joue plus aux billes???

Le professeur masqué a dit…

Pourquoi les directions d'école se sentent obligées de nous asoommer avec un petit poème à chque rentrée?

zviane a dit…

ââââh... come on!!! Celui qui a écrit ça était peut-être fier, et si vous voulez mon avis, j'aime mieux que des gens écrivent des trucs un peu quétaine et maladroit que de voir personne qui écrit quoi que ce soit! Ça veut juste dire qu'il y a encore un peu de gens en santé, capables de rêver...

Si à chaque fois que j'écris deux mots je pense aux personnes qui vont trouver ça laitte, ben ma foi, j'écrirai plus!!...

Prof Malgré Tout a dit…

Zviane : Je comprends ton point de vue et je le partage. Vive la création pour tous. Par contre, ce "poème" est tiré d'un livre sur la gestion de classe qui est publié et vendu grâce en autre à une propagande des prof en enseignement à l'université. Je pense qu'à partir du moment où on est publié, il faut être prêt à faire face à la critique.On parle ici d'un ouvrage qui vise des universitaires.

Je suis snob? J'assume.

Alors, cette fugue en sol# mineur... elle se termine quand l'exposition?

Anonyme a dit…

Console-toi, Prof Malgré Tout,

Dans le métro, c'est sous la petite harpe qu'on trouve des choses ridicules et assourdissantes.

Zed :)

Prof Malgré Tout a dit…

Zed : Comment oses-tu? J'ai joué dans le métro pendant mes études... quelques fois. Toujours j'étais et serai ridicule... mais assourdissant, jamais!

N'importe quoi... juste envie de te répondre.

Anonyme a dit…

PMT,

;-)

Il y avait quelqu'un, métro Georges Vanier, qui jouait pas mal bien Chopin.

:) Zed