20 juin 2011

Moi, inquiet? Pfff...

J’ai eu une fin d’année plutôt chargée, mais disons que ça fait partie de la tâche :

2 et 3 juin : Prégénérales. Hyper exigeant d'un point de vue cognitif. Je n’ai jamais vu la mise en scène et il n’y a ni décor, ni accessoires... Pourtant, il faut rentrer la musique aux bons endroits, mais surtout en rajouter où il y a des trous. On ajuste le tout en soirée à la maison et avec les élèves pendant le diner et les pauses.

5 juin : Un dimanche. Montage. On prend les instruments, les costumes, les décors, etc., et direction salle de spectacle. On installe le tout. Ça fait une dizaine d’années que je fais ça et ce fut la fois la plus relaxe.

6 et 7 juin : Générales. On voit si ce qu’on a placé en prégénérales tient la route. Assez exigeant aussi. On ajuste le tout en soirée à la maison et avec les élèves pendant le diner et les pauses.

8 et 9 juin : On récolte. On est en spectacle, trois représentations par jour : 10h, 13h15 et 19h30. Environ 4500 ou 5000 spectateurs. Peut-être un peu moins... On essaie de faire dans la qualité plus que dans la quantité. Oui, oui. Y a même des gens bien qui viennent nous voir.

10 juin : Congé, mais je dois aller à la job pour faire pratiquer des classes pour ce qui suit et terminer mes bulletins. Congé?

13 juin : C’est un lundi et j’enseigne. Une journée normale.

14 juin. Trois groupes en avant-midi. Sur l’heure du dîner, j’suis allé chercher les instruments à l’endroit où on répétait. Pas de quai d’embarquement (fermé pour travaux), pas de chariot avec un fond pour transporter l’équipement : 6 claviers, 4 supports de clavier, un kit de batterie assez basic, un gros moniteur (pas une personne... un haut-parleur), deux caisses de lait pleines de gogosses et un sac à dos plein de câbles. C’est étonnant tout ce qui entre dans une vieille Elantra GT! J’n’ai même pas eu à enlever les deux sièges pour enfant...

Toujours le 14 juin : En PM, répétition, puis présentation du gala devant les classes. Je ne participe qu’à trois numéros, mais mes élèves de 5e qui font une version semi-reggae, semi-Orff de Eight days a week torchent vraiment.

Encore le 14 juin : En soirée, gala. J’vous ai dit que mes 5e année sont super bons?

15 juin : J’anime une course de boîte à savon tout l’avant-midi. Je me trouve très drôle au micro, au plus grand désarroi du public, d'ailleurs. En PM, la routine: je suis un simple prof.

16 juin : Congé. Mon contrat du projet est terminé. Je le ferme quand ce projet? Ah oui! Pendant mon diner, le 14. Où avais-je la tête?

17 juin : Remplaçant en art dramatique. Mais que diable allais-je faire dans cette galère? Sans blague, j’adore ça, mais j’ai un chat qui se nomme Scapin. Il fallait que je la plogue.

18 juin : Samedi. J’vous ai dit que la belle-mère est débarquée la veille? Je m’évade dans les travaux sur le terrain et les escapades sportives avec Fiston.

19 juin : Dimanche. Mon premier rôle dans un court métrage de fiction. Petit rôle, mais avec des réalisateurs extraordinaires. J’y joue le chef d’un orchestre de jeune.  Pour ceux qui connaissent le jargon de UDA, c’est un troisième rôle, alors on se calme. Expérience tout de même fascinante. Un journée avec des adolescentes violonistes. Des anges super sympas. À des années lumières de ce que je vis avec ma clientèle. J’en reparlerai un jour. Au moins, la belle-mère était partie quand j’suis revenu à la maison.

En passant, pour ceux qui trouvent qu’on répète sans arrêt dans une classe, allez faire un tour sur un plateau de tournage.

20 juin : J’ai un bouton sur le nez.



C’est le fric. Je sais, il ne faut pas stresser pour ça, mais quand même...

Y a la directrice d’une des écoles du projet qui se charge des budgets et qui n’est pas pressée de me payer. Ils me doivent encore entre autres des journées en septembre 2010... Nous avons une entente claire et ma directrice est au courant et lorsque je me questionnais, elle savait me réconforter :

«Ne t’inquiète pas. J’étais là, avec toi, dans le bureau. Tu vas être payé.»

Je m'inquiète quand même (j'suis rebelle!) et elle me confirme que nous avons bien la même entente. Je lâche donc prise et on recommence le tout un mois plus tard parce que je n'ai pas reçu un rond des montants de l'entente.

Je réécris alors à la directrice concernée et j'ai même parfois une réponse!

Sauf que lorsque j’ai une réponse (c’est environ à tout les cinq courriels que j’envoie), on demeure très évasif et on parle de me payer deux jours en septembre et une journée et demi en juin.

Bordel... Ils me doivent autour de 3000 balles. Ça veut dire deux jours en septembre et tous les putain de vendredis PM depuis septembre. Eh oui, la vieille Elantra GT qui traine encore dans le stationnement les vendredis soirs une heure après la sortie des élèves, c’est la mienne.

Désolé pour cette tranche de vie, mais en enseignement, on ne devrait pas avoir à harceler nos supérieurs pour être payé. C’est souvent le lot des spécialistes et des profs qui sortent des sentiers battus. Alors, avant de chialer que le prof de votre marmaille ne fait pas assez de projet, demandez-vous donc c’est quand la dernière fois que vous avez fait du bénévolat à votre travail ou tout simplement avez été obligé de quêter votre paye ou de faire des menaces pour l’obtenir.

En passant, il se fait certainement mieux que ce que je vis en gestion des ressources humaines.

Donc...

20 juin : Ils me doivent 3000 balles et il ne faut pas que je m’inquiète.

... et j’ai un bouton sur le nez.


... mais faut pas que je m’inquiète.


... il va partir.



D’accord. J’ai confiance en l’humanité... Mais est-ce que je vais être payé?

Pour vous remercier de votre patience, voici un extrait d’un spectacle qu’on a monté il y a cinq ou six ans. On faisait l’adaptation de La clémence de Titus de Mozart. L’action se déroule dans une école et la directrice, madame DuBonSupplice est impitoyable.




Excusez la qualité de l’enregistrement et du mixte. C’était il y a quelques années et je suis un work in progress sur deux pattes.




Épilogue


23 juin : Affichage de poste pour les profs de musique sur la liste prioritaire.




...

6 commentaires:

Prof Malgré Tout a dit…

Chœur :

Elle est méchante, elle est intolérante
Et les élèves, toujours elle épouvante
Mais sous le regard du ministère
Elle est douce comme une grand-mère

D’la tête aux pieds, elle est vêtue de brun
Elle empeste… le parfum
Mais si jamais elle vous prend à parler
Dites adieu à votre liberté

Madame DuBonSupplice :

Je suis madame DuBonSupplice
C’est moi la meilleure des directrices
Ici, vous êtes dans mon école
Alors je vous donne ma parole :
Que si vous me désobéissez
Vous allez tous être renvoyés
Voilà ce que j’appelle la justice
Je suis madame DuBonSupplice.

Chœur :

Elle terrorise son entourage
Elle ne peut pas contrôler sa rage
Comme un volcan en ébullition
Comme être jeté dans la fosse au lion
Et si jamais vous croisez son chemin
Surtout ne faites pas les petits malins
Car si vous entrevoyez son sourire
L’heure sera venue de vous de souffrir

Madame DuBonSupplice :

Je suis madame DuBonSupplice
Et ces deux-là, ce sont mes complices
Ceux qui m’écoutent sans réfléchir
Ceux qui accompliront tous mes désirs
Car ceux qui ne marcheront pas droit
Devront bientôt s’incliner devant moi
Voilà ce que j’appelle la justice
Je suis madame DuBonSupplice

Chœur :

Préparez-vous, aiguisez vos crayons
Préparez-vous à être en détention
Faites attention à ce que vous ferez
Faites attention car vous êtes surveillés
Écoutez-nous, ce n’sont pas des menaces
Écoutez-nous, son cœur est vraiment de glace
Dans cette école elle répand la terreur
Dans cette école, elle se prend pour l’empereur

Pimpette a dit…

Héhéhé... elle a apprécié, la directrice?


(ça m'arrive plein de fois de pas être payé pour de l'extra - tenez, ne suis-je pas justement en train d'attendre un chèque devant payer mes vacances d'été et facturé depuis... janvier.)

Et chialer contre un prof, ça se fait seulement si c'est un tarla (le tarla mérite le chialage, qu'il soit prof, pompier, gestionnaire ou bedon acrobate).

Tenez, puisque vous méritez salaire, on donne quoi aux profs (des normaux, là, pas des extraordinaires comme vous) et genss du service de garde en fin d'année à part mon pot de confiture maison?

Prof Malgré Tout a dit…

Bonne idée le pot de confiture. Personnellement, un parent m'écrirait un p'tit merci sur un bout de papier avec un p'tit mot significatif et ça me touche.

Faut dire que personne n'est débarqué encore avec un Macallan 18 ans.

Pimpette a dit…

... Si un jour mes filles ont un prof aussi chouette que vous, je penserai sûrement au Macallan... et en boirai un verre avec lui!

Pots de confiture et bégonia fleuri mis en sac pour chacune des concernées... avec un ptit mot, il va sans dire.

Anonyme a dit…

Excellent le petit extrait, beau boulot. A mon avis, la réputation du Macallan est un peu surfaite. Tâtez plutôt du Lagavulin, vous y trouverez plus de corps et de profondeur.

Prof Malgré Tout a dit…

Profquifesse : Trop tourbe pour moi le Lagavulin... Mais oui, le Macallan 12 ans est une référence, mais effectivement un peu arbitraire.

Par contre, le 18 ans...