C’est quand même rigolo un blogue. Au début, c’est qui se passait en classe ou tout simplement dans ma tête qui se retrouvait sur le blogue. J’imagine que c’est la façon de faire habituelle...
Aujourd’hui, c’est le phénomène contraire qui s’est produit avec mes élèves de quatrième année.
Une élève : Ma petite soeur est en première année.
PMT : Oui? Je l’ai sûrement rencontrée. C’est quoi son nom?
L’élève : Ophélie.
Vous devinez la suite... Normalement, je n’ai pas les chants d’Ophélie sur mon disque dur portable, mais comme c’était sur le blogue, pourquoi pas? Je ne croyais vraiment pas que je raconterais un jour Hamlet à une classe de quatrième. Ils ont dévoré. Après tout, c’est un prince qui se fait faire une vacherie par un oncle méchant et y a un fantôme et une amoureuse qui est triste. C’est d’ailleurs surtout d’elle dont on a parlé et du thème de la folie.
Puis ils ont écouté le début de chaque lied et on a parlé d'Ainsi parla Zarathoustra, puis de Shakespeare, de Roméo et Juliette et des personnages qui meurent dans la vraie version, mais qui vivent heureux avec des mioches plein les bras dans la version pour enfants.
Et eux, ils écoutent, ils ressentent... C’est contagieux. Depuis qu’ils sont petits, on peut s’envoyer des mouvements de symphonie au complet ou des airs d’opéra. Mais quand vient le temps de chanter Lean on Me, ça sonne comme I Love Rock N’ Roll de Joan Jet.
L'an passé, on avait écouté le premier mouvement de la cinquième symphonie de Beethoven au complet. Je leur avais expliqué que ce n'était que la première partie. Après l'audition, ils m'ont naîvement demandé : "c'est quoi le reste? ça sonne comment?".
J'suis même capable de distinguer les jumelles identiques. 0% d'erreur depuis la rentrée!
Désolé pour les autres, c'est eux ma gang.
En passant, méchant billet tèteux. J'le referai plus.
...
17 commentaires:
Tu sais qu'après lecture de ton billet "Ophélie" tu m'as incité à lire Hamlet? Non mais hey! C'est un exploit ça là!
Notes que ma fille s'appelle Ophélie ;-)
Comme la fille de tu sais qui. C'est un très jolie nom.
Bon asteure qu'on est intime va accepter ma demande Facebook :-D
C'est super qu'il y est déjà de l'attachement... la curiosité des enfants c'est tellement beau :)
Wow, PMT!
Tu as des gènes de pédagogue excatement ce qu'il faut pour ce milieu, avec ton humour et tout. Bravo!!!
Zed ¦)
Y'en a plein des petites Ophélie, il me semble ces temps-ci.
Autant d'occasions de raconter Hamlet!
Magnifique moment d'échange... Je me trompe où c'est là l'incarnation la plus parfaite de ce qu'est la pédagogie?
J'suis pas certain pour la pédagogie... C'n'est pas tellement mon truc, anyway. J'suis plus genre à faire de la musique avec les enfants. Quand je lis le programme, ça n'a pas toujours l'air d'aller bien ensemble.Mais comme j'suis une nouille en pédagogie, j'n'y comprends sûrement rien.
J'suis payé pour donner un cours de musique et j'leur casse les pied avec Shakespeare.
Ça me laisse toujours un peu perplexe...
Justement, c'est un peu ce que je voulais dire. Pédagogie, selon mon Petit Robert (et mon chum qui fait du grec ancien), ça veut dire "conduire, savoir éduquer les enfants".
Je pense que cette leçon improvisée sur Hamlet est de la pure pédagogie, bien plus que ce qui se trouve dans les manuels de pédagogie.
Et ce dont je suis quasi-certaine, c'est que ces mômes s'en souviendront très, très longtemps d'Hamlet et qu,ils se souviendront même dans quel cadre ils en ont entendu parler.
La fille de tu sais qui? Depuis quand Voldemort à une fille?
Mooki
Il est question ici d'un être beaucoup plus abject que Voldemort.
Ouais... La rétention d'information, ce n'est pas la force de nos élèves, même si je les aime bien.
En passant, c'est juste un blogue et je charrie sûrement un peu sans vraiment m'en rendre compte.
J'parle jamais des bouts longs et plates de mon enseignement.
PMT, plus abject, hein...
PMT, t'es un prof sauté. T'es un pédagogue dans l'âme, que tu le veuilles ou pas. Tant pis pour ta réputation.
:D
Il y avait une cinquantaine d'Ophélie qui naissaient au Québec en 2003, 2004, 2005. Elles approchent la centaine en 2008.
http://www.rrq.gouv.qc.ca/Interactif/PR2I121_Prenoms/PR2I121_Prenoms/PR2SPrenoms_02.aspx
2003: 49, 2004: 49, 2005: 48, 2006: 76, 2007: 81, 2008: 91
Il y a chez les professeurs et les parents aussi et chez la plupart des gens qui s'occupent des enfants, une gêne, un trouble, une immense hésitation à leur parler de culture. Comme si on présumait que ça ne les intéresserait pas, comme si un matériel enfantin et édulcoré fait sur mesure pour les jeunes cerveaux était préférable à l'histoire universelle, à la musique qui a bouleversé les époques, aux textes dont la beauté émerveille depuis toujours. Et pourtant, quand on ose, comme vous l'avez fait, on découvre souvent que l'enfant est enchanté de découvrir le monde à travers des yeux avertis, des mots crus, des histoires vraies, ressenties et intemporelles. L'accès à la culture, la vraie, voilà la meilleure façon de combattre le décrochage scolaire.
@Une femme libre: Parfaitement d'accord, je me faisais exactement cette réflexion en consultant les programmes "jeunesses" offerts par les différents orchestres montréalais: la musique est toujours édulcorée, présentée par un magicien ou jouxtée avec de la musique populaire (genre Mahler et John Williams)... Pourquoi? Qui a décidé un jour que le dixieland, par ex., était plus agréable à l'oreille d'un gamin qu'un concerto de Bach?
Bordel... j,ai complètement oublié! Il faut que je rappelle la dame des Jeunesses Musicales!
Était-ce si limpide? Rien contre ce qu'ils font, mais ils pourraient AUSSI proposer autre chose...
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