Parfois, que ce soit en littérature, en théâtre ou même en musique, le titre est plus connu que l’oeuvre. Je pense seulement à L’écume des jours de Boris Vian ou même au célébrissime Les trois mousquetaires de Dumas. On entend toujours le même commentaire : «je dois l’avoir lu...». Pour le Dumas, je peux comprendre. Le cinéma a tellement abusé de la chose même si aucun film à ma connaissance ne met en scène les valets des mousquetaires. Pourtant... Faut l’avoir lu, hein?
Par contre, pour L’écume des jours, tu l’as lu ou tu ne l’as pas lu ou tu es un gros cave. Tu ne peux pas penser l’avoir lu, à moins d’appartenir à la troisième catégorie : celle des gros caves.
Au fait, je serais même tenté de dire : tu l'as lu, ou tu es un gros cave ou tu es un gros cave, mais ça ne serait pas gentil.
En théâtre, deux exemples : Phèdre de Racine et En attendant Godot de Samuel Beckett. Personnellement, je ne les ai pas vus, mais je les ai lus. Le premier, c’n’est pas vraiment mon truc (même s’il faut l’admettre : ça sonne!), mais le Beckett, je veux le voir avant de mourir (une bonne version, s’il vous plaît).
Même histoire. Y a plein de gens qui pensent que Phèdre, c’est un type et que Godot, c’est un réalisateur franco-suisse... Héhé... Phèdre et son gode...
Bon, on se calme.
En musique, ça arrive pas mal aussi. La symphonie inachevée de Schubert, la symphonie héroïque de Beethoven, la pathétique de TchaÏkovsky ou même la fantastique de Berlioz. Dans le fond, les symphonies qui ont un nom finissent par être plus connues parce que y a toujours un petit malin qui va nommer son dernier roman ou son film d’après ladite symphonie. Mais nous, on ne sait pas plus comment ça sonne?
Il en va de même pour les 12 études d’exécution transcendante de Franz Liszt. Ça se place bien dans une soirée mondaine : «blablabla ... les 12 études d’exécution transcendante de Liszt et blablablabla...» ou encore « y avait un p’tit gars de 11 ans cet été à Orford qui jouait les 12 études d’exécution transcendante de Liszt».
Non, mais sérieusement, on n’en a rien à cirer de tout ça... Même si j'aime bien quand les gens disent "transcendantale". Que voulez-vous, je suis chiant et méchant. Le peu de culture que j'ai, je l'étends et je le savoure.
Voici donc, pour vous chers amis, le portrait de Liszt que je préfère et sa toune qui a le nom le plus con. C'est la douzième de ces foutues études d’exécution machin et c'est intitulé Chasse neige.
Chasse neige.
Ben quoi... Chasse neige. Pourquoi pas? J’vous avoue que je ne connais pas la démarche de Liszt, mais on prétend que Debussy, pour ses préludes, composait d’abord et donnait ensuite le titre selon ses impressions.
Héhé... J’imagine Franz devant son piano après une fougueuse improvisation : «Ouain... Faut se rendre à l’évidence, ça sonnait comme un chasse-neige. Pas le choix...»
La gratte a passé.
Chasse neige, Franz Liszt (c’est Claudio Arrau qui joue)
Le portrait
Quel nez sexy!!!
...
13 commentaires:
Tout le long de l'écoute je m'attendais à entendre le *BIP*BIP*BIP*BIP* d'une charrue qui recule.. (Pas Michèle Richard là, le camion tsé)
J'ai été agréablement surpris! Il a combien de mains pour jouer du piano de la sorte le mec?
L'écume des jours... J'ai essayé de le lire. Trois fois. J'ai vraiment essayé, j'ai persévéré, trois fois je me suis dit :" allez! je vais y arriver!"... ben non. J'embarque pas. Au bout de 50 pages (mon record! la 2eme fois!), je referme le livre, plus capable.
Suis-je un gros cave qui s'ignore? Il y a des auteurs que j'aimerais aimer, mais ça marche pas de même. C'est pareil pour Alexandre Jardin (comme c'est plate!).
Pourtant, j'aime beaucoup les chansons de Vian...
Et quel beau portrait! et quel nez! lol
Sexy, serait-ce un pied de nez, ?
N'ayant pas (encore) une culture musicale aussi large que je le souhaiterais, merci de m'avoir fait découvrir Liszt.
Tant qu'à Vian, j'ai lu «L'écume des jours» il y a près d'un an. Par contre, je ne suis pas sure d'avoir aimé. Je me questionne encore...
Bonne chance à Digresse!
Dans le fond, l'important c'est de ne pas aimer Alexandre Jardin.
Ah Liszt... je me demande quelle sorte de voix pouvait bien sortir de cette bouche. Ah... mais quelle époque !
Cette époque... Georges Sand doit être la femme qui a couché avec le plus de mec du 19e figurant dans le dictionnaire.
Mecs..
Et Vian, dans les dents!
J'ai lu L'écume des jours il y a très longtemps...il faudrait que je relise pour voir si 10-12 ans plus tard je vois cette histoire tordue autrement.
Pour ce qui est du chasse neige, j'entends du vent, des tourbillons qui souffle en bourrasques. C'est une tempête de neige au fond.
Ça commence doucement... puis ça monte, doucement, par vague, de plus en plus fortes. C'est sournois, inégal, imprévisible. Ça se stabilise...c'est presque calme, comme une fausse alerte. Puis ça commence vraiment, ça tourne, doucement puis de plus en plus souvent, de plus en plus vite. Et bang! C'est la folie, ça monte, ça descend... Puis il vente, tout simplement, ça souffle d'un coté puis de l'autre.
Un dernier sursaut et la neige reprend sa chute silencieuse, comme par une douce nuit d'hiver. Comme si la folie des dernières minutes n'avait jamais été.
Réussir à faire des cercles avec des notes...ok j'y connais pas grand chose, ya peut-être rien là...mais je suis impressionnée pareil.
Merci pour ce voyage sonore PMT.
AVa
Trrrrrrès sexy le nez et le portrait, impecc, ces gris riches.
... et à mon avis, George Sand avait un faible pour les nez forts:
http://www.foreverswedish.org/chopin6.jpg
L'écume des jours, on embarque tout de suite ou pas. Mais si pas, c'est pas pour toujours (c'est comme les endives, le goût peut se développer plus tard). À 14 ans, j'ai jeté le livre au loin, tout ce qui ne se "pouvait pas" m'exaspérait, les mots inventés itou.
Dans la vingtaine, un soir tranquille à la biblio où je travaillais, je l'ai pris par désoeuvrement, je l'ai fini dans la même soirée en pleurant des vraies larmes.
Les 3 mousquetaires, ça vaut la peine? Je pensais attaquer la lecture pour ma grande, justement...
J'ai adoré les 3 mousquetaires, lu 2 fois je crois, au moins.
AVa
J'ai la chance d'avoir une prof de piano qui me fait découvrir les compositeurs autrement que par les greatests hits, parce que finalement, on finit toujours par les entendre ces pièces ultra-connues dont finalement on ne connaît que le titre...
J'ai découvert Franz Liszt il y a quelques mois seulement, en apprenant à jouer la pièce "Les cloches de Genève" de sa 1ère année de pélerinage. Si vous ne connaissez pas déjà, je vous la conseille, ça sonne vraiment bien! En tous cas, à jouer, c'est "transcendant"! (j'ai bien un autre mot plus réaliste, mais j'essaie de rester polie :P )
En passant, je découvre votre blog, et j'aime beaucoup ce que vous écrivez. Je ne suis pas prof, mais seulement pianiste amatrice, et je regrette que la musique ne soit pas enseignée comme vous le faîtes par chez moi, les cours de musique sont si creux ici (oui, je suis une maudite française...).
Bonne continuation! :)
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