17 novembre 2011

Rencontre de parents

LUI : Bonjour.

MOI : Bonjour.

Poignée de main

ELLE : Bonjour.

Poignée de main.

MOI : Vous êtes les parents de...?

LUI : Rodrigo.

MOI : Ah oui. En deuxième année.

ELLE : C’est ça.

MOI : Vous avez des questions?

LUI : Il a eu 75%.

MOI : Oui.

LUI : Et heu...

MOI : Vous aimeriez savoir comment on fait pour avoir plus?

LUI : Oui.

MOI : Avant de commencer, croyez-vous qu’il comprend bien tout ce qu’on lui dit en français?

ELLE : Oui.

MOI : D’accord. C’est que parfois, il semble ailleurs. En passant, vous avez eu le mot dans l’agenda?

ELLE : Le coup de poing sur l’oeil?

MOI : Coup de poing sur l’oeil? Non, ce n’est pas arrivé ici. C’était à propos de la morsure.

LUI : Morsure?

MOI : Oui, votre fils a mordu un autre enfant durant un cours.

EUX : ...

MOI : C’était dans son agenda. Mais rassurez-vous, il ne l’a pas blessé. Je pense qu’il voulait seulement exprimer quelque chose... peut-être de l’engouement. Je ne suis pas certain. C’est assez rare qu’un enfant en morde un autre en musique, alors j’ai du mal à expliquer le phénomène.

Faut bien les déstabiliser un peu pour préparer le terrain pour le punch final.

Moi : Mais tout ça n’a rien à voir avec les résultats. En fait, votre fils est en deuxième année et j’ai certaines exigences sur la production des sons et bla bla bla...

Je vous évite les détails.

ELLE : Ça m’étonne qu’il ne réussisse pas mieux. Son père est musicien.

MOI : Ah! Vous êtes musicien! De quel instrument jouez-vous?

LUI : Du piano.

MOI : Classique, jazz, pop?

LUI : Un peu de tout.

MOI : Et votre fils, vous faites de la musique avec lui?

LUI : Non, ça ne l’intéresse pas.

MOI : Vous savez, j’ai un fils en première année. Il préfère le sport et l’ordinateur.

Voilà! J’ai droit à un sourire.

LUI : Ah! C’est comme nous. L’ordinateur...

MOI : Mais pour jouer à l’ordinateur, il doit faire au moins 15 minutes de piano...

LUI : Oh...

Fin du sourire.

MOI : Mais vous savez quoi?

EUX : ?

MOI : Il a eu la même note que le vôtre en musique.

LUI : Vraiment?

J’aurais aimé prendre sa photo à ce moment. Une sorte de triomphe perplexe... fascinant.

MOI : Oui. Je n’ai pas rencontré le prof, mais j’imagine qu’il ne l’a pas bien évalué. Mais ce n’est pas très grave. Mon fils n’a pas besoin de connaitre sa note en musique et l’important, c’est qu’il continue à aimer l’ordinateur. Comme ça, il va continuer à travailler le piano...

Étrangement, ils sont sortis de mon local, plutôt satisfaits.

MOI : Muhahaha! ***tonnerre, éclair et accord de septième diminuée (à l’orgue, si possible)***











Je tiens à remercier Dieu ou tout autre être responsable de la venue de ce charmant couple à la rencontre des parents.

Sérieusement, j'adore rencontrer les parents des élèves, répondre à leurs questions et leur montrer ce que je fais en classe. Dommage qu'on doive évaluer. Ça gâche tout.




...

12 commentaires:

Gen la vilaine a dit…

Je n'ai jamais compris cette envie de perfection que l'on projette sur nos enfants. Ça leur fout une pression pas possible et ça apporte souvent l'effet inverse...

Mon fils n'aime pas le français alors que moi, c'est avec ça que je gagne ma vie et c'est ben ok! Il a eu 94 en math... Je suis nulle avec les chiffres et non, c'est sûrement pas moi qui a participer à sa note héhéhéhé

Mais j'aurais bien aimé voir la face des parents quand vous avez mentionné avoir un fils qui avait eu le même résultat que le leur :P

Prof Malgré Tout a dit…

Ouais... Y a de la bonne pression et de la mauvaise pression. On dirait parfois que les parents ne prennent pas de chance : tout ou rien. Je suis perplexe. Qu'est-ce qui me dérange le plus? Un jeune qui croule sous la pression ou un autre qui se complait dans sa médiocrité et que ses parents adulent.

J'imagine que les dégâts à moyen termes sont moins sévère chez le médiocre. Ah l'équilibre... pas facile à atteindre.

Y a aussi la bière pression...

Le professeur masqué a dit…

Ma fille étudie en finances et adore les maths... Pouah que je déteste! L'important est qu'elle fasse quelque chose, qu'elle aime ce qu'elle fait et qu'elle l'aime assez pour se motiver elle-même.

Prof Malgré Tout a dit…

J'adorais les maths. Il n'en fallu de peu pour que j'en fasse mon champ d'étude. Mais y a plus de math dans la musique que de musique dans les maths.

Pimpette a dit…

oooh j'aime votre billet. Influencée par vous (vous êtes mon gourou, c'est clair), j'ai tenu un discours à MlleAinée sur le peu d'importance de sa note en éducation physique (bonne ou mauvaise, peu importe), ne lui assurant rien pentoute de réussite plus tard. Je l'ai un peu décoiffée, ça tombe bien, elle est d'un straight affligeant par bout.

Prof Malgré Tout a dit…

On fait des enfants straight, hein?

Missmath a dit…

Dans toutes les mathématiques, il y a une trame sonore qui tisse la théorie pour nous projeter dans son abstraction et de la poésie dans l'écriture des démonstrations. Comment pourrait-on s'émouvoir devant tant de beauté s'il n'y avait pas ce mariage parfait de trois arts ? C'est d'ailleurs cette musique qui distingue les vraies mathématiques de l'information ou de la comptabilité, des domaines tout à fait silencieux.

Missmath a dit…

*** informatique, pas information !!!

L'informatique et la comptabilité sont les enfants sourds et muets des mathématiques.

Prof Malgré Tout a dit…

C'est tellement sexy un comptable...

Pimpette a dit…

Ben voilà, je ferai de l'aînée une comptable sexy ou une prof de musique straight !

DESScente a dit…

Si seulement il y avait des rencontres de parents au cégep...

Simon a dit…

A prof malgré tout si t'aurais vu certaines fille que je connais étudiante en comptabilité(moi je suis en finance) mouahahaha, mais enfin bon.

Souvent les enfants vont dans des domaines assez différent des parents: mon pere en maintenance, ma mere fleuriste qui est plutot artiste (elle faisait de la peinture, lisais beaucoup, artisanat avant) et moi je suis en finance...