25 octobre 2006

On se fait du cinéma

Je lisais les commentaires de mon dernier billet et je me tapais sur les doigts. Oui, certains profs de musique au primaire sont totalement nuls. Ils sont de très mauvais musiciens et n'en ont rien à cirer. Je n'ai aucune pitié pour eux. Je suis écoeuré d'être associé à eux. Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je suis gêné de répondre à cause d'eux. Qu'on allume le bûcher! Au pal! Au pal!

Par contre, il faut faire attention. Dans beaucoup d'écoles, les profs de musique n'ont même pas de local. Ils se promènent de classe en classe avec un chariot où peut tenir le peu d'instruments dont ils disposent. D'autres ont un local, mais pas d'instruments. Ils ont donc le choix : flûte à bec ou rien. Si seulement ils pouvaient fouiller dans les armoires des incompétents ou des écoles où les incompétents sont passés...

Et même si on a un local et des instruments, n'oubliez pas qu'on doit enseigner avec le même équipement à tous les groupes. Feriez-vous des maths avec le même matériel de la maternelle à la sixième année? Et le répertoire, il ne tombe pas du ciel. Je compose ou arrange environ 95% de ce que mes élèves jouent. On s'attend à ça du titulaire? Avec la réforme, oui! Mais bon, c'est quand même du boulot. Alors, avant de crucifier la tête en bas votre prof de musique, posez-vous certaines questions. S'il s'avère vraiment nul, je planterai moi-même les clous en prenant soin de bien ponctuer les incantations de Prof Maudit. Wow! de l'intégration de matière! Musique-Religion. Voilà pour l'incompétent.

Après l'incompétent, l'autre ennemi juré du spécialiste en musique, c'est le cinéma. Oui madame... Le grand mensonge hollywoodien lance un message erroné. Ce que vous voyez et entendez au cinéma n'a rien à voir avec les capacités d'une classe d'élèves du primaire ou du secondaire. Vous avez vu le film Music of the heart (Les violons de l'espoir) avec Meryl Streep? Ce n'est pas parce que c'est réalisé par Wes Craven (oui, oui... le créateur de Freddy, le réalisateur de Nightmare on Helm Street!) que je m'exclame : "BULLSHIT!".

C'est une histoire vraie. C'est possible. Il y a des profs de cette générosité. C'est un magnifique hommage à la profession. MAIS... Y a un truc qui cloche : ça sonne trop bien. Ils engagent des putains de professionnels pour jouer la musique. Même un orchestre de chambre de secondaire 5 en concentration musique ne sonne pas si juste toujours et partout. Come on... C'est des enfants du primaire d'un quartier défavorisé de New York qui se tape du violon... Sérieusement... Pitié...

On peut dire la même chose de Sister Act (Rock'n Noone) avec Woopy Goldberg et Mr. Holland's Opus avec Richard Dreyfuss. C'est bien beau tout ça, mais ce n'est pas comme ça que ça sonne dans la vraie vie.

Le phénomène peut s'étendre à toutes les matières. Mademoiselle C = totale bullshit. La classe la moins performante de la commission scolaire? Ils sont des génies comparativement aux classes de 6e année que j'ai pu voir durant mon humble carrière. Des troubles de comportements? Laissez-moi rire. L'auteure n'a jamais mis les pieds dans une classe TC. On ne pourrait même pas y faire un film classé "Pour tous ". Et les enfants dans cette classe... ils apprennent quoi au juste? Qu'ils sont capables? Que l'école c'est cool? Que le théâtre c'est bien? Que parler à une roche ça passe? Oups... Sérieusement, ils n'apprennent nada. Ça ne tombe pas du ciel les accords de participe passé et les conjugaisons. Bordel que ça m'éverve!

Ça fait que le "bitchage" contre les profs, c'est un art qui s'acquière par la patience et la méthode. Mais comme je suis juste et bon, vous avez quand même le droit de vous pratiquer sur ce blogue.





10 commentaires:

Anonyme a dit…

il m'a toujours fait peur Freddy, là j'ai encore plus peur...

Caroline a dit…

Merci pour cette éclairante sortie contre les films de musique faites par des ti-culs. Me semblait qu'il y avait une pogne.

Caroline a dit…

musique faite, pardon.

Anonyme a dit…

Oui, certains n'ont pas la compétence requise pour enseigner leur matière et il est possible de condamné injustement tout le lot. Comme pour plusieurs choses, la tendance est de ne retenir que les mauvais côtés soit dans ce cas les incompétents. Là où vous avez raison par contre, c'est que le manque de resssource est souvent une triste réalité. Pas seulement en musique. Je me souviens de plusieurs lacunes dans les locaux de sciences à mon école secondaire. Je me souviens aussi de toutes les fois où le prof me disait combien ça le frustrait de ne pas pouvoir nous faire faire plusieurs expériences intéressantes.
En ce qui concerne les films, il importe de se rappeler qu'il s'agit d'une représentation idéalisée d'une situation.

J'appuie totalement zed blog à propos de la passion. C'est si rare! Trop souvent les personnes parlent de leurs études ou leur métier comme elles le feraient pour un achat - plus ou moins bon selon la situation -; le tout considéré comme un objet plutôt qu'une part important de l'individu... Si peu ont cet éclat de lumière particulier dans les yeux!

Maylika a dit…

C'est tellement vrai! T'as le parent papoute (dixit prof maudit) qui s'attend à ce que tu sauves l'âme de son pauvre petit égaré dans le système scolaire... T'as le coach de football qui a trop écouté Coach Carter et qui s'attend à ce que toute l'école se mette au service de ses «petits»... Pendant que je signe leur fiche d'assiduité (je croyais qu'on était au Cegep, bordel!) et que je fais mon heure d'encadrement obligatoire avec eux... J'ai 100 autres étudiants qui ne peuvent pas venir me voir à mon bureau. C'est étonnant de voir que certains intervenants dans nos écoles croient eux-aussi que ce qui se raconte dans les films, c'est vrai!

Prof Malgré Tout a dit…

Malika : J'oubliais effectivement le sport dans les écoles. Un autre domaine où on se fait du cinéma.

Anonyme a dit…

Le français aussi, sauf que là, même le ministre croit au film...

Prof Malgré Tout a dit…

C'est quoi le film pour le français? La quête du feu? ben quoi... j'me base sur le ministre.

unautreprof a dit…

en t.k. moi j'ai beaucoup ri quand j'ai écouté le film dangerous mind avec Michelle Pfeiquequchose (j'sais pas comment l'écrire!), la classe d'élèves super "toughs" qui fondent devant des kit-kat... J'étais dans ce temps dans un milieu de gang de rues au secondaire et même si ça allait pas pire, je me disais,, ouain, dans le film, c'est un peu trop facile/rapide...
Moi je vois ça comme une comédie, la réalité, ben ya plussssss de gris nah? Passion ou pas.

Fée a dit…

Je ne sais pas quand tu as laissé ton commentaire sur mon blog, mais quelle coïcidence! Hihi... mais non, mon chum n'est pas prof... ça fera 2 sans le 3!