Est-ce que sans le savoir, j’étais dans le secret des dieux?
J’ne crois pas... Mais pourtant, le milieu de l’éducation est en émoi : on revient à l’évaluation des connaissances.
Big deal... Mon patron m’en parlait déjà l’an dernier. Je m’en souviens très bien, car il avait peur d’un «retour en arrière». Disons qu’une direction d’école, en plus de ne pas être sur le terrain, ça n’a pas tellement le choix d’être d’accord avec Big Brother. Alors pour lui, la réforme, c'était tout beau tout bon. Sur le terrain par contre...
Dans une classe, tu travailles en fonction des élèves. Dans un bureau, tu travailles en fonction d’une commission scolaire et d’un ministère. Les directeurs et les conseillers pédagogiques travaillent dans des bureaux... tout comme les gens du syndicat.
Déjà été prof? Alors, c’était quoi le problème? Pourquoi vous avez changé de job? Vous vous sacrifiez pour nous? Merci, on vous revaudra ça un ce ces quatre.
Donc, nous allons évaluer les connaissances.
Toutefois ne perdons pas de vu qu’il s’agit aussi d’une game d’orgueil et de politique. Ça sera encore la faute des profs qui n’ont rien compris si ça n’a pas marché et on ne laissera certainement pas tomber l’évaluation des compétences si chère payée. On devra seulement, en plus, évaluer les savoirs essentiels. En échange, on n’évaluera plus les compétences transversales. C'était les titulaires que se tapaient ça.
Au primaire, dans la plupart des matières (toutes sauf le français si je ne me trompe pas), il y a trois compétences. On ajoutera donc une autre note pour les savoirs. On est donc pogné avec le même niaisage, sauf qu’au moins, on va pouvoir donné un message clair aux parents dont l’enfant ne sait rien. Ou presque rien... En tout cas, pas assez. On ne lui dira pas que son enfant n'a pas encore développé une compétence; on va lui dire qu'il ne passe pas.
Mais, il va passer pareil.
Orgueil?
Politique?
La question : y aura-t-il deux notes sur le bulletin? Présentement, les résultats d’évaluations des compétences d’une même matière sont mis ensemble selon un savant calcul. Par exemple, en musique, ça ressemble à ceci :
Inventer : 30%
+
Interpréter : 50 %
+
Apprécier : 20 %
=
La note globale en musique.
J’n’ai pas envie de vérifier les pourcentages exacts. Ils ne sont pas là pour rester de toute façon. Si à une étape, on n’évalue pas une des compétences, le logiciel pour entrer les notes fait le calcul pour garder les proportions. Vous ne saurez donc jamais si le prof de votre enfant a évalué toutes les compétences reliées à une matière. Fascinant, hein? Gnark gnark gnark... Ou peut-être que je me trompe et qu’on peut voir chaque compétence sur le bulletin. Quelqu’un?
On vous balance donc une seule note sur le bulletin de votre enfant. En passant, cette note est une cote transformée en chiffre. Ce n’est donc pas un pourcentage comme ce que réclamaient certains groupes de parents qui ne comprenaient rien à la réforme. Ça serait impossible d’évaluer une compétence en pourcentage. Mais comme les adéquistes (qui étaient l’opposition officielle à l’époque) et autres profanes demandaient des pourcentages, la ministre, en bonne démagogue, leur a donné des chiffres en leur disant qu'ils avaient raison et ils n’y ont vu que du feu. Ça ne m’étonne pas. Quand on demande l’impossible, faut pas s’attendre à grand-chose... Mais encore faut-il savoir que c'est impossible. Ça n'a jamais arrêté l'ADQ. Effectivement, je n’ai aucun semblant de respect pour cette organisation politique, mais revenons à nos moutons (les profs, les élèves et leurs parents... bèèèèè).
Et si on n’évaluait que les connaissances? On ferait la même mautadite affaire. Il y aurait des bons profs, des profs corrects et des mauvais profs. Mais on n’aurait plus à faire des SAÉ (situations d’apprentissage et d’évaluation) complètement bidon seulement pour fermer la gueule des conseillers pédagogique et évaluer des compétences à l’aide d’une multitude de grilles pour noter les manifestations de la compétence chez l’élève.
"Nous sommes désolés, Madame, la prof de votre ti-chéri n’a plus de temps pour du rattrapage."
C’est long à monter des SAÉ.
Ça non plus, on ne le vous dira pas en plein face.
D’accord... Je parle à travers mon chapeau. J’enseigne la musique et la compétence «interpréter», la plus pertinente selon moi, est effectivement une compétence. Alors oui, je l’évalue comme une compétence, car c’est sa nature. Par contre, j’n’ai pas besoin de faire des SAÉ bidon.
On apprend une musique, on la joue. T’es pas capable. T’en arraches. T’es capable. Tu torches! On se part-tu un band?
Ça donne : D, C, B, A!
Des questions? Faut qu’on paye du monde dans des bureaux pour faire ça?
Voici ce que je dis : en musique, deux notes. Pratique et théorique. Dans pratique, il peut bien y avoir un peu de création et d’improvisation et dans théorique, on peut mettre aussi de l’histoire et de l’appréciation. Oui, il y aurait un programme. Surtout pour l’aspect théorique qui ne dépend pas des instruments disponibles et des compétences spécifiques à certains enseignants (musiques ethniques, accompagnement, improvisation, etc.).
Voici un exemple :
T’es un cave, mais tu joues comme un dieu? A en pratique et D en théorie. Bof... tu joues tellement bien, j’vais mettre un C en théorique. C’est comme ça dans la vraie vie, sauf que personne n’ose le dire.
Merci, ça m’a fait du bien d’en parler.
Cheers
Oups... y est un peu tôt.
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