30 janvier 2009

Enfin...

Vous me trouviez agressif ces derniers temps?

Rassurez-vous, c’est terminé... je vais mieux.

Entre Noël et le jour de l’an, la cafetière espresso a fait des siennes et j’ai dû l’amener chez un commerçant compétent pour la faire réparer. Une cafetière suisse avec des pièces italiennes... Un mois plus tard, elle est de retour et j’ai l’impression de retrouver à nouveau ma candeur de jeune fille.

Parlant de jeune fille et de café, vous connaissez la Cantate du Café de Bach? J’vous en balance un extrait.








Mm! how sweet the coffee tastes,
more delicious than a thousand kisses,
mellower than muscatel wine.
Coffee, coffee I must have,
and if someone wishes to give me a treat,
ah, then pour me out some coffee!

C’est Emma Kirkby qui chante.



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29 janvier 2009

Deux mondes, une même compétence

Il y a environ sept ou huit ans, j’avais des petits groupes en quatrième année. Ce que je veux dire par «petit groupe», c’est 16 élèves par classes.

Il y a environ sept ou huit ans, j’avais un grand local. Ce que je veux dire par grand, c’est trois fois mon espace actuel. J’avais un piano dans le local. Comme c’est trop petit maintenant, j’ai un piano dans le local adjacent (qui n’est plus accordé d’ailleurs... ça servirait à quoi?).

Il y a environ sept ou huit ans, j’avais plus de temps pour préparer des cours. Ce que je veux dire par plus de temps, c’est que l’avant-midi typique consistait en deux périodes de 60 minutes au primaire et une période de 30 minutes au préscolaire. Maintenant, c’est trois périodes d’une heure chacune. Ne venez pas chercher vos élèves trop en retard s’il vous plaît...

Il y a environ sept ou huit ans, la réforme, même si j’étais sceptique à certains niveaux, j’étais prêt à l’essayer. Je disais même que je faisais déjà les chose comme ça (tu te souviens, Martin?). Maintenant, je dis «pfff».

Au lieu de faire deux classes de 16 élèves, la commission scolaire (ce n’est même pas la direction qui décide) fait une classe de trente élèves et les deux de trop sont envoyés dans une autre école (c’est vraiment cruel...). En passant, la classe de trente est en dépassement, car il y a des élèves TC (cote 12) intégrés qui en valent deux.

J’vous rappelle que je suis en milieu défavorisé.


Il y a sept ou huit ans, mes élèves de quatrième année se plaçaient en groupe de quatre et composaient de courtes pièces en ostinatos à quatre voix (minimum deux voix mélodiques, le reste pouvait être aux percussions à hauteurs non déterminées. Partie A et partie B, s’il vous plaît). Quand je m’absentais, je laissais comme préparation un truc du genre : «dites aux élèves de créer des trucs quatre par quatre et 15 minutes avant la fin, ils présenteront leur travail.» Les commentaires que me laissaient les suppléants étaient dithyrambiques. La compétence «inventer» était sympa.

Maintenant, mon groupe de quatrième bouffe du suppléant pour déjeuner. Ils ne sont que 28 , car on a eu deux déménagements. Ça donne un peu d’air... Mais sur papier, je crois qu’ils sont 32 ou 33 (les cotes 12). Les troubles d’apprentissage ne sont pas comptés dans ça.

Donc, la compétence «inventer des pièces vocales ou instrumentales », oubliez ça pour l’instant. Si on m’oblige à l’évaluer, je vais balancer un N.E. (non évalué) à tous les élèves. Oh, je sais... Dans le projet, je les fais composer des mélodies. Mais il y a un hic. Je le fais dans l’illégalité. Je laisse des élèves par groupe de quatre ou cinq sans surveillance dans des locaux fermés. J’essaie de faire le tour, mais comme je suis super sollicité...

Voilà où j’en suis. Je considère que je fais quand même ma job, car les enfants n’amènent jamais de crayons et de papier dans le cours de musique. On monte des tounes et on en écoute. C’est ça le cours. Ça s’appelle musique. Écrire des paroles de chansons, c’est connexe, mais ce n’est pas de la musique. Plamondon n’est pas musicien et Goethe de l’était pas non plus (à moins qu'il le fut en cachette, le salaud!).

Un élève qui balance des notes au hasard sur une portée avec un crayon et qui me demande de les jouer ensuite, je n’appelle pas ça composer. J’appelle ça du gros niaisage. Si on fait faire ça à un enfant et qu’on lui dit qu’il vient de composer, on le ramène au rang de débile profond et ça, ce n’est pas très gentil. Et s’ils utilisent des instruments, ce sont les plus doués qui ne veulent pas faire n’importe quoi et qui ont le désir de s’entendre qui sont les plus frustrés. La cause? Les débiles profonds qui piochent à côté.

En passant, il n’y a qu’un compositeur qui aurait pu inventer des pièces vocales ou instrumentales dans ces conditions : Beethoven. J’vous laisse deviner pourquoi.

Mais vous savez quoi? Je cherche toujours des solutions. Et quand j’en trouve, y a toujours quelque chose qui cloche. Par exemple ceci (faut voir les cinq films). Sérieusement, à première vue, on se dit que voilà, c'est possible. Le prof est bon. Les élèves semblent propres et bien nourris. J’en compte... 18! Le local est très grand. Les instruments sont en bon état et ils y a plusieurs ordinateurs. En gros, y a du fric dans l’air et ça sent la banlieue. Voulez-vous un commentaire raciste, c’est gratuit?

C’est tellement banlieue que même les Blacks n’ont pas de rythme. Flame on...

Personnellement, je ne ferais pas ce genre de truc parce que je trouve que les enfants passent trop de temps sans instruments, mais je respecte tout de même énormément le travail de cet enseignant.

Par contre, y a toujours un fonctionnaire qui n’est pas sur le terrain pour nous montrer ça et nous dire bêtement : «la compétence inventer, c’est possible».

J’les emmerde et je leur rappelle que j’enseigne à TOUS les élèves d’un groupe et qu’ils sont une méchante grosse gang.

Une dernière chose : si votre enfant se voit attribuer une note pour la compétence «inventer des pièces vocales ou instrumentales», demander lui ce qu’il a composé et dans quelles conditions. Tenez-moi au courant.

Y a ça aussi, où les enfants jouent encore moins... Mais ils ont des ordinateurs Apple. Mon fantasme! Si vous trouvez que je bitche trop, relisez le titre du billet.

Ciao.







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27 janvier 2009

Bluff

Hier, il faisait drôlement froid. Après le dîner, je me pointe dehors sans manteau pour accueillir une classe de premier cycle. Il fallait pas que ça niaise; on se les gelait pas à peu près...

PMT : OK! La cloche est sonnée! On prend son rang... Come on! Attendez pas que je vous dise Tching Kawong...

Une commère (casual talk): Heille PMT, t’as pas de manteau.

PMT : C’est en silence dans le rang.

La commère (annoying) : T’as pas frette?

PMT (don’t mess with da PMT!) : Si tu parles encore et qu’on reste dehors pour te punir, gages-tu que tu vas avoir frette avant moi?

Commère (please, don’t hurt me, sir) : ...







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26 janvier 2009

Bye bye Harry

On a un petit à l’école qui nous quitte aujourd’hui. Pas juste un autre qui déménage; celui-là, il se pousse en Chine.

Moitié Français, moitié Chinois; son père ne lui parlent qu’en anglais... et c'est sa mère qui est Chinoise. Il ne sera jamais chez lui, peu importe où on le trimballera.

J’vous ai déjà parlé de lui... y a longtemps.

C’est tout de même étrange de voir des petits yeux regarder l’ordinaire pour une dernière fois.

C’est triste.




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25 janvier 2009

Parenthèse parentale

Ce week-end, Blonde Malgré Elle et Fiston ont chopé une gastro de l’apocalypse. Étant une force de la nature (faut pas se fier à la carrosserie), je suis en pleine forme. C’est donc moi qui me lève et change les draps tout en prenant soin de réparer les dégâts collatéraux. J’vous épargne les détails...

Dans la nuit de vendredi à samedi, j’ai du me lever au moins huit fois pour Fiston et vous savez quoi? J’ai gardé le moral. C’est facile. J’ai une laveuse, une sécheuse et plein de draps de rechange. Encore plus facile; nous sommes deux adultes et il y en a un d’encore fonctionnel.

Dans le quartier où j’enseigne, y a plein de familles monoparentales fauchées. Tu fais quoi quand tu te tapes une gastro de la mort et que tes enfants gerbent partout sur leur passage? Quand les seuls draps de rechange sont souillés, quand t’as pas de laveuse...?

Tu appelles maman.

Les grand-mères types du quartier sont dans la quarantaine et n’habitent pas très loin. C’est un des rares avantages d’être mère à 16 ans.

Moi, j’n’ai pas de maman ou de belle-maman qui peuvent venir garder les enfants. Quand on me refile des billets, j’vais donc à l’opéra avec des copains. Si un jour, je me plains de ma condition, rappelez-moi que j’ai une laveuse et des draps de rechange.





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14 janvier 2009

Charlie and the music factory

Dans la classe d’un collègue (oui, lui), y a un jeune qui vit en famille d’accueil. Juste assez bum pour qu’on l’aime, son intelligence est intuitive, car la culture, c’est rarement inné. Il est charmant.

Appelons-le donc Charlie. Sa mère l’aurait certainement écrit Charly, mais dans certains cas, on aime bien embellir les choses...

Charlie est débarqué à l’école l’an dernier. Ça ne doit pas être facile de se retrouver dans une nouvelle famille d’accueil à 11 ans... Il s’est bien intégré: il s’est laissé influencé par nos bums, a foutu le bordel solide et s’est même fait suspendre après enquête policière. Malgré tout, il s’est taillé une place dans nos coeurs.

Charlie, c’est un des nôtres. Sur l’étage, c’est comme ça.



Charlie : Heille PMT! J’ai un iPod!

PMT : Cool...

Charlie : Tu veux pas savoir où je l’ai trouvé?

PMT : Pas vraiment... T’as quoi comme musique dedans?

Charlie : Juste les affaires qui étaient déjà là quand je l’ai trouvé. Ça ne marche pas quand je le branche chez mes amis.

PMT : Et à la maison, ça fonctionne?

Charlie : J’ai pas d’internet. Tu pourrais me mettre la musique du spectacle dedans?

Quel con je suis! Il n’a surement pas d’ordinateur, ni de disques à lui.

PMT : Viens me voir à la récré, on va regarder ça. De toute façon, c’est notre musique. On peut la copier tant qu’on veut.

Charlie : Huh?

Le concept de droit d’auteur, ce n’est certainement pas inné.

Un peu plus tard à la récréation.

Charlie : Wow! T’en as de la musique dans ton ordi.

PMT : J’suis prof de musique...

Charlie : T’as Crank dat?

PMT : Seulement le remix de Travis machin... La version avec de la grosse guitare électrique.

Charlie : Huh?

PMT : Écoute ça...

On s’en envoie un bout.

Charlie : J’peux l’avoir?

PMT : J’suis pas supposé, mais bon...

Charlie : Et l’affaire de Metallica que tu as jouée quand tu avais ta guitare électrique dans la classe.

PMT : Seek and destroy?

Charlie : Ouais!

PMT : Bon... j’imagine que Metallica va survivre...

Charlie : Et la toune que tu joues à ta fille pour l’endormir... Here comes the song...

PMT (ne pouvant refuser ça à un gars qui n’a pas de père): Here comes de sun... voilà.

Et ainsi de suite.

Sa vie doit tenir dans une boite de chaussure. Il est en famille d’accueil. J’suis sencé lui dire : blablabla, copier des tounes, c’est voler et blablabla...»?

N’empêche qu’effectivement, c’est volé et d’autres jeunes sont venus me demander de la musique et à certain, j’en ai donné... sous le regard inquiet de leur prof. Oui, lui... et il a raison. J’ai donc fait une déclaration dans sa classe et j’ai ressorti mon discours sur les créateurs qui eux aussi ont besoin de bouffer et que si on veut d’autres disques, faut les laisser gagner leur vie, mais que si vous ne pouvez résister à la tentation, au moins voler les artistes qui roulent sur l’or et non les jeunes en début de carrière. Et oui, quand tu télécharges illégalement du Beethoven, tu voles les gens qui ont fait le disque, même si Beethoven est mort. Même les pianistes doivent manger pour vivre.

Et là, on a droit à des commentaires :

Sophisme wannabe : «Oui, mais, tu l’as acheté le disque avant de nous en faire des copies.»

Complice : «On ne le dira pas...»

Naïf : «Moi, je les achète à mon voisin!»

Etc.



Après l’école.

PMT : Merci de m’avoir remis sur le droit chemin.

En Saignant : C’est un terrain glissant. Tu as l’épée de Damoclès au dessus de ta tête.

Quelle culture! Ça doit être mon influence...

PMT : Je sais... Mais bordel, Y a rien dans la vie, Charlie et il tripe tellement sur la musique.

En Saignant : Je le sais... En passant, on a beau leur répéter, ils ne comprennent vraiment pas le message. Cédrick (autre nom fictif) est venu me voir pour me demander ce que j’utilisais pour ma musique sur l’ordinateur.

PMT : iTunes?

En Saignant : C’est ce que j’lui ai dit. Il m’a répondu : « moi, j’utilise LimeWire, c’est gratuit.».

PMT : Bordel...


J’ai quand même décidé de ne plus le faire.






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13 janvier 2009

Mon fils est un Borg...

"Strength is irrelevant. Resistance is futile. We wish to improve ourselves. We will add your biological and technological distinctiveness to our own. Your culture will adapt to service ours." -- The Borg

"We are Borg. You will be assimilated. Resistance is futile." -- The Borg

"Nooooooooon!" -- The Fiston






On dit que les jeunes enfants redemandent toujours la même histoire, car ils veulent se l’approprier avec tout ce que ça implique. Ils veulent l’assimiler. Personnellement, je trouve que ça tient la route comme théorie.

On raconte aussi que c’est la même chose pour la musique et que c’est la raison pour laquelle ils redemandent aussi toujours la même chanson.

Bordel... Tous les matins, Fiston et moi, on se tape les suites pour violoncelle seul ou les sonates et partitas pour violon seul de Bach en bouffant nos céréales. C’est la routine et c’est lui qui le demande: il doit préférer ça à une conversation avec son père...

Ce matin, j’avais l’âme plutôt reggae. J’ai donc tenté ma chance avec un peu de Jason Mraz. Je sers les céréales, comme si de rien n’était.

Fiston : Papa?

Moi : Mm mm?

Fiston : Mais Papa...

Moi : Oui?

Fiston : C’est pas du violon.

Moi : Elles sont bonnes tes céréales?

Fiston : Mais Papa!

Moi : Tu veux du jus?

Fiston : PA-PA!

Moi : Regarde, Pantagruel* vient te voir... Il veut être ton ami.

Fiston (comme s’adressant à un débile profond): Mais Papa, ça s’peut pas. C’est pas du violoncelle.

Moi : Oui, mais c’est de la musique joyeuse...

Fiston : NON! Moi veut violon!

Et là, il se met à niaiser avec sa cuillère et son verre de jus.

Fiston : Nooooon!

Danger. Comment disent-ils? Choose your fights? Resistance is futile? Pas de problème mon homme.

Et là, on se retape une fois de plus, la deuxième partita.

Austère.

Donc, si j’ai bien compris le principe, il va falloir qu’il assimile la chaconne pour qu’on puisse déjeuner en écoutant Bob Marley?

Voici la gigue de la même partita par Christian Tetzlaff.







En passant, mon collègue, le blogueur En Saignant me regarde comme un freak lorsque je refuse de faire entendre un extrait de la chaconne à sa classe dans des conditions indignes de l’oeuvre. Non, mais j’ai l’air d’un profanateur ou quoi? Dites-lui, quelqu’un. Moi, il refuse de m’entendre.



*Pantagruel, c’est un chat qui dévorait tout sur son passage quand je l’ai recueilli. J'hésitais entre "Deep throat" et "Pantagruel"... Dans ses temps libres, il sert de victime à Scapin, l’autre bête.






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12 janvier 2009

Journée maladie

Ce matin, j’ai appelé malade (j'adore les mauvaise traductions de l'anglais et surtout leurs détracteurs).

Dix minutes plus tard, la personne à qui je venais de parler me rappelait pour savoir si j’étais libre pour une suppléance aujourd’hui. Je me demande si c’est moi que j’aurais remplacé.

«OK gang! Aujourd’hui, on fait comme d’habitude, mais allez-y mollo avec moi, car je suis un remplaçant.»

Nous sommes effectivement en pénurie de suppléant et la commission scolaire ne fait rien pour aider. Lorsque qu’un suppléant vous remplace pour une journée, il est payé à la minute. Donc, si un titulaire s’absente la journée avec un cours de gym de 75 minutes avant le dîner, personne ne va accepter de se déplacer au fin fond de nulle part pour environ trois heures de salaire alors qu’il peut en empocher presque le double dans une école près de chez lui. Pfff... On tombe donc en «suppléance d’urgence». Les autres profs vont remplacer le titulaire pendant leurs périodes de spécialiste. Le lundi, j’enseigne cinq heures. Si on ajoute les battements, ça vaut le déplacement.


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Dans un tout autre ordre d’idée, aujourd’hui j’ai demandé à ma blonde : «on va chez IKEA, chérie?».

C’est comme la blonde qui demanderait à son mec : «tu te couches là et te laisses faire, chéri?».


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J’ai des tas de trucs à écrire sur des élèves, sur des musiques, sur le système d’éducation. Y a même des jeunes qui m’ont passé des commentaires loufoques sur mon affiche de John et Yoko.

Pourtant, c’est silencieux ici.


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05 janvier 2009

Petit rappel aux profs en milieux défavorisés

Ça ne vous sert absolument à rien d’afficher en classe des photos de votre progéniture faisant de la planche à neige ou offrant une cacahouette à un perroquet sur une plage de Cuba.

Tant qu’à y être, la tournée de «qui a eu quoi?» pour Noël, on peut aussi s’en passer.

Moi, casseux de party? Pfff... Pour le casser, il faut qu’il y en ait un, party.

Y a rien de plus triste qu’un enfant qui s’invente des vacances et des cadeaux...








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01 janvier 2009

Bonne année gros nez!

Voilà! J'l'ai dit avant les langues sales qui ne savent pas apprécier l'art gaulois (oui, c'est de vous que je parle).



Pfff... J'vous verrais avec un menhir au centre du visage. Ça fait spirituel, mais ça ne passe pas inaperçu.





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